samedi 14 juin 2008

La métaphysique

La métaphysique est une branche de la philosophie qui étudie les principes de la réalité au-delà de toute science particulière. Elle a aussi pour objet d'expliquer la nature ultime de l'être, du monde, de l'univers et de notre interaction avec cet univers.

L'ontologie est une branche importante de la métaphysique ; elle étudie les types de choses qu'il y a dans le monde et quelles relations ces choses entretiennent les unes avec les autres. Le métaphysicien essaye également de clarifier les notions par lesquelles les gens comprennent le monde ; l'existence, l'objet, la propriété (d'une chose), l'existence de Dieu, l'espace, le temps, la causalité, la possibilité.

Avant le développement des sciences modernes, la philosophie de la nature était une branche de la métaphysique ; étude objective de la nature et des principes physiques. Avec l'introduction des démarches empiriques et expérimentales, cette branche a été appelée « science » à partir du XVIIIe siècle, afin de la distinguer des interrogations spéculatives concernant les sujets non physiques.

Sommaire

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Introduction [modifier]

Étymologie [modifier]

Étymologiquement, le mot se compose de φυσικά physiká, la « nature » et son étude, la « physique » ; et d'une préposition grecque μετά metá au sens aussi imprécis puisqu'elle peut signifier : « au milieu, parmi, avec, entre, après ». C'est ce dernier sens qui explique l'apparition du mot.

Depuis le Ier siècle av. J.-C. la collection des écrits d'Aristote (-384, -322) élaborée par Andronicos de Rhodes séparaient les livres phusikè achroasis (Leçons de Physique), sur la nature, et ceux qui venaient après, meta ta phusika, la Métaphysique. La philosophie grecque postérieure n'a pas toujours retenu cette discipline, le stoïcisme divisait ainsi la logique, l'éthique et la physique.

Mais la scolastique médiévale a forgé le terme par l'usage, donnant le sens de « par delà la physique » sous lequel on reconnaît désormais la métaphysique.

L'objet de la métaphysique [modifier]

Il est très délicat de vouloir définir la métaphysique car historiquement ce terme a pu recouvrir des problèmes et questions très variés.

Par métaphysique on entend l'étude des questions fondamentales telle la question concernant l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu, les raisons de l'existence du Mal ou le sens de la vie.

Mais plus spécifiquement par métaphysique on entend aussi l'étude de l'« être en tant qu'être » pour reprendre la célèbre formule d'Aristote c'est-à-dire de l'étude de la (substance)[1]. Cette discipline s'appelle l' ontologie.

Icône de détail Article détaillé : ontologie (philosophie).

Quelques exemples de questions métaphysiques :

  • Qu'est-ce que l'être ?
  • Pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que rien ?
  • Existe-t-il une cause première ?
  • Qu'est-ce que la liberté ?
  • Est-ce que Dieu existe ?
  • Est-ce que l'âme est immortelle ?
  • Quel est le sens de la vie ?
  • Qu'est-ce que la substance ?
  • En quoi consiste la finalité des choses ?
  • Le bonheur est-t-il quelque chose de relatif ?

Tentatives de définition [modifier]

Une des définitions négatives de la métaphysique parmi les plus courantes consiste à dire qu'elle ne s'interesse pas aux objets étudiés par les disciplines empiriques (biologie, physique, chimie, sociologie, sciences politiques etc.). Cela signifie que ni l'experimentation ni l'observation des faits ne sont importantes pour le métaphysicien, contrairement aux pratiques et méthodes des sciences naturelles et des sciences exactes.

Mais au cours du XXe siècle apparaît une nouvelle façon de faire de la métaphysique reposant sur le désir de répondre à ses questions traditionnelles en prenant en compte les acquis de la science actuelle. Le premier représentant de cette conception moderne de la métaphysique est Henri Bergson dans Matière et mémoire

Cette conception de la métaphysique annonce le travail effectué dans le domaine de la philosophie de l'esprit qui a tenté de tisser des liens entre métaphysique, sciences cognitives et neurologie.

Concepts métaphysiques [modifier]

Cette liste présente une série de concepts métaphysiques:

Questions centrales de la métaphysique [modifier]

La plupart des prises de position qui peuvent être adoptées au regard des questions suivantes sont prises en compte par l'un ou l'autre des principaux philosophes.

Il est souvent difficile de cadrer les questions d'une façon non controversée.

L'âme [modifier]

Les deux questions métaphysiques les plus importantes concernant l'âme portent sur la nature de la relation entre l'âme et l'esprit et d'autre part l'immortalité de l'âme.

Le problème du rapport entre le corps et l'esprit [modifier]

Icône de détail Articles détaillés : Philosophie de l'esprit et Problème corps-esprit.

Il y a d'autres types de problèmes très différents en métaphysique. La pomme est un type de chose ; maintenant si Sophie est dans la pièce, et que nous disons que Sophie a un esprit, nous allons sûrement dire que l'esprit de Sophie est un type de chose différent de la pomme (si du moins c'est un type de chose). Elle pourrait dire que son esprit est immatériel, mais la pomme est un objet matériel (bien qu'il y ait beaucoup de désaccord parmi les philosophes sur le statut métaphysique des esprits. De plus, cela semble un peu étrange de dire que l'esprit de Sophie est situé dans un endroit particulier; peut-être pourrait-on dire qu'il est quelque part dans la pièce ; mais la pomme est située de toute évidence dans un endroit particulier, à savoir au milieu de la table. Cela semble clair que les esprits sont fondamentalement différents des corps physiques. Mais si c'est le cas, comment quelque chose de mental, comme une décision de manger, peut-elle provoquer un événement physique, comme croquer la pomme ? Comment les choses sans cerveau ne peuvent-elles pas faire des opérations mentales, comme prendre des décisions ou avoir des sentiments ? Comment l'esprit et le corps sont-ils interconnectés d'un point de vue causal s'il y a deux types de choses totalement différents ? Ceci est appelé le problème corps-esprit, qui constitue aujourd'hui l'objet propre d'une sous-discipline de la philosophie appelée philosophie de l'esprit. Le problème corps-esprit est quelquefois encore considéré comme une partie de la métaphysique ; cependant, peut-être le véritable problème appartenant à cette branche est-il celui de la conscience. Aucune discipline n'a encore été capable d'expliquer complètement ce qu'est la conscience et comment elle fonctionne, bien qu'il semble clair que cela demande une certaine activité du cerveau.

La question de l'immortalité de l'âme [modifier]

Depuis le Phédon de Platon la question de l'immortalité de l'âme est un des objets les plus importants de la métaphysique. Les deux thèses fondamentales qui s'opposent sur cette question sont respectivement les matérialistes (comme Épicure) et les spiritualistes. Preuve de l'immortalité (Platon) de l'âme ce qui est simple (non décomposable) ne peut être saisi que par quelque chose de simple. Or l'idée (au sens de Platon) est simple (par exemple l'idée du triangle est simple; je saisis ce qu'est le triangle en une seule opération de l'esprit). Ce qui est saisi, l'idée, c'est la raison (ce n'est pas l'imagination, ni les sens). La raison est simple car elle ne peut se décomposer; elle est toujours la même. Donc la raison (ou l'âme) est immortelle.

Icône de détail Article détaillé : Vie après la mort.

Dieu [modifier]

Ce problème se pose lors de la recherche des principes ou causes qui sont à l'origine de l'homme, de son existence propre - « je suis, donc il est » pourrait dire l'homme - , mais aussi portant sur la Nature. Ainsi l'on recherche la cause d'un Créateur premier, d'un architecte omnipotent, responsable de tous les êtres sur Terre, mais aussi des essences qui les composent. Cependant certains philosophes nient l'existence de ce dieu, non dans le sens d'une religion mais dans le sens d'une origine d'où découlent la pluralité des êtres, et les causes qui ont suscité leur existence. D'autres, affirment l'existence de Dieu, comme Descartes, qui, dans Les Méditations Métaphysiques, après avoir confirmé son existence, grâce au doute, conclut à l'existence de Dieu. De ce fait, il met en oeuvre une argumentation méthodique (ordre des raisons) où il expose l'idée suivante : un Dieu, qui est créateur de toutes choses, des essences mêmes, des êtres et des étants, dont la connaissance, le savoir, seraient illimités et même inconcevables pour la raison humaine qui est bornée, existe du simple fait qu'il ait originé dans mon esprit, ou raison, l'idée même de sa possible existence. De plus, il existe chez Descartes une hiérarchie des idées, où la cause de quelque chose doit être plus parfaite que ce qu'elle origine. Donc, notre idée de Dieu, encore imparfaite et limitée, montre bien que lui-même est possesseur d'une perfection infinie. D'autre part, la théorie cartésienne des vérités éternelles se base sur le fait que Dieu est créateur d'absolument toutes choses, y compris les vérités de la nature, les causes physiques et matérielles du monde, les essences des êtres animés ou inanimés, l'ordre universel.

La liberté [modifier]

La question de la liberté peut être considérée comme une question métaphysique par excellence dans la mesure où elle concerne le statut de l'homme au sein de la nature. La liberté qualifie en effet la relation de l'homme en tant qu'agent et du monde physique, relation notamment considérée dans son rapport à un déterminisme supposé ou réel. Cette question concerne donc particulièrement l'immanence et la transcendance de la volonté humaine par rapport au monde.

La liberté s'oppose en général (ce n'est donc pas toujours le cas) au déterminisme, au fatalisme et à toute doctrine qui soutient la thèse de la nécessité du devenir. Le concept de liberté divise très schématiquement les philosophes en deux camps : ceux qui en font le fondement de l'action et de la morale humaines (Épicure, Descartes, Kant), et ceux qui nient une quelconque transcendance de la volonté par rapport à des déterminismes tels que la sensibilité (Démocrite, Spinoza, Nietzsche) :

« Il existait deux opinions sur lesquelles se partageaient les anciens philosophes, les uns pensant que tout se produit par le destin, en sorte que ce destin apportait la force de la nécessité (Démocrite, Héraclite, Empédocle, Aristote étaient de cet avis), les autres pour qui les mouvements volontaires de l’âme existaient sans aucune intervention du destin ; Chrysippe, en position d’arbitre officieux, me paraît avoir choisi la position intermédiaire ; mais il se rattache plutôt à ceux qui veulent voir les mouvements de l’âme libérés de la nécessité. » (Cicéron, Du destin, §39).

On dirait aujourd'hui qu'il y a une opposition entre physicalisme et mentalisme, i.e. entre la causalité physique (physicalisme) à laquelle tous les êtres peuvent être réduits et la causalité mentale (mentalisme), qui peut être une théorie matérialiste, tout en reconnaissant une action propre du mental. Dans le premier cas, il s'agit d'expliquer comment on peut naturaliser la volonté, sans reconduire un dualisme métaphysique classique, et comment il est encore possible de parler d'action et de responsabilité, alors que l'on en a supprimé la condition ; dans le second cas, il s'agit plutôt d'expliquer comment une causalité mentale est possible qui évite aussi ce dualisme souvent difficile à rendre intelligible. Un des points les plus intéressants que met ainsi en lumière cette opposition, c'est le caractère souvent difficile à déterminer du concept de liberté.


Espace et temps [modifier]

En ce sens, physique et métaphysique ne sont pas si éloignées l'une de l'autre. D'un côté, la science repose sur une foi, sur des présupposés métaphysiques (ainsi que l'affirme Nietzsche) ; et de l'autre côté, « la science crée de la philosophie » (dixit Gaston Bachelard). Il est intéressant, d'ailleurs, de constater l'impact très direct de la révolution einsteinienne sur la métaphysique, ce dont on trouve un exemple significatif à travers l'œuvre d'Alfred North Whitehead, notamment son « Essai de Cosmologie », Procès et Réalité - ce à quoi on pourrait ajouter qu'il ne s'agit point d'une exception, puisque toutes les révolutions en physique (que ce soient celles initiées par Galilée ou encore Isaac Newton) ont eu des conséquences sur la pensée métaphysique.

Nécessité et possibilité [modifier]

Les métaphysiciens étudient des questions sur ce que le monde aurait pu être. Dans De la pluralité des mondes, David Kellogg Lewis adopta un point de vue appelé réalisme concret modal, selon lequel les choses auraient pu devenir vraies dans d'autres mondes concrets, comme dans le nôtre où les choses sont différentes.

D'autres philosophes, comme Gottfried Leibniz (cf. Essai de théodicée), ont traité de l'idée de mondes possibles aussi. L'idée de nécessité est que tout fait nécessaire est vrai à travers tous les mondes possibles ; c'est-à-dire, que nous ne pouvons pas imaginer qu'il en soit autrement. Un fait possible est un fait qui est vrai dans un monde possible, même s'il ne l'est pas dans le monde actuel. Par exemple, il aurait été possible que certaines catégories de pommes n'aient pas existé. Au contraire, certaines vérités semblent nécessaires, comme les vérités analytiques, e.g. « tous les bacheliers sont célibataires. » L'exemple de la nécessité d'une vérité analytique n'est pas universellement accepté parmi les philosophes. Un point de vue moins controversé pourrait être que l'auto-identité est nécessaire, du fait qu'il semble fondamentalement incohérent d'affirmer que pour tout x, il n'est pas identique à lui-même.

Ces idées sur les mondes possibles peuvent être mise en parallèle avec :

Mises en cause de la métaphysique [modifier]

L'empirisme logique [modifier]

Le Cercle de Vienne s'était fixé pour but de débarrasser la philosophie et la science de la métaphysique, en appliquant à tout énoncé une analyse logique rigoureuse.

Dans cette perspective, tout énoncé doit pouvoir être analysé et renvoyé à quelque chose de réel par exemple en répondant à des questions telles que :

  • de quel énoncé S est-il déductible et quels énoncés sont déductibles de S ?
  • comment S doit-il être vérifié ?

Cette critique logique, développée par Carnap par exemple, dénonce, entre autres, les confusions du vocabulaire heideggérien. Dans cette perspective, la métaphysique est réduite à une poétique du vécu, qui exprime le sentiment que l'on a de l'existence, sans jamais renvoyer à quelque chose de scientifiquement et empiriquement attestable.

Histoire de la métaphysique [modifier]

Icône de détail Article détaillé : Histoire de la métaphysique.

La métaphysique a connu de nombreuses et importantes transformations au cours de son histoire. On décompose en général l'histoire de la métaphysique en quatre périodes :

Métaphysiciens marquants [modifier]

Rappelons que le philosophe grec Parménide est à l'origine de la notion d'Être en tant qu'Être.

Aristote (384 av. J.-C., 322 av. J.-C.) est à l'origine de la notion de substance, et s'est intéressé à la physique, à la métaphysique (en langage actuel), à la logique, à l'éthique, à la politique, au langage.

On trouve ci-dessous une liste par ordre chronologique de métaphysiciens marquants avec leur place ou leur apport en philosophie :

La métaphysique dans les autres civilisations [modifier]

Icône de détail Articles détaillés : Philosophie chinoise et Philosophie indienne.

Mais ce terme d'origine grecque n'est manifestement pas réservé au monde occidental : on peut l'appliquer, avec quelques nuances importantes, à presque toutes les grandes civilisations orientales : le Védanta en Inde, les écrits Taoïstes en Chine sont tout autant « métaphysiques » quoique les modalités d'approche soient différentes de celles du monde gréco-latin et chrétien.

Par exemple, dans la Bhagavad-Gîtâ, le chant XI montre Arjuna contemplant l'omniforme :

« Et comment, ô grand Être, ne s'inclineraient-ils pas devant toi, plus vénérable que Brahmâ lui-même, toi l'ordonnateur primordial ? O Seigneur infini des dieux, toi qui fais de l'univers ta demeure, tu es l'impérissable, l'Être et le Non Être et ce qui est par-delà. »

Dans le Tao-te-king de Lao-tseu

"La voie qui pourrait être une voie
n'est pas la voie éternelle.
Le nom qui pourrait la nommer
n'est pas un nom éternel.
Sans nom, elle est le commencement du ciel et de la terre.
Ayant un nom, elle est la mère de milliers d'êtres."

Le philosophe Nāgārjuna expose dans le Mulamadhyamakakarika la doctrine bouddhiste de la vacuité, qui du point de vue de la philosophie occidentale est un scepticisme ontologique :

« Si l'Être n'est pas, de quoi le non-Être est-il la négation ? »

Citations [modifier]

  • « La nausée métaphysique nous fait hoqueter des pourquoi. » Jean Rostand biologiste (1894-1977).
  • « Un grand défi qui se présente à nous au terme de ce millénaire est de savoir accomplir le passage, aussi nécessaire qu'urgent, du phénomène au fondement. Il n'est pas possible de s'arrêter à la seule expérience ; même quand celle-ci exprime et manifeste l'intériorité de l'homme et sa spiritualité, il faut que la réflexion spéculative atteigne la substance spirituelle et le fondement sur lesquels elle repose. Une pensée philosophique qui refuserait toute ouverture métaphysique serait donc radicalement inadéquate pour remplir une fonction de médiation dans l'intelligence de la Révélation. » Jean-Paul II, encyclique Fides et Ratio du 14 septembre 1998
  • « Subtilité dans la pénurie. — Gardez-vous surtout de vous moquer de la mythologie des Grecs, sous prétexte qu'elle ressemble si peu à votre profonde métaphysique ! Vous devriez admirer un peuple qui, dans ce cas particulier, a imposé un arrêt à sa rigoureuse intelligence et qui a eu longtemps assez de tact pour échapper au danger de la scolastique et de la superstition sophistique. » Nietzsche, Aurore §85
  • « Si la physique s'occupe de dialectiquer la nature/nature, la métaphysique, elle, confronte l'homme/nature »(Simon Chenier)
  • « On nomme métaphysique ce qui surpasse la nature et qui est au-delà de la causalité et du langage » (Errenios)
  • « Dieu n'est pas sujet dans la métaphysique [...] il n'y a qu'une seule science à propos de Dieu comme premier sujet, qui n'est pas la métaphysique » [mais la théologie] (Duns Scot, Reportata parensiensa)
  • « En métaphysique, le philosophe détermine ensemble l'étant commun et le premier étant, qui est séparé de la matière. » (Thomas d'Aquin, In de generatione e corruptione)
  • « La métaphysique a cela de bon qu'elle ne demande pas des études préliminaires bien gênantes : c'est là qu'on peut tout savoir sans rien avoir appris » (Voltaire)
  • « Un philosophe n'est pas philosophe s'il n'est métaphysicien ; et c'est l'intuition de l'être qui fait le métaphysicien » (Maritain)
  • « La métaphysique repose sur une expérience privilègiée qui est celle de l'acte qui me fait être » (Lavelle)
  • « La biologie… (est la science) qui tente d’aller le plus directement au cœur des problèmes qu’il faut avoir résolus avant de pouvoir seulement poser celui de la « nature humaine » en termes autres que métaphysiques. » Jacques Monod (1910-1976) prix Nobel 1965 de médecine (biologie.)
  • « En métaphysique rien n'est sûr, sauf la migraine qui en est le prix ». Schopenhauer, in sur la religion.

Notes et références [modifier]

  1. Livre delta de la Métaphysique d'Aristote

Voir aussi [modifier]

Littérature métaphysique [modifier]

Le roman métaphysique est un style littéraire. Parmi les romans métaphysiques :

Liens internes [modifier]

Bibliographie [modifier]

Théorie de la connaissance

Concept · Connaissance (philosophie) · Conscience · Croyance · Dialectique · Empirisme · Épistémologie · Espace · Imagination · Jugement · Langage · Logique · Mémoire · Métaphysique · Pensée · Phénoménologie · Philosophie du langage · Psychologie cognitive · Raison · Rationalisme · Réalité · Science · Sciences cognitives · Sociologie de la connaissance · Temps · Vérité

What Women Want (Maybe)

LADIES! Behold the splendor of the nude male form: sleek and powerful, a miracle of sculpted sinew, striding confidently across the sand or stretching out before you in ever-uncoiling glory.

On second thought, perhaps you’d prefer not to.

So say scientists at the frontiers of research on the eternal question of what women find erotic, the latest answer to which seems to be: not naked guys, or at least not simply naked guys.

“For heterosexual women,” a researcher, Meredith Chivers, says in a new documentary about bisexuality called “Bi the Way,” which was shown at the NewFest film festival in New York last Friday, “looking at a naked man walking on the beach is about as exciting as looking at landscapes.”

Dr. Chivers, a research fellow at the Center for Addiction and Mental Health at the University of Toronto, says she has data to support this assertion. She recently published results of a study in which she showed people video clips of naked men and women in various sexual and nonsexual situations and measured their genital arousal.

Heterosexual women, Dr. Chivers and her colleagues found, were no more excited by athletic naked men doing yoga or tossing stones into the ocean than they were by the control footage: long pans of the snowcapped Himalayas. When straight women viewed a video of a naked woman doing calisthenics, on the other hand, their blood flow increased significantly.

What really matters to women, Dr. Chivers said, at least in the somewhat artificial setting of watching movies while intimately hooked up to a device called a photoplethysmograph, is not the gender of the actor, but the degree of sensuality. Even more than the naked exercisers, they were aroused by videos of masturbation, and more still by graphic videos of couples making love. Women with women, men with men, men with women: it did not seem to matter much to her female subjects, Dr. Chivers said.

“Women physically don’t seem to differentiate between genders in their sex responses, at least heterosexual women don’t,” she said. “For heterosexual women, gender didn’t matter. They responded to the level of activity.”

Dr. Chivers’s work adds to a growing body of scientific evidence that places female sexuality along a continuum between heterosexuality and homosexuality, rather than as an either-or phenomenon.

“She’s pinpointing what’s kind of obvious, and yet unexplored: that women are so fluid in their sexuality,” one of the directors of “Bi the Way,” Josephine Decker, said at an after-party for the screening at a Russian-themed gay bar in Midtown.

Even in a culture that often cycles through moments of bisexual chic — Britney and Madonna, make way for Lindsay Lohan and Samantha Ronson (photographed smooching in Cannes, France) — and despite survey data showing that young people, in particular, are open to sexual experimentation, bisexuality still tends to be treated as a novelty, a titillating fluke, a phase or even a cover for homosexuality. Dr. Chivers herself was an author of a 2005 study using similar methods that found that men who called themselves bisexual were significantly more aroused by one gender, usually by men.

But women, some researchers say, are fundamentally different. A University of Utah researcher, Lisa M. Diamond, published a study in January in the journal Developmental Psychology that followed the love lives of 79 nonheterosexual women who variously labeled themselves lesbian, bisexual or none-of-the-above. Over 10 years, Dr. Diamond found, the women continued to be attracted to both sexes.

Women’s response to images of coupling extends even to other species, Dr. Chivers found. In a 2004 experiment, and again in the recent study, published in the December 2007 Journal of Personality and Social Psychology, Dr. Chivers and her colleagues found women slightly but significantly aroused by footage of bonobo chimps mating. Men showed no such response.

And when Dr. Chivers asked her subjects to rate their own arousal to the videos they watched, the women, whether gay or straight, tended to give higher ratings to films showing women. “Heterosexual women are responding to women, which is counterintuitive,” Dr. Chivers said. “Why are women so turned on by watching other women?” Straight and gay men, as well as lesbians, were more predictably aroused by images of their preferred sex, Dr. Chivers found.

It is tough to know what to make of this information. Dr. Chivers makes no bold claims for it. “To conclude that women are bisexual on the basis of their sexual responding overlooks the complexity and multidimensionality of female sexuality,” she wrote in her paper. She did allow that the apparent flexibility of women “may be related to greater potential for bisexuality in women than in men.”

The makers of “Bi the Way” draw their own conclusions. “What started as a fad may have become a revolution,” a director, Brittany Blockman, says in a voiceover in the film, which traces the romantic peregrinations of five members of what a commentator calls the Whatever Generation. “But either way, it’s clear that young people are redrawing the map of sexuality.”

That’s a conclusion Dr. Chivers, for one, is not ready to draw. Ms. Blockman, 27, who holds an M.A. in medical anthropology from Harvard, said she got the idea for the film when she channel-surfed across “The O.C.” and saw Mischa Barton’s character kiss another young woman.

“When did two girls making out on mainstream teen shows become acceptable and cool?” she said in an interview. “I felt like I’d missed some kind of cultural shift.”

At the after-party for the screening, at Vlada on West 51st Street, the culture seemed to be shifting in several directions simultaneously. A woman in Ziggy Stardust makeup, wearing a prosthesis cast from a man’s penis, participated in a simulated sex act. A while later, the woman, Amy Ouzoonian, a dancer and performance artist, made out on a couch with a mannish woman in a black suit.

“You go along in life looking for that one person,” said Ms. Ouzoonian, 29. “The genitals shouldn’t really matter that much.”

A party guest, Gillian Baine, a private-school teacher (and avowed heterosexual), said that seemed about right to her.

“Young people are not wanting to pigeonhole themselves, and are doing that in a lot of ways,” said Ms. Baine, 28. “They’re feeling less constrained by norms. Or the norms are changing.”

But norms are tricky things. Ms. Decker, 27, one of the movie’s directors, seemed a little embarrassed by her own limited experience.

“The sad thing is, I desperately need to get with a girl,” she said, adding that a few stolen kisses was all she could count on the female side of her sexual ledger. “I just didn’t want it to be some random woman.”

jeudi 12 juin 2008

Les convoyeurs de la haine

Lettre à Dieudonné parue le 21 février 2005 dans le quotidien Le Monde
par Calixthe Beyala, écrivain


"Oui, il faut parler de la Shoah. Oui, il faut se battre afin que l'histoire de l'esclavage soit connue du grand public. Non, une tragédie n'exclut pas l'autre et il n'existe aucune hiérarchie dans la souffrance. Mais peut-être allez-vous décréter que je suis une mauvaise Noire ?"

Pendant plusieurs mois, j'ai eu l'impression d'assister à la projection en boucle d'un navet. Le scénario me semblait si grotesque que, me disais-je, seul un imbécile pourrait y croire.

Un Noir joue le rôle du méchant sioniste et achève son sketch par un "Heil Israël !" inacceptable.

Des Juifs apeurés crient à l'antisémitisme. Et moi, spectatrice, croyant avoir compris le script, je hurle devant l'écran : "Ne vous inquiétez pas. Ce n'est qu'un bouffon !"

Je reste quelque peu abasourdie lorsque la lumière se fait mais que le Noir oublie d'ôter son costume de scène et continue à interpréter son personnage. Je dois bien me rendre à l'évidence, je me suis trompée. Il ne s'agit nullement d'un gag. Comment expliquer autrement que, plus d'un an après, l'affaire Dieudonné soit encore au coeur des débats ? Comment en sommes-nous arrivés à de telles extrémités ?

Noir sur blanc, on verbalise sur des rancoeurs qui existeraient entre les Noirs et les Juifs. On nous fait comprendre qu'un contentieux vieux de plusieurs siècles opposerait ces peuples.

On dit à nos enfants que les Juifs ne les aiment pas ; qu'ils ont esclavagisé les Africains ; qu'ils les ont spoliés ; qu'ils ont diffusé le sida en Afrique ; qu'il existerait chez les Juifs des lobbies qui empêcheraient la télévision, la presse écrite et la classe politique de prendre en compte la traite négrière et le racisme dont ils sont victimes ; on laisse entendre d'ailleurs que l'Etat israélien aurait organisé avec l'Afrique du Sud, pays de l'apartheid à l'époque, un plan d'extermination des peuples noirs ; on stigmatise les personnalités juives et, comble des abominations, on clame à tout va qu'on s'en fout de la Shoah et qu'il existe d'autres souffrances dont on devrait parler, notamment de l'esclavage. Je veux sortir de ce cauchemar.

Comment un homme digne de ce nom est-il capable de proférer de telles horreurs ? On parle trop de la Shoah, trouvez-vous ? Comment se fait-il que j'ai l'impression du contraire ? Qu'il faudrait sans cesse rappeler aux jeunes générations ce qui a été, afin que cela ne se reproduise plus ? Moi, voyez-vous, je suis obsédée par le visage de ces milliers d'innocents massacrés par les nazis. Et quand j'apprends par ailleurs que des mères juives ont tué leurs enfants avant de se donner la mort, l'image des mamans noires jetant leurs progénitures par-dessus bord pour les empêcher de devenir des esclaves se fige sous mes yeux.

Que de différences dans l'histoire de ces deux peuples, mais que de similitudes dans leurs souffrances. Oui, il faut parler de la Shoah. Oui, il faut se battre afin que l'histoire de l'esclavage soit connue du grand public. Non, une tragédie n'exclut pas l'autre et il n'existe aucune hiérarchie dans la souffrance. Mais peut-être allez-vous décréter que je suis une mauvaise Noire ?

Aucun Noir ne saurait conforter des antisémites dans leurs phantasmes du Juif grand possesseur des richesses et grand confiscateur du bien-être mondial. Un antisémite est forcément un raciste. Noirs et Juifs sont ainsi des alliés naturels, ayant des ennemis communs et l'ont démontré à travers l'histoire.

Des Juifs ont lutté aux côtés de Martin Luther King. Des Juifs ont aidé des Noirs américains à acquérir leurs droits civiques et on ne saurait gommer des faits aussi palpables que la présence de certaines personnalités juives auprès des peuples noirs lorsqu'ils souffraient. On ne saurait effacer des archives ces images émouvantes des GI noirs libérant les Juifs des camps de concentration. On ne saurait ne pas rendre hommage aux hommes venus d'Afrique, des Antilles ou de la Guyane bataillant en Allemagne pour que cesse l'abjection. Beaucoup y ont laissé leur vie.

Ma naïveté m'incline à penser que vous agissez par ignorance, car au moment où commençait le commerce triangulaire, les Juifs étaient persécutés. Isabelle la Catholique venait de les chasser d'Espagne. Aucun Juif n'était présent au procès de Valladolid qui scellera le destin nègre.

Vos propos sont dangereux. Ils insinuent chez les jeunes le sentiment que le Juif est la cause de leur mal-être social. Ils provoquent des replis communautaires et empêchent le dialogue inter-racial qui nécessite le dépassement de sa propre servitude identitaire.

Je me suis battue pour l'égalité et la justice. Je ne saurais accepter que surgisse la haine entre les différentes composantes de la société française.

J'ignore les raisons qui vous animent, quelles sont vos motivations, quels serpents se nichent dans vos esprits. La quête de la célébrité ou l'appât du gain ? Une revanche à prendre ? Je ne saurais croire que vous avez un idéal. Aucun idéal ne saurait tendre à voir la France être déchirée par une rancoeur sourde et une sournoise antipathie.

Vous avez été malin. Vous avez toujours su opposer subtilement à vos contradicteurs la souffrance noire, la persécution des Noirs comme justificatifs à vos dérapages verbaux. La belle blague ! Certains de vos adversaires aveuglés ou traumatisés par vos allégations, ou tout simplement crispés sur leur propre identité, n'ont pas fait dans la dentelle. Ils ont empaqueté tous les Noirs, les ont étiquetés et les ont expédiés au pays des antisémites. Ils ont réussi ainsi à braquer certains d'entre eux, qui ont été obligés de vous soutenir pour sauver leur peau. C'est ainsi qu'on fait d'un peuple paisible des descendants de barbares.

Quant aux médias qui font de vous le porte-parole des Noirs de France, par ignorance ou par recherche de sensationnalisme, ils ont contribué à transformer un épiphénomène en tragédie sociale.

Aujourd'hui, les Noirs se sentent piégés. Les intellectuels embarrassés se grattent la tête, ramassés entre l'écorce et l'arbre. Des couples constitués de Juifs et de Noirs n'osent plus se regarder dans les yeux ; les enfants issus de ce métissage ignorent à quel diable se vouer. Les plus angoissés imaginent un complot contre eux, pauvres négrillons empêtrés dans la gestion du quotidien et leur foultitude de soucis. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive et pourquoi on les qualifie de nouveaux antisémites. Des Africains récemment arrivés en France en sont encore à des interrogations basiques : "C'est quoi un Juif ? C'est quoi l'antisémitisme ?" Parce que, dans leurs sociétés originelles, un Blanc est un Blanc et "tous les Blancs se ressemblent".

D'une certaine façon, vous avez gagné cette honteuse bataille, vous et vos contradicteurs zélés. Mais nous qui pensons que Noirs et Juifs appartiennent à la même humanité souffrante, que judéité et négritude ne sont pas antinomiques, mais deux identités méritant égal respect, gagnerons la paix sociale."


Calixthe Beyala est écrivain. Elle préside le Collectif Egalité, qui combat notamment l'insuffisante représentation à la télévision de la diversité ethnique de la population française.


mardi 3 juin 2008

The Science of Sarcasm (Not That You Care)


There was nothing very interesting in Katherine P. Rankin’s study of sarcasm — at least, nothing worth your important time. All she did was use an M.R.I. to find the place in the brain where the ability to detect sarcasm resides. But then, you probably already knew it was in the right parahippocampal gyrus.

What you may not have realized is that perceiving sarcasm, the smirking put-down that buries its barb by stating the opposite, requires a nifty mental trick that lies at the heart of social relations: figuring out what others are thinking. Those who lose the ability, whether through a head injury or the frontotemporal dementias afflicting the patients in Dr. Rankin’s study, just do not get it when someone says during a hurricane, “Nice weather we’re having.”

“A lot of the social cognition we take for granted and learn through childhood, the ability to appreciate that someone else is being ironic or sarcastic or angry — the so-called theory of mind that allows us to get inside someone else’s head — is characteristically lost very early in the course of frontotemporal dementia,” said Dr. Bradley F. Boeve, a behavioral neurologist at the Mayo Clinic in Rochester, Minn.

“It’s very disturbing for family members, but neurologists haven’t had good tools for measuring it,” he went on. “That’s why I found this study by Kate Rankin and her group so fascinating.”

Dr. Rankin, a neuropsychologist and assistant professor in the Memory and Aging Center at the University of California, San Francisco, used an innovative test developed in 2002, the Awareness of Social Inference Test, or Tasit. It incorporates videotaped examples of exchanges in which a person’s words seem straightforward enough on paper, but are delivered in a sarcastic style so ridiculously obvious to the able-brained that they seem lifted from a sitcom.

“I was testing people’s ability to detect sarcasm based entirely on paralinguistic cues, the manner of expression,” Dr. Rankin said.

In one videotaped exchange, a man walks into the room of a colleague named Ruth to tell her that he cannot take a class of hers that he had previously promised to take. “Don’t be silly, you shouldn’t feel bad about it,” she replies, hitting the kind of high and low registers of a voice usually reserved for talking to toddlers. “I know you’re busy — it probably wasn’t fair to expect you to squeeze it in,” she says, her lips curled in derision.

Although people with mild Alzheimer’s disease perceived the sarcasm as well as anyone, it went over the heads of many of those with semantic dementia, a progressive brain disease in which people forget words and their meanings.

“You would think that because they lose language, they would pay close attention to the paralinguistic elements of the communication,” Dr. Rankin said.

To her surprise, though, the magnetic resonance scans revealed that the part of the brain lost among those who failed to perceive sarcasm was not in the left hemisphere of the brain, which specializes in language and social interactions, but in a part of the right hemisphere previously identified as important only to detecting contextual background changes in visual tests.

“The right parahippocampal gyrus must be involved in detecting more than just visual context — it perceives social context as well,” Dr. Rankin said.

The discovery fits with an increasingly nuanced view of the right hemisphere’s role, said Dr. Anjan Chatterjee, an associate professor in the Center for Cognitive Neuroscience at the University of Pennsylvania.

“The left hemisphere does language in the narrow sense, understanding of individual words and sentences,” Dr. Chatterjee said. “But it’s now thought that the appreciation of humor and language that is not literal, puns and jokes, requires the right hemisphere.”

Dr. Boeve, at the Mayo Clinic, said that beyond the curiosity factor of mapping the cognitive tasks of the brain’s ridges and furrows, the study offered hope that a test like Tasit could help in the diagnosis of frontotemporal dementia.

“These people normally do perfectly well on traditional neuropsychological tests early in the course of their disease,” he said. “The family will say the person has changed dramatically, but even neurologists will often just shrug them off as having a midlife crisis.”

Short of giving such a test, he said, the best way to diagnose such problems is by talking with family members about how the person has changed over time.

After a presentation of her findings at the American Academy of Neurology’s annual meeting in April, Dr. Rankin was asked whether even those with intact brains might have differences in brain areas that explain how well they pick up on sarcasm.

“We all have strengths and weaknesses in our cognitive abilities, including our ability to detect social cues,” she said. “There may be volume-based differences in certain regions that explain variations in all sorts of cognitive abilities.”

So is it possible that Jon Stewart, who wields sarcasm like a machete on “The Daily Show,” has an unusually large right parahippocampal gyrus?

“His is probably just normal,” Dr. Rankin said. “The right parahippocampal gyrus is involved in detecting sarcasm, not being sarcastic.”

But, she quickly added, “I bet Jon Stewart has a huge right frontal lobe; that’s where the sense of humor is detected on M.R.I.”

A spokesman for Mr. Stewart said he would have no comment — not that a big-shot television star like Jon Stewart would care about the size of his neuroanatomy.