mardi 25 novembre 2008

Le lobby juif, voilà l’ennemi !

Le lobby juif, voilà l’ennemi !

À Alger, Pascal Boniface ne tourne plus autour du pot : enfin un mec qui ose !



Par Elisabeth Lévy


Ce Pascal Boniface est très fort. Certes, on peut ne pas partager ses tropismes. Mais enfin, en quinze ou vingt ans de présence laborieuse dans le débat public, sa seule contribution originale a été de constater qu’il y avait en France plus de musulmans que de juifs et à appeler son parti le PS à en tirer les conséquences qui s’imposaient. Et après tout, à l’exception peut-être d’un certain cynisme, on ne peut pas reprocher grand-chose à ce raisonnement. Pour le reste, Boniface a réussi à être l’un de ces “experts” généralistes dont les médias raffolent en énonçant des banalités bien-pensantes ou des sottises sur toutes sortes de sujets allant de la guerre en Irak aux JO (l’un de ses fonds de commerce favoris). Boniface, c’est le type qu’on a pris l’habitude de voir ou d’entendre à tout bout de champ sans que plus personne ne se souvienne quand il est apparu et pour quelle raison. Il fait partie du décor. Au bout du compte, il n’est que l’un des multiples imposteurs qui pullulent sur les ondes et écrans – et, à vrai dire, plutôt une “roue de secours” qu’un “bon client”. Pas le plus talentueux, il est vrai, ce qui confère un côté vaguement mystérieux à sa trajectoire. Il faudrait un Balzac pour imaginer la somme de combines, calculs, intrigues et autres coups qui l’ont rendu incontournable. Après tout, mettre un pied dans toute porte qui s’entrouvre et ne plus lâcher, c’est un talent.

Il ne faut jamais désespérer de personne. Pour une fois, Boniface a fait preuve d’un courage réel en disant tout haut ce que la majorité des gens n’oseraient même pas penser tout bas. Non seulement, il proclame qu’il y a en France un “lobby juif1” mais, ce qui est plus surprenant de sa part, que celui-ci doit être un modèle pour les Arabes et les musulmans. Lesquels, a-t-il déploré, “ne disposent pas d’un lobby en Occident, capable de corriger l’image erronée de l’Islam, alors que des célébrités médiatiques s’emploient à ternir leur image”. (Pas d’énervement, la liste arrive !) Sans doute aviez-vous noté que “les médias occidentaux en général, et européens en particulier, en répandent une image déformée en alimentant l’amalgame entre l’islam (religion) et les mouvements islamistes (politiques ou terroristes)” ? Boniface vous dit ce qu’on vous cache : “Ces campagnes hostiles à l’islam sont commanditées par des intellectuels et des journalistes connus dans la sphère française, comme Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut et Philippe Val.” Saluons le fait qu’il ne cède pas à une vision étroitement ethnique, puisque Val est pris dans la rafle – sans doute comme crypto-juif. Et puis, il y a les traitres, ces musulmans qui contribuent à cette campagne anti-musulmane, comme Mohammed Sifaoui, qui lui aussi “bénéficie de l’appui des médias”. Le lobby a le bras long.

On notera de surcroît l’audacieuse conception de la vie publique qui affleure dans les propos de Boniface : si on comprend bien, il conseille aux musulmans d’utiliser les mêmes méthodes, ce qui semble signifier dans le contexte qu’ils devraient mener des « campagnes hostiles aux juifs ». Peut-être même pourrait-il être le Val des musulmans et prendre la tête de ce contre-lobby. Voilà en tout cas un esprit libre qui ne se couche pas devant le politiquement correct. D’ailleurs, il a payé le prix fort : “En France, il y a un puissant courant hostile aux Arabes et à l’Islam, et si tu n’en fais pas partie, il fait tout pour te faire taire. Ils ont ainsi tenté de me tuer professionnellement”, a-t-il encore affirmé. Heureusement que nos médias, plus que sourcilleux sur la liberté d’expression, continuent à donner la parole à ce rebelle, dont toutes les citations sont extraites de l’article de Chawki Freïha, publié à Beyrouth sur le site mediarabe.info.

Quelques esprits chagrins trouveront que les propos de Boniface ne sont pas si courageux que ça. Il est vrai qu’il les a prononcés à Alger, dans le cadre du forum “Monde arabe et Choc des civilisations” organisé le 5 novembre par le quotidien arabophone El Khabar dans le cadre du Salon du Livre. Boniface en a profité pour faire la promotion de la traduction arabe de son livre Est-il permis de critiquer Israël ? – un titre qui dénote un certain humour. Poser une question aussi iconoclaste, voilà qui dénote une pensée particulièrement “dérangeante”. D’ailleurs, il dérange, Boniface. La preuve, selon Chawki Freïha, “le livre était officiellement interdit au Salon du livre mais bien présent sur les étalages”. La preuve aussi que, contrairement à la France, l’Algérie est un pays libre. Au moins, là-bas, il n’y a pas de lobby juif.

PS : Je lance un appel solennel à tous les membres actifs ou dormants du lobby : de grâce, épargnez-nous les trémolos et l’indignation. Un imbécile ne fait pas plus une bête immonde qu’une hirondelle le printemps. Inutile d’en faire un martyr. Il n’y a qu’une chose à faire de Pascal Boniface : en rire.

jeudi 13 novembre 2008

Obamania et renoncement de l'opinion européen

Obamania et renoncement de l'opinion européen


Par André Glucksmann, philosophe
11/11/2008 | Mise à jour : 19:26 | Commentaires 30


Crédits photo : Le Figaro
En élisant Obama, les Américains - et le monde tout entier - semblent avoir succombé à une vision postmoderne de l'histoire, qui s'apparente à une démission.


Étonnons-nous. L'intronisation sur la planète de nouveaux dirigeants évidemment nous importe, que ce soit à Moscou ou à Pékin. Toutefois, en ce 4 novembre 2008, nous ne fûmes pas simplement concernés, mais remués, bouleversés, transportés.

L'élection de Barack Hussein Obama n'est pas seulement un événement objectif, c'est un avènement subjectif. Preuve que les États-Unis demeurent, malgré tous leurs détracteurs, capitale de la mondialisation. Entendons : non pas une hyperpuissance, mais un phare. Non pas le centre du monde, mais le pivot d'une communauté de destin qui nous lie pour le meilleur ou pour le pire. Les derniers mois, nous vécûmes bon gré mal gré à l'heure de Manhattan et nous avons frémi comme jamais lors d'une échéance électorale.

Le triomphe d'Obama fut homologué «historique» par ses adversaires - McCain, Bush, Condoleezza Rice - et salué par les mêmes avec les larmes d'une sincère émotion comme la victoire des États-Unis d'Amérique tout entiers. Elle prolonge la lutte contre l'esclavage et le combat pour les droits civiques.

Elle n'incarne pas une victoire communautariste des «Blacks», mais au contraire une transgression universaliste, une émancipation générale, où les Blancs, les grands et les petits, les «Wasp» et les sudistes échappent à leurs angoisses, leurs égoïsmes et leurs préjugés traditionnels, où les Africains-Américains dépassent leur enfermement et l'esprit de revanche, si magnifiquement décrits dans les films de Spike Lee. À son «Do the right thing», la réponse tombe : «Yes, we can !» Le «rêve américain», jamais totalement accompli, est une prise de risque sans cesse recommencée. Il instaure dès l'origine une société d'immigrés, un pays de dépaysés, une communauté de déracinés qui se reconnaissent une patrie dans l'avenir et qui petit à petit construisent une société de complet métissage, où hommes et femmes - noirs, blancs, métis, chocolat, café au lait, anciens et nouveaux venus aux religions multiples et à l'infinité des goûts - se projettent avec d'autant plus de patriotisme, égaux en droits et en devoirs.

Pareille pulvérisation prolongée des tabous, les plus intimes, douloureux et supposés indépassables, parle au monde : s'ils le peuvent, pourquoi pas nous ? Dans un pays qui connût il y a cinq générations l'esclavage, la ségrégation il y a trois décennies et qui vit une inégalité ethnico-sociale flagrante encore de nos jours, un «Noir à la Maison-Blanche» sidère et permet à la terre entière de percevoir une issue. Voilà qui explique notre adhésion lucide. Reste à scruter notre dévotion aveugle.

Étonnons-nous de nous. L'électeur américain s'est offert une «obamania» politique et festive, sagement majoritaire en bonne démocratie, avec un score adulte de 53 %. Le spectateur européen a cultivé, bien avant les résultats, une «obamanie» unanimiste, nord-coréenne et quasi religieuse à 84 %. Le taux d'adulation atteint parfois 93 % ! Comme si le Messie était apparu, non à Washington, mais entre Paris et Rome, Berlin et Bruxelles, comme s'il étendait son aile conciliatrice sur l'ensemble de la planète. Nous, Européens, avons allègrement gommé toutes les aspérités du candidat. Il soutient la peine de mort que nous sommes si fiers d'abolir. Il n'interdit pas la vente libre des armes qui nous paraissaient jusqu'à hier le signe fatidique de la barbarie américaine et de cette mentalité de cow-boy que nous, gens de qualité et de raffinements multiséculaires, vomissons. Wall Street, le temple honni de la spéculation carnassière, l'a choisi et financé, ce qui n'inquiète manifestement plus nos gauches antilibérales. Les yeux fermés, nous sommes satisfaits de tout ignorer des projets concrets qu'il n'a du reste pas dévoilés en matière de crise économique et internationale.

Notre rêve européen adoube un homme providentiel dont on attend tout sans rien exiger d'avance. Nos fantasmes couronnent un nouveau président innocent de nos péchés historiques, un leader blanc comme neige - simplement «bronzé» selon Berlusconi, qui l'intronise en alter ego de Poutine, ce fameux exterminateur de «culs noirs» caucasiens. À l'inverse, McCain, héros rescapé des geôles vietnamiennes, faisait tache ; son corps couturé par les blessures du tragique XXe siècle fut d'office ostracisé par la bien-pensante volonté d'oublier. Les opinions européennes, droite et gauche confondues, s'abandonnent à une vision postmoderne de l'histoire et démissionnent, comme s'il appartenait aux Américains et désormais à Obama seul de régir à notre place la gouvernance planétaire. 84 % ! Nous fêtons une puissance qui nous délivre de nos responsabilités et libère de l'obligation d'agir.

Telle est la composante malsaine de notre joie générale et consensuelle : déléguer à un autre immaculé le soin des malheurs du monde et des défis de l'avenir. Le rêve américain des Américains les engage à poursuivre le dur travail d'émancipation post-raciale et universelle de l'humanité. L'aboulique rêve américain du Vieux Continent s'installe, équivoque gardien de nos sommeils.


http://www.lefigaro.fr/debats/2008/11/15/01005-20081115ARTFIG00021-obamania-et-renoncement-de-l-opinion-europeenne-.php

In France, It’s Vive Le Cinéma of Denial

In France, It’s Vive Le Cinéma of Denial


PARIS — “W.,” Oliver Stone’s biopic about the outgoing American president, has just opened here. So has a French film about Coluche, the country’s most popular postwar comedian, Michel Colucci, who became a kind of anarchic candidate for president in 1981, an opponent of anti-immigrant sentiment, a champion of the poor.

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The French movie hardly bothers with politics, dwelling on Coluche’s love life instead. Cultural gulfs can sometimes reveal themselves in these small details. France, it turns out, remains, even all these years later, not insignificantly caught up in the cinema spawned by the Occupation, offering diversion, self-flattery and escapist fiction about itself.

Serious-minded Americans traditionally love to idealize the French movie industry, but as French cinephiles tend to see it, it’s their own filmmakers, unlike those in the United States, who shy away from tackling head-on tough issues like contemporary French politics, scandals and unrest. Contrarians will note “La Haine” (“The Hate”), a much-talked-about movie anticipating the violence that exploded three years ago in some of France’s poor immigrant suburbs. But “La Haine” was released in the mid-1990s.

Meanwhile, never mind poor box office results, the United States keeps churning out ambitious pictures with big stars or directors, like “In the Valley of Elah,” “Lions for Lambs,” “Rendition,” “Redacted” and “Body of Lies,” questioning American policy in the Middle East or otherwise seizing on the headlines. France hasn’t made a significant movie yet about the 2005 riots.

The country has censored politically charged films, including Jean-Luc Godard’s “Petit Soldat” (made in 1960 but not released until 1963), a rare French picture about the Algerian war of independence. “The Battle of Algiers,” the greatest film about that war, was an Italian-Algerian production, not a French one, directed by an Italian. It was banned for many years after its release in 1966.

The closest thing to a French “Apocalypse Now” or “Platoon” about Algeria is “L’Ennemi Intime,” made last year, close to half a century after the war ended. As for a French version of “W.,” any film skewering a sitting French president “would be nearly impossible to make here,” said Caroline Benjo, echoing what other French filmmakers contend.

They cite a mix of politics, stylistic habits perpetuating the national “brand,” financing and a collective anxiety about postwar French identity. The problem, you might say, goes back to de Gaulle’s selling the country on the idea that it won World War II, along with the culture of denial that that mindset promoted.

Ms. Benjo is a producer of “Entre les Murs” (“Within the Walls,” marketed in English as “The Class”), which won the Palme d’Or at Cannes this year. A drama about schoolchildren from a multiethnic neighborhood of Paris, it has so far done well at the French box office. Like the promiscuously awarded “La Graine et le Mulet” (opening next month in the United States as “The Secret of the Grain”), directed by Abdellatif Kechiche, which is about a community of immigrants in a seaside town in the south of France, “Entre les Murs” is “l’exception culturelle.”

That phrase ordinarily connotes not “exception to the rule” but the exceptional status of culture here. Money for French films comes partly from a percentage of ticket sales for American blockbusters, and from French television networks, which by law must underwrite films.

This means that French movies now at the multiplex, like “Faubourg 36,” a nostalgic music hall story about bygone France, or “Le Crime Est Notre Affaire,” a nostalgic mystery based on an Agatha Christie story, are effectively supported by French revenues from American films like “Blood Diamond,” “Charlie Wilson’s War,” “Syriana” and other news-hungry, Hollywood vehicles of precisely the sort that France doesn’t make.

Public television is government-run, of course, and the country’s most popular network, TF1, happens to be owned by Martin Bouygues, a close associate of the president, Nicolas Sarkozy. “Naturally television executives try to influence content,” Jean-Michel Frodon, the editor of Cahiers du Cinéma, noted the other day.

That said, France likes to boast, for good reason, that with more than 220 films made here a year, the country’s movie industry lags behind only those of India and the United States. Among these 220 movies, a modest number of high-quality documentaries or fictional dramas detailing poverty or immigrant life here are released, but they’re generally “small films made in the shadows,” Mr. Frodon said.

As Antoine de Baecque, a film historian, put it, “French cinema since Nouvelle Vague deals with reality in a certain way.” He was talking the other afternoon about the French New Wave of the late 1950s and ’60s, led by François Truffaut and Mr. Godard. “We like to fracture, distort and romanticize — to see trauma but obliquely, abstractly. In this sense French cinema is the opposite of American cinema. It values style over realism, the small form over the epic.”

Mr. de Baecque chalked this approach up to a French “inferiority complex, a feeling that since World War II, France, despite what we like to tell ourselves, is downgraded from the front rank of history, which creates melancholy, a malaise,” he said. “The romantic comedies, the sentimental affairs, they are fictions that remove us from real life and are precisely the kind of movies that emerged out of the Occupation.”

The most popular film ever made in France was released this year, “Bienvenue Chez Les Ch’tis” (“Welcome to the Land of the Sh’tis”), a harmless comedy about a postal employee from the South forced to work in the North. Largely unnoted by the French, admirably or out of avoidance, was that the two main stars of the movie, imitating regional clichés, both happened to be Frenchmen of North African descent.

On the other hand, newspapers were full of stories the other week about the burning of cars belonging to Luc Besson’s film crew. In Montfermeil, a poor town outside Paris, Mr. Besson has been shooting a big-budget American-style thriller with John Travolta. But it’s not about the riots in that neighborhood in 2005.

For that, French people these days must turn to programs like “La Commune,” a dark television drama that ran this year on Canal Plus. Its inspiration was not French cinema but American cable series like “The Wire” on HBO. “La Commune,” glowingly received by French critics, was canceled when the network decided its audience wasn’t large enough; never mind that other shows on Canal Plus with similar audiences were renewed.

Abdel Raouf Dafri, the show’s writer, an excitable 44-year-old even without the heavily sugared espressos he gulped one recent morning, shook his head in disgust. “The real-life characters in the series were blacks and Arabs, traditional conservative Muslims, leaders after the white policeman in the neighborhood had given up,” he said, “and France doesn’t like to look in the mirror except to see itself as the most beautiful nation. Some people thought the series was too violent, but I said look at American series. The French response to that was, ‘Yes, but it’s the U.S.,’ as if there’s no violence here.”

Mr. Dafri lately wrote the screenplay for “Mesrine,” which just opened to good reviews that noted its Americanness. About a real-life French gangster of the 1960s and ’70s, Jacques Mesrine, who became a kind of populist outlaw, a French Pretty Boy Floyd, the movie has a definite political undercurrent. Mr. Dafri said he looked to Francis Ford Coppola and Martin Scorsese, to Showtime and “Prison Break,” “24” and “The Sopranos.”

“In the United States,” he said, “you know how to make films and television series that are intelligent and political and don’t forget the entertainment factor. In France we just want to be intellectual.” He nearly leaped out of his seat saying that last word.

Emmanuel Daucé, a producer of “La Commune,” who was joining Mr. Dafri for morning coffee, nodded. “We still have an old left that thinks it’s vulgar and politically dubious to make commercial movies,” he said. “We invented the dramatic series, with Zola and Balzac and Hugo, but it’s as if we forgot what we started.”

Back at the offices of Haut et Court, the production company for “Entre les Murs,” Ms. Benjo agreed, while also bemoaning screenwriting, which accounts here for far less of a film’s budget on average than in Hollywood.

“We prefer to euphemize, to think small in our movies,” she said. She returned to the legacy of the New Wave, saying it has been misunderstood. New Wave filmmakers were against long-winded scripts, but not against well-written ones.

“Look at the French films that sell on the international market, and you’ll also see they aren’t always the best ones, but they’re the ones that fit the expectations of French cinema,” her colleague, Carole Scotta, another producer of “Entre les Murs,” added. “We’re prisoners of these expectations.”

“And yes, we just don’t want to see ourselves as we really are,” she said. “It took a long time for politicians here to admit France bore responsibility for the years of collaboration during World War II, and still Sarkozy likes to say we were a nation of resistance. The most successful films in this country reflect our collective projection of France as we wish it to be. We prefer to live in a dream.”

The other evening Parisians mobbed the Pathé multiplex on the Place de Clichy. Many lined up to catch Woody Allen’s “Vicky Cristina Barcelona,” a virtual French romantic comedy made by an American in Spain. When the last ticket for it was sold, the couple next in line just shrugged.

They went instead to “Cliente,” a French comedy about a middle-aged female television anchor who pays for sex with a younger man.

It’s been doing nicely at the box office.


http://www.nytimes.com/2008/11/04/movies/04abroad.html?_r=2&oref=slogin&pagewanted=all