Publié le : vendredi 25 avril 2008
L’ancien ambassadeur d’Israël en France était hier l’invité de la PQR à l’occasion des 60 ans de l’Etat d’Israël.
UNE poudrière internationale, un imbroglio inextricable, une insulte aussi à l’intelligence collective des nations : la situation au Proche- Orient est tout cela. Et il faut toute l’expérience d’Elie Barnavi pour y voir sinon clair, du moins, mieux. Invité hier à Paris du Forum de la PQR, l’ancien ambassadeur d’Israël en France (*) a décrypté pour les représentants de la presse quotidienne régionale un contexte géopolitique qui fait la une de l’actualité depuis des décennies. Depuis la création de l’Etat d’Israël, plus précisément, lequel fêtera ses 60 ans le 14 mai prochain. Sans rien cacher de la responsabilité des différentes parties en cause, Elie Barnavi a dit ses espoirs et ses craintes, son scepticisme aussi face au paradoxe de ce conflit : « On sait comment en sortir, on connaît les recettes, il existe un consensus à peu près complet dans les classes politiques et les opinions publiques, tout a été négocié et il continue ». Raison première de cette situation bloquée, la faiblesse des protagonistes. « Pour faire la paix, il faut être fort politiquement afin de pouvoir imposer les sacrifices nécessaires », explique-t-il. « Or tant du côté israélien que du côté palestinien, les pouvoirs politiques en place actuellement sont très faibles. » « Une faute partagée » Difficulté supplémentaire, « aucune nation dans l’histoire n’a jamais négocié avec un adversaire qui voulait la détruire totalement ». Or le Hamas est un mouvement religieux fondé sur l’idée que la Palestine est un patrimoine divin pour le monde musulman. « Il ne peut reconnaître l’existence de l’Etat d’Israël, sous peine de se renier », constate Elie Barnavi. « Le schéma est d’ailleurs le même du côté des partis religieux israéliens pour lesquels Dieu a promis la terre d’Israël à Abraham et à ses descendants... » La victoire du Hamas aux élections palestiniennes de 2006 ? « Une faute partagée. D’une part, les Etats-Unis ont cru naïvement qu’élection signifie démocratie, mais les élections ne sont que la sanction de la démocratie et peuvent porter au pouvoir des partis liberticides. D’autre part, Israël n’a pas fait grandchose pour éviter que le Hamas ne devienne une force politique significative et depuis le déclenchement du processus de paix, le sort des Palestiniens s’est dégradé... » Seul moyen de sortir du conflit, « une intervention massive, déterminée, brutale des Etats-Unis », selon Elie Barnavi qui plaide pour « des pressions lourdes » et appelle de ses voeux aux Etats-Unis un nouveau président « le plus indépendant possible et qui n’aura pas de gages à donner ». La colonisation ? « C’est un obstacle à la paix. Elle est condamnée du bout des lèvres par les Etats-Unis et le gouvernement d’Ehoud Olmert est tellement faible, qu’il n’arrive même pas à supprimer les colonies illégales au regard du droit israélien. Sans parler de celles qui sont illégales au regard du droit international...» La situation économique en Israël : « Elle est bonne et il est regrettable qu’une société aussi inventive et dynamique n’arrive pas à secréter des élites politiques présentables... » Les relations franco-israéliennes : « Hubert Védrine a théorisé leur renouveau, Nicolas Sarkozy leur a donné un ton chaleureux ». L’antisémitisme en France : « La France maurassienne est moribonde. Par contre, il faut avoir le courage de reconnaître pour la combattre par le dialogue et par la loi, la nouvelle judéo-phobie d’une partie de la communauté maghrébine ». Quant à l’enseignement de la Shoah, Elie Barnavi estime qu’il faut « sortir du culte de la mémoire pour faire de la Shoah un chapitre comme un autre de l’histoire moderne afin de la comprendre et d’en tirer des leçons. Le massacre des juifs n’est pas une affaire juive mais une affaire universelle ».
L’ancien ambassadeur d’Israël en France était hier l’invité de la PQR à l’occasion des 60 ans de l’Etat d’Israël.
mercredi 24 septembre 2008
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