mardi 7 octobre 2008
Miami : l’heure de la jeune garde française
Miami : l’heure de la jeune garde française
De notre envoyée spéciale à Miami Valérie Duponchelle
10/12/2007 | Mise à jour : 13:11 |
À la célèbre foire de Miami, l’exposition de dix-huit créateurs de la scène française a fait sensation.
Quoi de neuf à la sixième foire d’Art Basel Miami Beach, supermarché luxueux de l’art moderne et contemporain qui offre jusqu’à dimanche soir le meilleur de l’offre internationale en 220 galeries et près de 2 000 artistes ? La France ! Sa «Nouvelle Vague atteint Miami Beach» , titrait jeudi matin The Art Newspaper , dont l’édition quotidienne est la Bible de la foire. A-t-on jamais vu une pleine page consacrée dans pareille institution anglo-saxonne aux jeunes artistes de la scène émergente française, voire aux artistes français en général ?
À l’honneur, donc, au lendemain du vernissage, deux des dix-huit Français exposés au Moore Space. D’abord Philippe Perrot, né en 1967 à Paris, qui mêle peinture et dentifrice dans de singuliers tableaux comme des clips arrêtés sur image (la galerie parisienne Art : Concept l’exposait à l’Armory Show en février à New York). Puis Christine Rebet, née en 1971 à Lyon, dont les dessins à l’encre de couleur et au surréalisme inquiétant soutiennent la comparaison d’un Marcel Dzama, jeune star canadienne du marché depuis bien des saisons (Kamel Mennour, le marchand de Buren et de Claude Lévêque, a fait un tabac sur son stand avec son mur de Christine Rebet à moins de 5 000 $).
Mardi soir, le vernissage de l’exposition «French Kissin in the USA», au Moore Space, organisée grâce au parrainage de Rosa de la Cruz, «the ultimate collector» de Miami, a été très couru. Il y a un changement d’air qui met la France (un peu) à la mode.
Le public bronzé, chic et glamour de Miami est venu en masse découvrir ces dix-huit jeunes artistes que la France et ses collectionneurs connaissent bien.
D’Adel Abdessemed, exposé au Plateau par Caroline Bourgeois et révélé à l’Amérique au PS1 de Brooklyn, à Tatiana Trouvé, Prix Marcel Duchamp 2007, à laquelle la galerie Emmanuel Perrotin/Miami consacre un étage formidable, presque martien. De Guillaume Leblon, coqueluche de la dernière Fiac, à la Cour Carrée avec ses messages sculptures, à Mathieu Mercier le cérébral auquel le Musée d’art moderne de la Ville de Paris offre la première rétrospective énigmatique.
Dès le couloir d’entrée du Moore Space dévoré par les dessins du duo Petra Mrzyk & Jean-François Moriceau, nés respectivement en 1973 à Nuremberg et en 1974 à Saint-Nazaire, jusqu’à l’installation sonore et étrange de Saâdane Afif, né en 1970 à Vendôme, l’énergie était perceptible comme dans tout succès mondain et critique.
Collectionneurs affamés
Ici, personne n’a lu « La Mort de la culture française » publiée dans l’édition européenne du Time Magazine du 3 décembre. « Et heureusement ! L’impact d’un titre aussi important serait assassin », soupire de soulagement Olivier Belot, directeur des galeries Yvon Lambert à Paris et à New York. «C’est une méconnaissance totale de la France en plein bouillonnement créatif, comme le démontre justement l’exposition au Moore Space. Les Américains le voient, nous le disent en revenant de Death Becomes Her, notre Temporary Space ouvert juste à côté de la collection Rubell, référence de Miami. À New York, nous avons vendu un miroir de Bertrand Lavier pour 80 000 $. Ici, l’installation de Loris Gréaud, né en 1976 à Eaubonne, a été sold out en un jour : des pièces de 45 000 $ à 85 000 $, dont deux sont parties dans des musées américains. On est loin de la caricature du marché français avec comme record national un Combas à 7 500 $ !»
Bien sûr, les poids lourds du marché restent américains ou assimilés. Parmi les galeries reines de l’art moderne, qui se distinguent à Miami, citons Landau de Montréal, Achim Moëller, l’Allemand de Manhattan et ses merveilleux Feininger, Richard Gray de Chicago, qui a vendu Jaume Plensa aux mécènes de Des Moines. Et aussi Stone de New York et son Calder géant Little Cross de 1968, Acquavella et son Jasper Johns vif, vert, orange et violet, ou Helly Nahmad, qui a réuni un Mondrian de 1926, un Cy Twombly magnifique de 1962 tout en matières et un Calder en bois muséal. Les collectionneurs affamés se sont pressés dans ces galeries pour faire leurs achats à coups de millions de dollars. Une heure après le vernissage, un collectionneur s’était déjà offert pour 10 M$ les 5 grands tableaux d’Éric Fischl chez Mary Boone de New York. La France a encore du chemin à faire.
http://www.lefigaro.fr/culture/2007/12/08/03004-20071208ARTFIG00553-miami-lheure-de-la-jeune-garde-francaise-.php
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