samedi 24 mai 2008

Comment Red Bull a fait plier la France

Red Bull était interdit de commercialisation depuis treize ans. Du jour au lendemain, sans modifier d'un iota sa recette, la boisson voit s'ouvrir en grand les portes de nos supermarchés.
Red Bull était interdit de commercialisation depuis treize ans. Du jour au
lendemain, sans modifier d'un iota sa recette, la boisson voit s'ouvrir en grand
les portes de nos supermarchés.
Crédits photo : Fabien COURTITARAT/REA

Malgré les avis négatifs des scientifiques, la boisson controversée sera commercialisée en France.

C'est l'histoire de Red Bull, une boisson interdite de commercialisation depuis treize ans et qui du jour au lendemain, sans modifier d'un iota sa recette, voit s'ouvrir en grand les portes de nos supermarchés. Pourtant, pas moins de quatre avis négatifs de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) avaient fait état d'«éléments inquiétants».

En cause, une des composantes de la boisson, la taurine. La suspicion d'une toxicité rénale et neurologique et d'effets négatifs sur le comportement, transitoires ou permanents, de la taurine contenue dans le Red Bull restait en suspens. Dans le doute, l'Afssa a préféré s'abstenir, concluant que «la boisson combine plusieurs agents susceptibles de générer des troubles neuropsychiques».

C'était sans compter sur la détermination de Dietrich Mateschitz, l'inventeur autrichien de cette boisson. Alors que son breuvage est vendu dans 154 pays, les réserves françaises ont toujours eu le don de l'énerver. Fin 2007, il décide donc de porter l'affaire devant les tribunaux. Il dépose une plainte au tribunal administratif de Paris et demande pas moins de 300 millions d'euros d'indemnités contre l'État français.

Des doutes sur la dangerosité

Un montant suffisamment dissuasif pour que Bercy se saisisse de ce dossier empoisonné. Surtout, la réglementation européenne récente oblige désormais les pays de l'Union à faire la démonstration de la toxicité d'un produit. La charge de la preuve incombe donc aux pouvoirs publics et plus à l'industriel. Or, aux yeux de Bercy, le dernier avis de l'Afssa en date du 12 novembre 2007 est jugé un peu léger. «Les doutes de l'Agence, c'est une chose, mais cela ne suffit pas à démontrer la dangerosité du produit», justifie un haut fonctionnaire de Bercy.

Un premier round de négociations, mené par le cabinet de Christine Lagarde, ministre de l'Économie, en concertation avec le ministère de la Santé, échoue en mars. Le gouvernement français propose une autorisation conditionnelle en attendant l'avis de l'Agence européenne de la sécurité des aliments.

Dans une lettre assassine envoyée à Christine Lagarde, Dietrich Mateschitz lui fait part de son refus d'attendre quelque avis de plus, arguant que 22 pays européens commercialisent son produit et qu'ils n'ont pas attendu l'avis de l'administration sanitaire européenne pour le faire.

De fait, en avril, Red Bull lance en France une boisson allégée, sans taurine, mais bel et bien baptisée Red Bull. Rue de Grenelle, au ministère de la Santé, on s'inquiète. L'entourage de la ministre craint qu'en autorisant un Red Bull allégé le consommateur se rue sur une boisson inoffensive et qu'à l'occasion de la vente du vrai Red Bull, le client ne fasse plus la différence.

Roselyne Bachelot furieuse

Christine Lagarde, qui craint que l'État français se voie dans l'obligation de payer une amende, appelle le patron autrichien. En échange d'une autorisation de commercialisation, la ministre lui demande de retirer ses plaintes et de rajouter les mentions «à consommer avec modération», «déconseillé aux femmes enceintes» et «boisson à la taurine». Autre requête : le retrait d'ici au 15 juillet du «faux» Red Bull. L'accord est signé le 16 mai en Autriche. Mateschitz, qui assurément savoure sa victoire, accepte pour l'occasion de trinquer, un verre de champagne à la main, avec Christine Lagarde.

À Paris, Roselyne Bachelot fulmine. Officiellement, le ministère de la Santé indique avoir été «rassuré» par les avertissements qui accompagneront la commercialisation du produit. En réalité, Roselyne Bachelot ne décolère pas contre cette décision. Elle fait savoir à Matignon qu'il existe un «faisceau d'indices en faveur de l'existence d'un risque», notamment «des suspicions de décès» en Suède et en Irlande et des «cas de neurotoxicités».

De son côté, l'Afssa tente de faire bonne figure. «Nous émettons des avis consultatifs. Il appartient ensuite aux pouvoirs publics de décider. C'est le principe français de la séparation de l'expertise et de la décision», rappelle Pascale Briand, directrice générale.

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Jean-Michel Bader,Thiébault Dromard et Cyril Lachèvre
23/05/2008 | Mise à jour : 07:50

vendredi 23 mai 2008

Israël-Palestine : commençons par Jérusalem

Le 29 novembre 1947 l’assemblée générale des Nations unies votait une résolution mettant fin au mandat britannique en Palestine et enjoignant les protagonistes d’y créer deux Etats, l’un juif, l’autre arabe (c’est-à-dire palestinien). Pour les Juifs de Palestine, ce fut l’euphorie, pour les Arabes la consternation. Dès le lendemain commença une guerre civile qui allait rapidement embraser la région.

Soixante ans, six guerres et deux intifadas plus tard, l’idée selon laquelle la seule solution de l’impossible équation proche-orientale est la création de deux Etats paraît s’être imposée à tous les gens raisonnables et même aux autres. De part et d’autre, même les plus extrémistes savent qu’il leur faudra partager la terre. Et pourtant, la mise en œuvre de ce partage semble presque aussi hors d’atteinte qu’elle l’était en 1948 – quand les Arabes promettaient de jeter tous les Juifs à la mer. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Ehoud Olmert à son retour de la conférence de paix d’Annapolis, dans un entretien accordé à Haaretz à l’occasion du soixantième anniversaire de ce vote historique. Pour le Premier ministre israélien, un Etat bi-national sera bientôt la seule issue possible. En clair, pour le partage, c’est maintenant ou jamais. Et peut-être est-ce déjà trop tard. Peut-être que les Israéliens juifs devront un jour accepter d’être les citoyens minoritaires d’un Etat palestinien.

Il est donc possible qu’Annapolis soit la dernière chance d’un plan de partage redevenu d’actualité au début des années 90 avec les accords d’Oslo. La construction de la “barrière de sécurité” (appelée mur de séparation par les gauches européennes) aurait pu constituer une avancée significative dans ce processus de divorce raisonnable à défaut d’être à l’amiable. D’ailleurs, l’idée avait été lancée par la gauche avant d’être pervertie par la droite. “Les bonnes barrières font de bons voisins”, disait Ehud Barak. Plus tard, Sharon a décidé de la construire, cette clôture de bon voisinage, mais dans le jardin des voisins, ce qui a considérablement amoindri ses effets bénéfiques.

Ehoud Olmert l’a bien compris : déjà extrêmement difficile à mettre en œuvre dans les conditions actuelles, la “solution à deux Etats” (two states solution) sera bientôt impossible à réaliser à cause de la colonisation. Sans même présumer de la volonté des Palestiniens de trouver un compromis avec Israël, il devient évident qu’un grand nombre de colonies sont aujourd’hui une réalité irréversible – un fait accompli. Autour d’un “Très grand Jérusalem”, un tissu dense de villes et villages arabes et israéliens entrelacés, ainsi que deux autres conurbations au nord et au sud de la capitale, rendent peut-être déjà caduque toute solution de partage. Si Israël s’est déjà montré à deux reprises capable de démonter villes et villages (dans le Sinaï au début des années 1980 et à Gaza il y a deux ans), en Cisjordanie, certaines zones ont sans doute déjà dépassé le seuil critique et ne sont plus “démontables”. En conséquence, sauf à imaginer un scénario-catastrophe type indépendance algérienne, il n’est plus vraiment question de tracer une frontière au cordeau. Ce qui signifie qu’il n’y a plus de “solution toute simple” en vue.

Il faut prendre Olmert au sérieux. La logique actuelle des efforts de paix – dont la légitimité repose sur la résolution historique de l’ONU de novembre 1947 – a probablement vécu. Toute solution raisonnable impliquera d’une manière ou d’une autre des enclaves “binationales”, tandis que les droits individuels et collectifs des uns et des autres feront l’objet d’arrangements complexes. Au lieu de tourner en rond autour d’un trésor qui n’existe plus, il faut donc placer ces zones au cœur des négociations. Le meilleur endroit pour commencer, c’est Jérusalem. Il faudra y inventer des structures communes permettant aux deux communautés de satisfaire leurs besoins pratiques et symboliques, autrement dit de répondre à leurs demandes en termes de souveraineté et de propriété. C’est la seule manière de recréer un cycle vertueux. Jérusalem ne doit plus être l’appendice empoisonné d’une négociation condamnée à ne pas aboutir, l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes à tous, Israéliens et Palestiniens. Le seul processus viable, c’est “Jérusalem d’abord”.

Publié le 29 novembre 2007

Gil Mihaely

jeudi 22 mai 2008

As Obama Heads to Florida, Many of Its Jews Have Doubts



BOYNTON BEACH, Fla. — At the Aberdeen Golf and Country Club on Sunday, the fountains were burbling, the man-made lakes were shining, and Shirley Weitz and Ruth Grossman were debating why Jews in this gated neighborhood of airy retirement homes feel so much trepidation about Senator Barack Obama.

“The people here, liberal people, will not vote for Obama because of his attitude towards Israel,” Ms. Weitz, 83, said, lingering over brunch.

“They’re going to vote for McCain,” she said.

Ms. Grossman, 80, agreed with her friend’s conclusion, but not her reasoning.

“They’ll pick on the minister thing, they’ll pick on the wife, but the major issue is color,” she said, quietly fingering a coffee cup. Ms. Grossman said she was thinking of voting for Mr. Obama, who is leading in the delegate count for the nomination, as was Ms. Weitz.

But Ms. Grossman does not tell the neighbors. “I keep my mouth shut,” she said.

On Thursday, Mr. Obama will court Jewish voters with an appearance at a synagogue in Boca Raton, Fla. A longtime Democratic constituency with a consistently high turnout rate, Jews are important to his general election hopes, particularly in New York, which he expects to win; in California and New Jersey, which he must keep out of Republican hands; and, most crucially, here in Florida, where Jews make up around 5 percent of voters.

This is the most haunted state on the electoral college map for Democrats, the one they lost by hundreds of votes and a Supreme Court decision in 2000, and again in 2004.

“The fate of the world for the next four years,” mused Rabbi Ruvi New as his Sunday morning Kabbalah & Coffee class dispersed in East Boca Raton.

“It’s all going to boil down to a few old Jews in Century Village,” he added, referring to a nearby retirement community.

Jews, of course, are just one of the many constituencies Mr. Obama must persuade: Latinos, women, working-class whites and independents are vital as well. Thanks in part to enthusiasm from younger Jews, he won 45 percent of the Jewish vote in the primaries (not counting the disputed ones in Florida and Michigan), a respectable showing against a New York senator, Hillary Rodham Clinton.

But in recent presidential elections, Jews have drifted somewhat to the right. Because Mr. Obama is relatively new on the national stage, his résumé of Senate votes in support of Israel is short, as is his list of high-profile visits to synagogues and delis. So far, his overtures to Jews have been limited; aside from a few speeches and interviews, he has left most of it to surrogates.

American Jews hold two competing views of Mr. Obama, said Rabbi David Saperstein of the Religious Action Center of Reform Judaism in Washington. First, there is Obama the scholar, the social justice advocate, the defender of Israel with a close feel for Jewish concerns garnered through decades of intimate friendships. In this version, Mr. Obama’s race is an asset, Rabbi Saperstein said.

The second version is defined by the controversy over his former pastor, the Rev. Jeremiah A. Wright Jr., worries about Mr. Obama’s past associations and questions about his support for Israel.

“It’s too early to know how they will play out,” Rabbi Saperstein said.

Alan M. Dershowitz, a professor at Harvard Law School, said he had been deluged with questions from Jews about the race, especially about what to think of Mr. Obama. “I have gotten hundreds of e-mails asking me, ‘Who should we vote for?’ ” he said. Mr. Dershowitz, who supports Mrs. Clinton, says he tells voters that Mr. Obama, Mrs. Clinton and Senator John McCain, the presumptive Republican nominee, are all pro-Israel and to reject false personal attacks on Mr. Obama.

Because of a dispute over moving the date of the state’s primary, Mr. Obama and the other Democratic candidates did not campaign in Florida. In his absence, novel and exotic rumors about Mr. Obama have flourished. Among many older Jews, and some younger ones, as well, he has become a conduit for Jewish anxiety about Israel, Iran, anti-Semitism and race.

Mr. Obama is Arab, Jack Stern’s friends told him in Aventura. (He’s not.)

He is a part of Chicago’s large Palestinian community, suspects Mindy Chotiner of Delray. (Wrong again.)

Mr. Wright is the godfather of Mr. Obama’s children, asserted Violet Darling in Boca Raton. (No, he’s not.)

Al Qaeda is backing him, said Helena Lefkowicz of Fort Lauderdale (Incorrect.)

Michelle Obama has proven so hostile and argumentative that the campaign is keeping her silent, said Joyce Rozen of Pompano Beach. (Mrs. Obama campaigns frequently, drawing crowds in her own right.)

Mr. Obama might fill his administration with followers of Louis Farrakhan, worried Sherry Ziegler. (Extremely unlikely, given his denunciation of Mr. Farrakhan.)

South Florida is “the most concentrated area in the country in terms of misinformation” about Mr. Obama, said Representative Robert Wexler, Democrat of Florida, the co-chairman of the Obama campaign in the state. His surrogates can put these fears to rest, Mr. Wexler said, by simply repeating the facts about Mr. Obama — his correct biography, his support for Israel, his positions on other important issues.

But the resistance toward Mr. Obama appears to be rooted in something more than factual misperception; even those with an accurate understanding of Mr. Obama share the hesitations. In dozens of interviews, South Florida Jews questioned his commitment to Israel — even some who knew he earns high marks from the American Israel Public Affairs Committee, which lobbies the United States government on behalf of stronger ties between the U.S. and Israel.

“You watch George Bush for a day, and you know where he stands,” said Rabbi Jonathan Berkun of the Aventura Turnberry Jewish Center.

Many here suspect Mr. Obama of being too cozy with Palestinians, while others accuse him of having Muslim ties, even though they know that his father was born Muslim and became an atheist, and that Mr. Obama embraced Christianity as a young man. In Judaism, religion is a fixed identity across generations.

“His father was a Muslim and you can’t take that out of him,” said Ms. Chotiner, 51, who said she would still vote for Mr. Obama, out of Democratic loyalty. “Do I have very strong reservations? Yes, I do,” she said.

Several interviewees said they had reservations about Mr. Obama’s stated willingness to negotiate with Iran — whose nuclear ambitions and Holocaust-denying president trigger even starker fears among Jews than intifada uprisings and suicide bombings.

American Jews are by no means uniformly opposed to negotiations with Iran, the leaders of several Jewish groups said, but there is no consensus, and everyone fears that the wrong choice could lead to calamity.

Israelis fear Iran “could be the first suicide nation, a nation that would destroy itself to destroy the Jewish nation,” Mr. Dershowitz said.

Some voters even see parallels between Mr. Obama’s foreign policy positions and his choice of pastor — in both cases, a tendency to venture too close to questionable characters.

“The fundamentals of meeting with Iran are the same as the fundamentals of meeting with Rev. Wright,” said Joe Limansky, 69, of Boca Raton.

Other voters called Mr. Obama’s endorsement by the Rev. Jesse Jackson problematic, because Mr. Jackson once called New York “Hymietown” (even though he later apologized) and has made other comments offensive to Jews.

Some of the resistance to Mr. Obama’s candidacy seems just as rooted in anxiety about race as in anxiety about Israel. At brunch in Boynton Beach, Bob Welstein, who said he was in his 80s, said so bluntly. “Am I semi-racist? Yes,” he said.

Decades earlier, on the west side of Chicago, his mother was mugged and beaten by a black assailant, he said. It was “a beautiful Jewish neighborhood” — until black residents moved in, he said.

In speeches to Jewish groups, aides said, Mr. Obama will stress the bonds between the two groups, noting how Jewish civil rights workers were killed alongside a black one in Mississippi in 1964. But the relationship between the two outsider groups whose fortunes took different turns has also been bitter, said Hasia Diner, a professor of history at New York University.

Jews, who have long considered themselves less racially prejudiced than other Americans, have been especially wounded by black anti-Semitism, she said, which may help explain why so many Florida voters were incensed about Mr. Obama’s membership in a church whose magazine gave an award to Mr. Farrakhan.

Jack Stern, 85, sitting alone at an outdoor café in Aventura on Sunday, said he was no racist. When he was liberated from a concentration camp in 1945, black American soldiers were kinder than white ones, handing out food to the emaciated Jews, he said.

Years later, after he opened a bakery in Brooklyn, “I got disgusted, because they killed Jews,” he said, citing neighborhood crimes committed by African-Americans. “I shouldn’t say it, but it is what it is,” said Mr. Stern, who vowed not to vote for Mr. Obama.

As in nearly every other voting group, support for Mr. Obama is divided by age — and Jews in Florida are on average older than Jews in other states. Half of Broward County’s Jews are over 59, and half of those in Palm Beach County are over 70, said Ira Sheskin, a demographer at the University of Miami.

Toting a chaise lounge to Delray Beach on Sunday, Samantha Poznak, 21, said that, like her friends, she would vote for Mr. Obama. As for Jewish leaders, “I never really follow any of those people anyway,” she said from behind dark sunglasses.

“Aunt Claudie will kill you!” hissed her mother, Linda Poznak, 47, who said she would vote for Mr. McCain.

Younger Jews have grown up in diverse settings and are therefore less likely to be troubled by Mr. Obama’s associations than their elders, said Rabbi Ethan Tucker, 32, co-founder of a Jewish learning organization in Manhattan and the stepson of Senator Joseph I. Lieberman of Connecticut. Rabbi Tucker said he had given money to Mr. Obama and would vote for him in the fall. “If association was the litmus test of identity, everyone would be a hopeless mishmash of confusion, or you’d have no friends,“ he said.

Senator Lieberman is expected to spend plenty of time in front of Jewish audiences, in Florida and elsewhere. A Democrat turned independent, an Orthodox Jew and one of Mr. McCain’s closest friends, Mr. Lieberman will promote Mr. McCain’s strong national security résumé and centrist stances.

Until now, Mr. Obama’s efforts to win over Jewish voters have been low-profile. He made a speech to Aipac, the American Israel Public Affairs Committee, shortly after declaring his candidacy, but for months afterward, he concentrated his energies on Iowa and New Hampshire, not exactly hotbeds of Judaic life. Even as the primaries in New York, New Jersey and California approached, Mr. Obama left most of his outreach to intermediaries who met with small groups of community leaders.

Throughout his career, Mr. Obama has enjoyed close ties to Jews, including various employers, law school buddies, wealthy donors on the north side of Chicago who backed his early political career, and the many Jews in the Hyde Park community where he lives. This may account for some of Mr. Obama’s apparent incredulity at the way some Jewish voters view him.

“I’ve been in the foxhole with my Jewish friends, so when I find on the national level my commitment being questioned, it’s curious,” he said recently in an interview with Jeffrey Goldberg on theatlantic.com.

Now the half-Kenyan-by-way-of-Hawaii candidate, who only recently completed a beer-and-bowling tour to impress blue-collar Midwesterners, has committed more fully to showing off his inner Jew. He recently made a surprise speech at the Israeli Embassy in Washington, and, in the interview with Mr. Goldberg, he told stories about a long-lost Jewish summer camp counselor who taught him about Israel and recalled reading Leon Uris and Philip Roth, arguably opposite poles of American-Jewish fiction.

Aides say Mr. Obama will spend as much time in South Florida as possible in the coming months. His aides believe that the negative rumors floating around about him are mere “noise,” as one put it, and have had little impact.

His aides also expressed confidence that when Mr. Obama officially becomes the nominee, the Democratic Party, including its many prominent Jews, will put their full force behind his efforts in Florida.

In anticipation, Mr. Obama has lined up surrogates like State Representative Dan Gelber, the House minority leader, and Mr. Wexler, both of whom are Jewish. Mr. Wexler said he would try to convert voters one mah-jongg table at a time, with town-hall meetings in the card rooms of high-rise condominiums and articles in community newspapers.

“Many of the political leaders in Palm Beach and Broward County were at my son’s bris,” he said.

Mr. Wexler said he had constituents who voted for Al Smith, the first Catholic presidential nominee, in 1928, “and they’ve never voted for a Republican since.”

“They are not going to vote for Senator John McCain,” he added.

Still, Mr. Wexler admits, he has not yet been able to persuade his in-laws to vote for Mr. Obama.

Rencontre avec Albert Memmi

2008-03-20
Par Fériel Berraies Guigny. Albert Memmi « Aujourd’hui, l’hétérophobie devient une extension du rejet biologique, à l’ensemble des traits culturels de chacun » !

Albert Memmi est né en 1920 dans le quartier populaire de la Hara, à Tunis. Issu d'une famille juive de langue maternelle arabe, il a été formé à l’école française, d'abord au lycée Carnot de Tunis, puis à l'Université d'Alger, où il étudiera la philosophie, et enfin à la Sorbonne à Paris.
Memmi se trouvant au carrefour de 3 cultures, a construit son œuvre sur la difficulté de trouver un équilibre entre Orient et Occident. Il a tout au long de sa vie et de sa carrière, été profondément influencé par son « terroir » et ses racines. Cette tunisianité qu’il a gardé au plus profond de son cœur, de son être et de sa mémoire, on la perçoit toujours dans ses écrits : « … Ma Tunisie à moi, est celle d’un écrivain, je la retrouve dans les odeurs, les couleurs… ».

Memmi est qualifié par ses pairs contemporains, de plus grand écrivain tunisien d’expression française (dictionnaire Bordas, des littératures), de figure de proue avec A. Camus, de représentant de la Littérature Maghrébine ( Magazine littéraire, Paris) ou encore par Hédi Bouraoui de « père fondateur de la littérature tunisienne d’expression française. Des hommages qui font de lui un véritable symbole culturel, dont la portée devient universelle, car elle dépasse les frontières.
On ne compte plus les références et les distinctions qu’a récolté cet écrivain, qui s’inscrit parmi les penseurs les plus éclairés de notre époque.
Son premier roman se veut largement autobiographique, La statue de sel, en 1953, sera préfacé par
Albert Camus. Albert Memmi, devient presque une légende avec son œuvre la plus connue, un essai théorique préfacé par Jean-Paul Sartre : Portrait du colonisé précédé du portrait du colonisateur publié en 1957 et qui apparaît, à l'époque, comme un soutien aux mouvements indépendantistes. Cette œuvre montre comment la relation entre colonisateur et colonisé les conditionne l'un et l'autre.
Il est aussi connu pour l'Anthologie des littératures maghrébines publiée en 1965 (tome I) et 1969 (tome II).
« … je suis un humaniste… » se plait il à répéter sans cesse, une vision et une empathie pour l’autre que l’on retrouve inconditionnellement dans sa réflexion.

L’œuvre d’ Albert Memmi a été traduite dans une vingtaine de pays, il a obtenu une dizaine de prix littéraires dont le Grand prix de la Francophonie décerné par l’Académie française et le Grand prix littéraire d u Maghreb. Une soixantaine d’ouvrages lui sont consacrés à travers le monde. On lui doit des concepts nouveaux comme hétéro phobie, ou judéité ; ainsi que des définitions inédites du racisme ou de la décolonisation (adoptées par l’Encyclopedia Universalis). Membre de plusieurs sociétés savantes, il a reçu de nombreuses décorations dont celle d’officier de la légion d’honneur, commandeur du nichan iftikhar et officier de l’ordre de la république tunisienne etc…

Albert Memmi a poursuivit une double carrière, celle de chercheur et d’écrivain.
Professeur Honoraire à l’Université de Paris, où il a occupé une chaire de sociologie de la culture, professeur à l’Université de Washington, membre de conseil à l’Université de Princeton, professeur Honoraire à H.E.C.
Docteur Honoris Causa de l’Université de Néguev, là où il a exercé, il a toujours su gagner l’admiration et l’estime de ses collègues.

Feriel Berraies Guigny a rencontré pour l’Hebdo L’Expression ( Tunisie), Albert Memmi, dans son antre du Marais à Paris, « là où j’aime me retrouver, pour réfléchir et méditer quand je le peux… ».

Une discussion très émouvante s’est nouée, sur tout un parcours et une vision, sa
philosophie de l’humain, des rapports avec l’autre et les maux et contraintes de nos sociétés contemporaines. Pour finir par l’amour pour sa douce Tunisie du souvenir, autant de thématiques qui ont signé l’empreinte la plus profonde de sa création littéraire.



Entretien :


Dans votre roman ‘‘Agar’’, vous évoquez la difficulté de vivre avec l'autre face à sa différence. N’est-ce pas là, selon vous, le mal de la société actuelle ?

Toute mon œuvre repose sur deux mécanismes fondamentaux : celui de la dominance suggestion.

qui signifie le conflit et l’agressivité, d’où ma définition du racisme qui est entrée dans le dictionnaire et qui est également patrimoine de l’Unesco. Et le second mécanisme , qui est celui de la dépendance pourvoyance.

Dans la collectivité ou de façon individuelle, il y a des mécanismes de conflit et de lutte. Dans cette catégorie nous pouvons inclure par exemple, la colonisation, la lutte entre les noirs et les blancs, les rapports entre un couple. Et dans tous ces cas de figure, c’est bien la différence qui fait le conflit.
S’agissant de la relation de dépendance pourvoyance, bien que l’on soit en lutte avec l’autre qui est différent, nous avons en même temps, besoin de lui.
La pourvoyance devient donc la réponse de l’autre, face au besoin du premier. La dépendance est un phénomène merveilleux. Le fond de la dépendance est toujours le même, bien que l’objet puisse changer.
Dans la colonisation, il y a la dominance du colonisateur et les réponses du dominé.
Quant à savoir si ce mal est actuel, je peux vous dire que ce mal existe et depuis fort longtemps. Mais il est vrai qu’aujourd’hui il s’est accentué et que l’on a de plus en plus de mal à cohabiter avec la différence de l’autre.L’instantanéité et la facilité des communications, ont rendu les migrations encore plus considérables. Et c’est ce qui fait le rejet de l’autre.
Ma philosophie repose sur trois axes : l’humanisme, le rationalisme et la laïcité. Dans toute situation, il faut toujours se demander quel est l’intérêt de l’autre ? et surtout, il faut procéder avec raison et non
avec émotion.

L'islamophobie est aujourd’hui une réalité. Elle provoque parfois des réactions aussi néfastes que l’antisémitisme. Ne pensez-vous pas que les deux attitudes (et phénomènes) doivent être combattus ensemble et non séparément ?

L’antisémitisme et l’islamophobie participent de ce même rejet de l’autre. Cela est basé sur un certain nombre de préjugés, de mauvaises interprétations de l’histoire, voire de beaucoup d’injustices et d’agressivité de la part de l’autre.
Ce qu’il faut aussi savoir, c’est qu’il y a des mécanismes communs et des spécificités.
Il faut toujours commencer par chercher les mécanismes communs dans une situation. Cela peut se faire selon une méthode rationnelle avec preuve à l’appui. Ensuite les spécificités on les retrouve par delà les mécanismes communs. Dans chaque catégorie il y a des mécanismes communs et c’est le cas de l’islamophobie et de l’antisémitisme. Dans ces deux catégories, il y a le rejet de l’autre, les préjugés, puis une histoire défaillante. Le monde arabo-musulman n’est pas encore ressorti d’une vision assez rétrograde et dévalorisante de l’autre, c’est un peu ce qui se passe aussi, s’agissant du statut de la femme.

Vous avez développé le concept d’hétérophobie. Comment le situez-vous dans le contexte actuel de choc des civilisations ?

C’est le constat du racisme qui m’a amené à développer ce concept. J’ai beaucoup traité de cette question, notamment dans mon portrait du colonisé, qui d’ailleurs vient de paraître en arabe ce mois ci, aux éditions tunisiennes de Mohamed Attia. Je me suis aperçu que la colonisation s’accompagnait toujours d’un rejet biologique du colonisé. Le colonisé est « un être inférieur.. . ». C’est un mécanisme de dévalorisation afin de justifier une domination. De là, je me suis aperçu qu’il y avait d’autres conditions dans lesquelles pouvaient jouer les mêmes mécanismes. Ce mécanisme est bel et bien ancré dans le concept du choc des civilisations, qui explique que ce sont les prétendues différences culturelles, religieuses, psychologiques qui amènent le manque de dialogue et l’hostilité.
J’ai donc cherché un concept qui puisse englober ces caractéristiques et aussi les dépasser jusqu’à la métaphysique. C’est ainsi, que je suis parvenu à l’hétérophobie. Aujourd’hui, avec toute cette agitation universelle, l’hétérophobie devient une extension du rejet biologique, à l’ensemble des traits culturels de chacun.


N’y a-t-il pas aujourd’hui, face à la montée des fondamentalismes religieux, une nouvelle forme d’intégrisme, celle de la laïcité ? Et comment la combattre ?
Je ne suis pas d’accord. On ne peut comparer le fondamentalisme religieux à la laïcité. Je ne nie pas par contre qu’il puisse y avoir certains excès de la part des laïcs. Tenez je vais vous conter une anecdote, j’habite non loin de l’hôtel de ville, ici même il y a une place où on a accroché des têtes durant la révolution française !
Même pour les Rois, je n’appliquerai pas cette forme de laïcité !
La laïcité pour moi, est uniquement une forme constitutionnelle, ce n’est pas nécessairement une philosophie globale totalitaire qui englobe tous les aspects de l’existence. C’est uniquement une forme de contrat entre des groupes différents qui forment une société globale. Tout cela dans le but de pouvoir coexister ensemble en paix. Pour moi c’est la garantie de la liberté de penser et de culte.
Chose que les fondamentalistes ne vous donnent pas !
Actuellement, il y a une tradition laïque qui est écrasée par les fondamentalistes de tout bord !

Je suis plus proche des penseurs comme Montaigne ou de la philosophie des grecs, que de ma religion. Il y a véritablement une lutte à mener et que nous devons revendiquer. Mais il est vrai, qu’il faudrait davantage de courage de la part de nos intellectuels qui doivent affirmer haut et fort leur laïcité.
Mais je comprends aussi ceux qui essayent de combler un certain vide spirituel dans leur vie, car l’homme a aussi peur du néant qui lui rappelle sa mortalité. La religion devient un substitut à ce vide.

Au lendemain des indépendances, vous avez brossé un portrait du colonisé. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les dé-colonisés ?

Il faut distinguer le décolonisé resté dans son pays natal, de celui qui s’est installé en Occident.
Celui qui est resté au pays fait face à des problèmes spécifiques et on les retrouve principalement autour d’une carence de la part des Chefs politiques de la plupart des pays du Tiers Monde. La corruption et la tyrannie y sont gangrenées. C’est un cercle infernal difficile à briser qui génère les problèmes sociaux actuels : chômage, troubles sociaux et donc répression.
Le décolonisé dans le pays d’accueil, va quant à lui subir tous les affres de l’exil. C’est un étranger avant tout, et il se trouvera toujours en conflit avec le majoritaire. Il sera confronté aux problèmes d’intégration. Il y a véritablement, ici aussi, une lutte à mener pour que cessent les inégalités, pour dissiper les préjugés, faire prévaloir les droits. Mais c’est un long travail.

Quel portrait pourriez-vous dresser, aujourd’hui, du colonisé palestinien, irakien ou afghan ?
S’agissant des cas de figure que vous énoncez, je ne vous parlerai que du palestinien et de l’irakien, car s’agissant de l’afghan je ne maîtrise pas le sujet. Pour le palestinien, il est réellement dominé par l’israélien et il faut que cela cesse. C’est mon profond sentiment d’humaniste.
Mais il est vrai aussi que le Monde arabe surévalue la question palestinienne. Et à mon humble avis, si l’Etat d’Israël venait à disparaître, les problèmes du Monde arabe continueraient à exister. Il faut par conséquent, arrêter de prendre la Palestine comme alibi. Aujourd’hui la réalité est la suivante, nous avons face à nous un conflit entre deux nationalismes. Il faut donc parvenir à un accord et surtout que le monde arabe s’investisse moins. S’agissant de l’Irak on pensait qu’en éliminant Saddam, c’était éloigner le danger de ce pays et de l’Occident. Or ce fut l’effet inverse, c’est aujourd’hui le chaos et l’anarchie. Fallait il pour autant la guerre ? je n’en suis pas si sur. Sur ce terrain, les Nations Unies se sont désengagés, mais il est vrai que c’est la donne pétrolière qui régit tout dans cette région. Et le monde Occidental est affolé à la perspective de manquer de pétrole, ce qui amène les écarts que vous savez.

Les musulmans, dit-on souvent en Occident, ne sont pas prêts au débat contradictoire, à la critique et à l’autocritique ? Les juifs – et surtout les Israéliens – le sont-ils davantage ? En d’autres termes, peut-on, aujourd’hui, en Occident, critiquer l’Etat d’Israël ?

Il faut critiquer le gouvernement israélien et non l’existence de l’Etat d’Israël. J’ai pris très souvent position contre les gouvernements israéliens, nous « intellectuels juifs » nous ne ménageons pas notre critique envers certaines gouvernances israéliennes. Mais le problème véritable du Monde arabe, c’est qu’il a du mal à absorber ses minorités. Il faut donc faire attention à la totalisation, du genre « les juifs sont des usuriers » ou que « les noirs sentent mauvais » ou « que les musulmans sont des terroristes
» ou « que les femmes sont sournoises »…
Des propos pareils sont le résultat d’une erreur de logique, ce sont des accusations implicites
qui génèrent l’hétérophobie.

Dans une intervention lors d'un récent colloque à Paris sur la paix au Proche-Orient, vous avez dit que l'un des problèmes du monde arabe actuel est son incapacité à ‘‘retenir’’ ses minorités ? Est-ce que l’Europe, les Etats-Unis et Israël, n’ont-ils pas eux aussi le même problème avec leurs minorités arabes, turcs, africaines, etc. ?
Tous les majoritaires ont tendance à se méfier des minorités et à les « parquer » mais pour le reste, c’est uniquement une question de degré.


Que signifie, pour Israël et les Arabes, «renoncer à certains mythes» ? Quels sont ces mythes que vous jugez anachroniques des deux côtés ?
Pour Israël, il est temps d’abandonner l’idée d’un grand Israël démographique et territorial et il lui faut cesser de croire également, qu’il est l’unique solution au monde juif. Pour les arabes, il leur faut accepter leurs minorités d’autant qu’ils ont besoins d’elles. L’Occident a besoin du monde arabe et vice versa.

Quels souvenirs gardez-vous aujourd’hui de la Tunisie, pays de votre enfance ? De quelle Tunisie vous prévalez vous aujourd'hui ?
Ma Tunisie à moi, est la Tunisie d’un écrivain, je revois les odeurs, les couleurs, les petits rites comme « manger un beignet à Sidi Bou Said ». J’y suis viscéralement attaché, et de mes 25 livres, il y en a au moins 10 où la Tunisie est présente. C’est cette Tunisie là que j’aime.

mercredi 21 mai 2008

Why We Hate

John Ridley takes a look at our bigotry and asks why it is that it’s so easy to hate one another.

By John Ridley


ku klux clan members at a rally with hoods on


Semantics, maybe, but for the sake of discussion, let’s separate isms -- racism, sexism, anti-Semitism, and such -- from bigotry. Isms being the most antagonistic manifestation of prejudice: cross burnings and lynchings, bashing and swastikas scrawled across walls. Comparatively, bigotry is more subtle. Often insidious. It’s the service at a restaurant or store that’s so slow in coming, you leave before it arrives. Bigotry is the guy who cuts in front of you at Starbucks because you don’t even register to him. Bigotry is our personal assumptions and the softly spoken question: “Why do those people always [fill in the blank]?” Never mind that our leaders come from every race and background, we still have trouble getting along with the “other” next door. Why? Why do we cling to bigotry?

Because bigotry, plainly, is convenient. It is a near-effortless way to both elevate one’s stature and make a pity grab in this culture of victims that we have become. It is an all-purpose tool -- a sword and a shield; we dig the heft of it in our hand as we give a chop to “those people” for being too loud or too urban or too not like us. It’s so much easier to swing our hate than it is to understand others.

Similarly, bigotry -- or the reflexive, defensive accusation of bigotry -- is a prime source of instant sympathy from others within our group. A jutted finger and the charge of prejudice, along with a big show of playing the vic, make for a call to rise up and defend the injured, even when the wound is imaginary. How many so-called “leaders” have made bank by lying in wait to whip up a Day of Outrage over every innocent though unfortunate remark?

And the worst of it is that for every Jeremiah Wright who opens his piehole and cuts loose with some inane invective, there’s an educated and seemingly enlightened public figure using bigotry expertly. Geraldine Ferraro had no problem claiming Barack Obama had ascended solely because of the color of his skin. When her reasoning, or lack thereof, was openly challenged, Ferraro shot back: “They’re attacking me because I’m white.” If only medals were awarded in Beijing ‘08 for dexterous use of prejudice.

And so we remain caught up in questions of bigotry: Is the media more biased against race or gender? Who’s got a harder time getting the white male vote, and why won’t Hispanics cast their ballots for the brother man? Forget about the economy, Iraq, or health care. Bigotry remains where it’s at. An ego stroke, a cloak for victims, and a French tickler for the media. One mind-set does all that. It’s little wonder we can’t shed ourselves of bigotry. Why toss out something when it works so well?

mardi 20 mai 2008

Animateur, la voix de son nègre

Animateur, la voix de son nègre

Plus un seul talk-show sans son auteur de bons mots attitré. Mais qui se cache sous ces plumes de l’ombre au service des Ardisson, Cauet, Ruquier, et même du père Fouras ?

RAPHAËL GARRIGOS et ISABELLE ROBERTS
QUOTIDIEN : samedi 24 novembre 2007
 

L’attentat surviendra un jeudi sur TF1, vers 22 h 35, au début de la Méthode Cauet. L’animateur apparaîtra, une ride soucieuse barrant son noble front et ses lèvres purpurines s’entrouvriront pour articuler… rien. Il balbutiera une blague de Toto, un «Poil au cul», en vain. Second raid, le samedi à 19 h 15 sur Canal + dans Salut les Terriens ! Thierry Ardisson bredouillera quelques mots sans queue ni tête. Et ainsi de suite chez Ruquier et consorts. Un cauchemar. Celui que vivent les téléspectateurs américains privés de leurs talk-shows préférés depuis deux semaines que les scénaristes télé sont en grève. Car les Late Show de David Letterman et autre Tonight Show de Jay Leno, où les animateurs rivalisent de bons mots et de reparties fusantes, sont en réalité écrits à la virgule près par des bataillons d’auteurs. Et en France ? Eh bien, nous souffle notre nègre, c’est pareil : une armée des ombres sue sang et encre pour faire de nos Ardisson et Cauet les maîtres d’éloquence que l’on sait.

Ils sont partout

C’est aussi troublant que d’apprendre qu’il y a quelqu’un dans Casimir : Cauet n’est pas l’auteur de ses mots. Prenons cette excellente vanne servie jeudi à Chimène Badi : «Alors Chimène, tu as déjà fait un concert acoustique ?» Elle : «Non.» Lui, montrant un photomontage de la chanteuse devant le panneau de la ville de Coustique : «Mais si, tu as déjà chanté à Coustique !» Avant de mourir de rire, sachez qu’ils sont trois, dans l’ombre à fourbir ces saillies. Et la pratique est répandue : «Quand il y a un prompteur, il y a un auteur», résume l’un d’eux. Michel Drucker, Thierry Ardisson, Nagui, Arthur, Laurent Ruquier, Nikos Aliagas (mais oui !), Benjamin Castaldi (re mais oui !) et même cet usurpateur de père Fouras… Au carbone 14, on date l’apparition des auteurs aux années 80 et à la naissance de Canal + : «Sur Nulle Part ailleurs, c’était la première fois que des séquences marrantes étaient intégrées dans une émission quotidienne, raconte Alain de Greef, ancien directeur des programmes de la chaîne. Mais Gildas n’avait pas d’auteurs, ça restait limité aux humoristes.» Un des premiers auteurs connus a été Laurent Chalumeau, qui, avec Albert Algoud, travaillait pour Antoine de Caunes. Car l’auteur est «un luxe», pour Bertrand Delaire, qui écrit pour Omar et Fred sur Canal +, «un sparring partner», selon Chalumeau ou «un filet» pour Emmanuel de Arriba, auteur pour Vidéo gag, ou Fort Boyard. «C’est pas une façon de moins travailler, explique Thierry Ardisson, c’est une façon de donner au public le meilleur produit possible.» Depuis les années 80, la pratique s’est étendue à toute la télé ainsi qu’aux cérémonies style césars : «J’ai demandé à Chalumeau, explique de Greef, de se mettre à disposition des participants pour qu’ils aient l’air moins nunuche, genre “La-misère-dans-le-tiers-monde-pendant-que-nous-sommes-là-dans-nos-smokings-et-nos-robes-Prada”».

Qui sont-ils ?

Sur Canal +, où on aime faire les choses humblement, la politique de l’auteur est allée jusqu’à créer Canal + Idées, aujourd’hui fermée, qui devait pondre de jeunes talents pour la série H, les Guignols, etc. Parmi eux, le chanteur Benabar ou Stéphane Ribeiro, aujourd’hui scribe d’Ardisson et de Thomas Ngijol. Les parcours sont disparates : la pub pour Bertrand Delaire, l’usine dès 14 ans pour Philippe Giangreco (H,  les Guignols) ou, pour Ribeiro, du «conseil en stratégies et organisation». Emmanuel de Arriba, lui, est passé par le café-théâtre : «J’ai essayé pendant un an et demi, c’était très difficile, aujourd’hui, je suis dans l’ombre et ça me va.» De grands timides, ces auteurs quand la télé est envahie de volumineuses cucurbitacées. «Je n’ai pas de problème d’ego, affirme Bertrand Delaire, la démarche correspond à ce que l’on est : je n’ai pas de talent d’interprète.» Si, selon les auteurs, certains animateurs rechignent à avouer qu’il y a des plumes derrière leur faconde au point d’oublier leurs noms au générique, Ardisson assume : «Ça me pose pas plus de souci d’ego que Julien Clerc chantant du Roda-Gil. Et puis dans la vie, je suis pas super drôle.»

Mais pour quoi faire ?

Thierry Ardisson s’y est mis en 2002 : «Mes interviews devenaient trop répétitives, j’ai voulu qu’elles soient personnalisées en fonction des invités.» Et Ardisson se dote, pour Tout le monde en parle sur France 2, d’un trio d’auteurs qui lui fournit interviews et blagues : «Au début, leurs vannes, j’arrivais pas à les sortir, c’était pas moi, alors je ne m’en servais pas.» Et puis, un soir, chez Drucker, Ardisson retrouve dans la bouche d’Alain Chabat les saillies qu’il n’a pas utilisées : «Ma femme m’a dit : “Il est quand même drôle, ce Chabat”, alors je me suis forcé et j’ai appris à déclencher des rires.» Mais dans la coulisse, ça bosse dur : stakhanoviste de la vanne qui tue, Stéphane Ribeiro pond pour Ardisson 200 pages par semaine ! Vingt seulement sont retenues. «Je prends ça comme un boulot, ça vient aussi de ma formation, explique Ribeiro qui est passé par Sciences-Po et des études d’ingénieur, j’ai été habitué à rendre un produit, mais ça n’empêche pas le plaisir, c’était ce que je rêvais de faire quand j’étais petit, je le ferais même gratuitement !» Ouais, c’est ça… Difficile d’évaluer le nombre d’auteurs qui vivent de la télé : une trentaine, peut-être, jugent les uns et les autres. Et les salaires ? Alors là, nos grands discrets se font violettes : «de 200 à 8 000 euros l’émission», hasarde Ribeiro. Plus les droits d’auteur. Mais dès qu’une émission est suprimée, tout s’arrête et les auteurs n’ont pas de chômage.

Et comment ça s’écrit ?

Tous les nègres l’affirment en chœur : l’animateur ne doit pas être un pantin ânonnant son texte. «Ça marche si l’auteur n’est pas juste un ventriloque», souligne Laurent Chalumeau. Tout est affaire de relation : «Je n’écris pas pour, dit Delaire, conjoint de plume d’Omar et Fred, j’écris avec.» Avec plus ou moins de bonheur : lors d’une cérémonie des césars, Chalumeau se souvient de s’y être repris à plusieurs fois pour le texte de Lambert Wilson remettant le prix du meilleur scénario. «A la fin, je lui ai fait “Il n’y a pas de bon film sans bon scénario”, il était ravi !» En France, on n’en est pas, comme aux Etats-Unis, à écrire aussi les textes des invités. Encore que, raconte Philippe Giangreco, «j’ai travaillé pour des invités de Ciel mon mardi ! qui m’engageaient pour préparer des punch lines, des reparties marrantes aux questions de Dechavanne qu’on demandait à l’avance». Mais être marrant, c’est un métier. Marcel Proust n’aurait jamais pu écrire pour la télé. Trop long. Trop verbeux. Trop emberlificoté. «Le style télé, c’est un langage direct, énonce Bertrand Delaire, une idée qui s’exprime en quelques mots, une formule mémorisable.» Bref, la télé s’écrit comme la pub. Et même dans Vidéo gag où Emmanuel de Arriba – également parolier du groupe de rock alternatif No One Is Innocent… – écrit les dialogues des animateurs : «Moins on me remarque, mieux c’est, il faut que ce soit doux aux oreilles.» Il sera beaucoup pardonné à Arriba. Il est aussi la plume qui écrivit cette immortelle réplique, servie dans Fort Boyard par Olivier Minne à un Maître du temps qui venait de se faire ratatiner par un candidat : «Maître vous êtes une quiche.»

Are the Jews good for Barack Obama?

With Jewish voters critical in such swing states as Nevada and Pennsylvania, Republicans hope to exploit a supposed softness in Obama's support for Israel. So far, it's not working.

By Mike Madden


News


May 19, 2008 | WASHINGTON -- Some political attacks come in subtle forms, with a hidden, "dog whistle" message audible only to the voters who are supposed to hear it. And then there was President Bush's speech Thursday -- yes, the speech to Israel's parliament on the nation's 60th birthday in which he indirectly compared Barack Obama to both infamous appeaser-of-Hitler Neville Chamberlain and to a famous Nazi sympathizer.

By this point in his administration, it's clear that Bush is comfortable with unsubtle fear-mongering. But even by his standards, the point of that line -- and of the fury ginned up by House Republicans over an interview Obama gave to the Atlantic Monthly's Jeffrey Goldberg -- was pretty clear. The GOP is already pushing, and pushing hard, the idea that Obama has a problem with the Jewish vote, because of his proposals to sit down to negotiate with Iranian leaders who have threatened Israel, because of his former pastor's ties to Louis Farrakhan and (though most Republicans don't bring this up) because of false fears that Obama is secretly Muslim. Attacking Obama's Middle East policy while in Israel, and playing the Holocaust card in the process, plainly fits into that pattern, even if the White House spent most of Friday being shocked -- shocked! -- that anyone would think Bush meant to refer to Obama.

If Jews do flock to John McCain this fall, Obama would be in some trouble (assuming, of course, that Hillary Clinton doesn't win the nomination through a miracle more impressive than the one commemorated every year at Hanukkah); a strong majority of Jewish voters has gone Democratic in presidential elections since 1924. Jews have favored the Democrat in 21 straight presidential elections, and by an average margin of 3-to-1. In battleground states like Ohio, Pennsylvania and Nevada, the Jewish population is a large enough slice of the electorate that Obama can't afford for them to abandon him.

In Florida, Jews make up around 5 percent of the voting population -- more than enough to swing a close race. (If all the South Florida Jewish voters who intended to support Al Gore and Joe Lieberman in 2000 had actually cast their votes properly, Gore would have won.) Florida may be tipping from truly purple toward red; Bush won it easily in 2004 and the Republican governor, Charlie Crist, will work hard for McCain. But if the state is competitive again this fall, Obama can't afford to let McCain take a big share of Florida's Jewish voters, who turn out in disproportionately large numbers compared to their share of the state's residents. With an older population than the national average, Florida already poses demographic problems for Obama without losing a traditional part of the Democratic coalition.

Nationally, the problem for Bush, Boehner and, above all, McCain, is that right now there isn't much evidence of a lasting breach between Jewish voters and the presumptive Democratic nominee. By November, as the old saying goes, the Jews will most likely be good for Barack Obama.

For Republicans hoping to drive a wedge between Obama and Jewish voters, Israel is only the first stop. But it's a big one. The standard GOP line against Obama on Middle East policy is this: He wants to sit down with Iran and Syria, both sworn enemies of Israel; he didn't speak up loudly enough when former President Jimmy Carter, apparently a crypto-Obama supporter, met with Hamas leaders recently; he has listened to advice on foreign policy from people like Gen. Tony McPeak and Robert Malley, who some Jews believe don't support Israel strongly enough; and he was "endorsed" by a Hamas spokesman, who said his organization would prefer that Obama wins the election. Obama was also friendly with Columbia University professor Rashid Khalidi when Khalidi taught at the University of Chicago. The Arab-American Khalidi's criticism of Israel and advocacy for Palestinians has made him extremely controversial among hawkish Jews. "[Obama] has not taken appropriate leadership on any of these issues," said Suzanne Kurtz, a spokeswoman for the Republican Jewish Coalition. "If these are issues that are important to you, you really just find this alarming." The coalition, founded in 1985, has 30,000 members now, and is running ads in Jewish newspapers featuring Jewish Republicans who used to vote Democratic but switched over security concerns.

Of course, the most prominent person matching that demographic is Sen. Joe Lieberman, who has become one of McCain's most hawkish surrogates on foreign policy. "The fact that the spokesperson for Hamas would say they would welcome the election of Senator Obama really does raise the question why, and it suggests a difference between these two candidates," Lieberman told CNN's Wolf Blitzer last week. McCain himself picked up the same general theme after Bush's speech Thursday, telling a conference call with bloggers, "If Senator Obama wants to sit down across the table from the leader of a country that calls Israel a stinking corpse, and comes to New York and says they're gonna, quote, 'wipe Israel off the map,' what is it that he wants to talk about? What is it that [Obama] wants to talk about with him?"

Add to all that the months of controversy over the Rev. Jeremiah Wright, whose church once reprinted a column by a Hamas leader in its newsletter, and a series of e-mails that made the rounds of the Jewish community earlier this year alleging Obama is a Muslim, and you'd think McCain might actually have a chance at running away with lots of Jewish support this fall. "If people don't mind, I'd like to be honest -- a lot of the concern has been generated because of scurrilous e-mails that have been sent, generated based on speculation [regarding] the fact that my middle name is Hussein," Obama told Philadelphia-area rabbis at a meeting at a Center City synagogue before the Pennsylvania primary.

But a Gallup poll last month -- in the midst of the Wright drama -- found Obama beating McCain 61-32 among Jewish voters, a far wider margin than among the population as a whole. While that's lower than John Kerry's 76 percent margin among Jews (and 5 points lower than the 66 percent Hillary Clinton got in the same poll), Obama's campaign isn't worried about making up the difference by November. "If we're beating McCain 2-1 after 'Obama is a Muslim' scares and a month of Rev. Wright, then we're doing pretty well," one aide said.

Yes, Clinton has been beating Obama among Jewish voters in some primaries, but once the Democratic nomination fight finally ends, most observers of the Jewish community's political behavior expect him to consolidate support. In Chicago, prominent Jewish politicos like fundraiser Penny Pritzker, operative Abner Mikva and Rep. Jan Schakowsky signed on with Obama early in his campaign. Still, Obama's campaign appears to be taking the issue seriously, even though most Jewish voters live in safe blue states like New York, New Jersey, California and Maryland. Obama has been known to jokingly introduce himself to Jewish audiences as "Baruch Obama," using the Hebrew version of his Arabic first name.

On a national level, Obama doesn't have the long track record on Israel that McCain or Clinton has, but that's mostly because he doesn't have a long track record on foreign policy, period. "Senator Obama is not someone who has been familiar to the American Jewish community for decades," said Rep. Robert Wexler, D-Fla., an Obama supporter and one of Israel's most vehement defenders in Congress. "There are legitimate questions that should be asked and need to be answered ... (but) the more Senator Obama expresses himself as a staunch supporter of Israel, the more support he gains in the Jewish community." The largest pro-Israel lobbying group in the country, AIPAC, says McCain, Obama and Clinton all meet their approval. "All three candidates," said spokesman Josh Block, "have strong congressional voting records on issues important to the pro-Israel community and have demonstrated their commitment to the special relationship between the United States and Israel." AIPAC is nonpartisan, and won't endorse either McCain or Obama. But if the group felt that Obama wasn't sufficiently pro-Israel, you'd have heard about it.

That may be all Obama really needs to do about as well as most past Democratic candidates have done among Jewish voters. Observers of the Jewish vote say most Jews aren't really classic single-issue voters; if candidates can get past the basic question of whether they're pro-Israel or not, that's usually enough for voters to move on to other topics. "There are definitely some voters for whom Israel is an issue, but it's [one] issue among many," said an advisor to Obama's campaign on the Middle East and outreach to Jewish voters. Wexler, the campaign's chief surrogate for appearances in the Jewish community, agreed. An Orthodox Jew, he represents a South Florida district that he claims has more Jewish constituents than any other. "If the Republican Jewish Coalition believes that large numbers of Jewish people are uni-dimensional, they apparently do not interact very much with Jewish people."