lundi 12 janvier 2009

Noa écrit au Hamas

Noa écrit au Hamas


Par Yvan Eisenbach pour Guysen International News
Dimanche 11 janvier 2009 à 21:45

La chanteuse israélienne internationalement renommée Noa a écrit une lettre ouverte aux Palestiniens, notamment ceux de Gaza, dans laquelle elle expose sa vision, pas naïve pour un sous, de la situation. Une lettre empreinte d'émotion, de poésie et de courage dans laquelle elle dénonce sans aucune ambiguïté l'extrémisme, le fanatisme et... le Hamas. Meilleurs extraits.

Commençant par « chers frères palestiniens », Noa écrit :
« C’est avec le cœur lourd que je vous écris aujourd’hui. Gaza brûle. La frontière avec Israël est sous le feu. Des enfants de chaque côté de la barrière sont terrifiés, traumatisés pour la vie, meurtris dans leur chair et dans leur âme. Le Sang coule.

Et aujourd’hui, aujourd’hui je le dis, nous avons une ennemi commun, un horrible ennemi en commun, et nous devons tous travailler ensemble pour l’éradiquer. Cet ennemi est le fanatisme, mes amis. Cet ennemi est l’extrémisme dans toutes ses réincarnations et ses manifestations les plus abjectes.

Cet ennemi, ce sont tous les hommes qui mettent « Dieu » au dessus de la vie, qui prétendent que « Dieu » est leur épée et leur bouclier, qui disent que « Dieu » est de LEUR côté. Juifs, Musulmans, Chrétiens, tous partagent ce trait noir. Tous sont tombés dans ce fanatisme destructeur et horrible à un moment donné de leur histoire, et les résultats ont été dévastateurs.

Maintenant je vois l’immonde figure du fanatisme, je la vois grande et affreuse, je vois ses yeux noirs et son sourire glaçant, je vois du sang sur ses mains et je connais l’un de ses nombreux noms : le Hamas.

Vous le savez aussi, mes frères. Vous connaissez cet horrible monstre. Vous savez qu’il viole vos femmes et lave le cerveau de vos enfants. Vous savez qu’il éduque à la haine et à la mort.

Vous savez qu’il est chauvin et violent, cupide et égoïste, qu’il se nourrit de votre sang et hurle le nom d’Allah en vain, il se cache comme un voleur, se sert des innocents comme des boucliers humains, se sert de vos mosquées comme des entrepôts d’armes, il ment et triche, se sert de vous, vous torture, vous retient en otage.

Je vous vois parfois, dehors dans les rues, manifestant aux côtés des monstres, criant ‘mort aux Juifs, mort à Israël’ !! Mais je ne vous crois pas ! Je sais de quel côté penche votre cœur !

Mais maintenant, aujourd’hui, je sais qu’au fond de vos cœurs VOUS DESIREZ la disparition de cette bête appelée Hamas, qui vous a terrorisé et vous a assassiné, qui a transformé Gaza en un monceau d’ordures de pauvreté, de maladie, et de misère. Qui, au nom d’‘Allah’, vous a sacrifié sur l’autel sanglant de la vanité et de l’avidité.

Je ne peux que souhaiter pour vous qu’Israël fasse le travail dont nous avons tous besoin qu’il soit fait, et finalement vous débarrasse de ce cancer, ce virus, ce montre appelé le fanatisme, aujourd’hui, ayant pour nom le Hamas.

Et que ces tueurs trouveront le peu de compassion qui pourrait encore se trouver dans leurs cœurs et ARRETENT de vous utiliser, vous et vos enfants, comme des boucliers humains pour leur lâcheté et leurs crimes ».

Ce message a été publié sur le site israélien www.ipeace. un réseau qui compte plus de 14 000 membres à travers 180 pays.

Gaza: Que signifie « disproportionné » ?

Gaza: Que signifie « disproportionné » ? 


______________________________ André Glucksmann ______________________________

Philosophe, président de l'association des Amis du Meilleur des mondes

Devant un conflit, l’opinion se divise entre les inconditionnels qui ont décidé une fois pour toutes qui a tort et qui a raison et les circonspects qui jugent en fonction des circonstances telle ou telle action comme opportune ou inopportune, quitte à retenir, s’il y a lieu, leur jugement jusqu’à plus ample informé. L’affrontement  à Gaza, aussi sanglant et terrible soit-il, laisse poindre pourtant une lueur d’espoir que les images choc recouvrent trop souvent. Pour la première fois dans le conflit du Proche-orient, le fanatisme des inconditionnels paraît minoritaire.


La discussion chez les Israéliens (est-ce le moment ? Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?) roule comme à l’habitude dans une démocratie. La surprise est qu’un semblable débat partage à micros ouverts les Palestiniens et leurs soutiens, à tel  point que, même après le déclenchement des opérations punitives israéliennes, Mahmoud Abbas, chef de l’autorité palestinienne, trouva le courage d’imputer au Hamas, en rupture de trêve, la responsabilité initiale du malheur des civils à Gaza.

Les réactions de l’opinion publique mondiale – medias, diplomates, autorités morales et politiques- semblent malheureusement en retard sur l’évolution des esprits directement concernés. Force est de relever le mot qui fait florès et bétonne une inconditionnalité du troisième type, laquelle condamne urbi et orbi l’action de Jérusalem comme « disproportionnée ». Un consensus universel et immédiat sous-titre les images de Gaza sous les bombes : Israël disproportionne. A l’occasion, reportages et commentaires en rajoutent : « massacres », « guerre totale ». Par bonheur on évite à ce jour le vocable « génocide ». Le souvenir du « génocide de Jenine » (60 morts), partout rabâché à la va vite et depuis déconsidéré, paralyserait-il encore l’excès de l’excès ? Néanmoins la condamnation, a priori, inconditionnelle, de l’outrance juive régule le flot des réflexions.

Consultez le premier dictionnaire venu : est disproportionné ce qui est hors de proportion, soit parce que la proportion n’existe pas, soit parce qu’elle se trouve rompue, transgressée. C’est la deuxième acception qui est retenue pour fustiger les représailles israéliennes jugées excessives, incongrues, disconvenantes, dépassant les bornes et les normes. Sous-entendu : il existerait un état normal du conflit Israël-Hamas que le bellicisme de Tsahal déséquilibre, comme si le conflit n’était pas, comme tout conflit sérieux, disproportionné dès l’origine.

Quelle serait la juste proportion qu’il lui faudrait respecter pour qu’Israël mérite la faveur des opinions ? L’armée israélienne devrait-elle ne pas user de sa suprématie technique et se borner à utiliser les mêmes armes que le Hamas, c’est à dire la guerre des roquettes Grad imprécises, celle des pierres, voire à son libre gré la stratégie des attentats suicides, des bombes humaines et du ciblage délibéré des populations civiles ? Ou mieux, conviendrait-il qu’Israël patiente sagement jusqu’à ce que le Hamas, par la grâce de l’Iran et de la Syrie, « équilibre » sa puissance de feu ?

 A moins qu’il ne  faille mettre à niveau non seulement les moyens militaires , mais les fins poursuivies. Puisque le Hamas – à l’encontre de l’Autorité Palestinienne – s’obstine à ne pas reconnaître le droit d’exister de l’Etat hébreu et rêve de  l’annihilation de ses citoyens, voudrait-on qu’ Israël imite tant de radicalité et procède à une gigantesque purification ethnique ? Désire-t-on vraiment qu’Israël en miroir se « proportionne » aux désirs exterminateurs du Hamas ?

Dès qu’on creuse les sous-entendus du bien pensant reproche de « réaction disproportionnée », on découvre combien Pascal a raison et « qui veut faire l’ange, fait la bête ». Chaque conflit, en sommeil ou en ébullition, est par nature « disproportionné ». Si les adversaires s’entendaient sur l’usage de leurs moyens et sur les buts revendiqués, ils ne seraient plus adversaires. Qui dit conflit, dit mésentente, donc effort de chaque camp pour jouer de ses avantages et exploiter les faiblesses de l’autre. Tsahal ne s’en prive pas qui « profite » de sa supériorité technique pour cibler ses objectifs. Et le Hamas non plus qui utilise la population de Gaza en bouclier humain sans souscrire aux scrupules moraux et aux impératifs diplomatiques de son adversaire.

On ne peut travailler pour la paix au Proche-orient qu’à la condition d’échapper aux tentations de l’inconditionnalité, lesquelles hantent non seulement les fanatiques jusqu’au-boutistes, mais aussi les âmes angéliques qui fantasment une sacro-sainte « proportion » propre à équilibrer providentiellement les conflits meurtriers. Au Proche-orient, on ne se bat pas seulement pour faire respecter une règle du jeu, mais pour l’établir. On peut à juste titre discuter librement de l’opportunité de telle ou telle initiative militaire ou diplomatique, sans toutefois supposer le problème  résolu d’avance par la main invisible de la bonne conscience mondiale. Il n’est pas disproportionné de vouloir survivre.