mercredi 29 octobre 2008

Elie Wiesel: «Pourquoi le monde n'a-t-il rien appris?»

Un entretien avec le prix Nobel de la paix

Elie Wiesel: «Pourquoi le monde n'a-t-il rien appris?»

Alors qu'il publie «le Cas Sonderberg», le prix Nobel de la paix revient sur les vertus et les impasses d'une mémoire aujourd'hui menacée par la banalisation 

Rarement un roman avait été peuplé d'autant de points d'interrogation. C'est que dans les thèmes abordés par Elie Wiesel, rien ne va de soi. Un jeune Allemand, accusé du meurtre de son oncle, plaide «coupable et non coupable». Son procès réveille de vieux démons : la solution finale, la difficulté de juger, la tentation de prendre le monde pour un théâtre sans voir que «l'histoire n'est pas un jeu». Une telle densité du propos pour rait nuire, s'il ne s'imposait grâce à une narration fluide, servie par une langue claire et nette. Wiesel s'autorise une allusion à «la Chute» de Camus. C'est dans cette veine-là, un certain cynisme en moins, que s'inscrit «le Cas Sonderberg»: celle d'un roman à idées soumis à la question, toujours mordante, d'une impossible innocence. 

GL

Le Nouvel Observateur. - Vous vivez aux Etats-Unis, où vous enseignez, et votre roman se déroule dans le milieu juif new-yorkais, mais il est écrit en français. Cette langue vous porte-t-elle mieux que les autres?

Elie Wiesel. - Absolument. Pourtant, à mon arrivée en France en 1945, je ne parlais pas un mot. Mais j'aimais cette langue. Je connaissais le roumain, le hongrois, le yiddish, mais il me fallait une langue pour m'accrocher : pour l'habiter et pour qu'elle m'habite. Ça a été très facile à apprendre. J'aime cette intelligence qui se cherche dans la phrase. Pour moi, le français est la langue de l'intelligence; et un défi, car j'ai un penchant pour le mysticisme qui pourrait être incompatible avec le rationalisme cartésien. J'ai publié cinquante livres. Beaucoup n'auraient pu être écrits dans une autre langue. Je rédige des articles en hébreu pour des journaux israéliens; je donne des cours en anglais; pour un livre, non, c'est le français. Même les auteurs américains, je les lis en traduction française.

N. O. - Ce roman est un concentré de vos obsessions...

E. Wiesel. - Oui, c'est pour moi une somme.

N. O. - Pour passer à autre chose ensuite?

E. Wiesel. - Non, pour aller plus loin. Je tenais à affronter le problème de l'Allemagne. Jusqu'ici je me suis intéressé aux victimes, pour être avec elles, mais pas aux bourreaux. Or de jeunes Allemands suivent mes cours, et j'éprouve pour eux un sentiment de solidarité: eux aussi sont des victimes. De leurs parents, de leur passé. Ils ne sont pas coupables. Seuls les tueurs le sont. Hitler voulait assurer l'avenir de l'Allemagne, il a fait exactement le contraire: il l'a tué. J'étais allé faire un discours au Parlement allemand. A la fin, je me suis tourné vers le président Johannes Rau pour lui dire: «Vous avez beaucoup fait depuis la guerre, vous êtes devenus une vraie démocratie, vous avez aidé Israël, vous avez aidé les survivants. Mais vous n'avez jamais demandé pardon au peuple juif.» Il y a eu un silence. Je ne sais pas comment c'est arrivé mais, un peu plus tard, il a pris l'avion, il est allé à Jérusalem, et il a demandé pardon officiellement...

N. O. - Pour votre personnage, le mot capital est «pourquoi». Mais pour vous, quelle est la question qui domine les autres?

E. Wiesel. - Pourquoi le monde est-il encore le monde qu'il est? En 1945, paradoxalement, j'étais très optimiste. Je pensais: on a appris. Si quelqu'un m'avait dit que je devrais encore combattre le fanatisme.... Ma question est : pourquoi le monde n'a-t-il rien appris ? Mais vous avez raison, ma vie est un point d'interrogation.

N. O. - Sous quelle forme pourra désormais se transmettre cette «histoire qui, jusqu'à la fin des temps, fera honte à l'humanité»? Vous appartenez à l'une des dernières générations de témoins directs des camps...

E. Wiesel. - Une espèce en voie de disparition. Je n'aimerais pas être le dernier survivant. Ce serait trop lourd. En même temps je ne suis pas peureux. Cet événement est le plus documenté de l'histoire. Même les bourreaux ont tenu des journaux. Les victimes, les enfants, les musiciens, les poètes ont témoigné. Dans les ghettos, on ne faisait que ça: on écrivait. Aujourd'hui encore, aucune période ne suscite autant de colloques, de publications... Ma peur, c'est la banalisation, la trivialisation de cette mémoire.




N. O. - Qu'avez-vous pensé quand Nicolas Sarkozy a voulu confier à chaque élève de CM2 la mémoire d'un enfant déporté?

E. Wiesel. - Je suis convaincu que l'intention était bonne. Mais à quel âge un enfant peut-il comprendre cet événement? Des gosses demandent à 8 ans, d'autres à 14, mais a-t-on le droit de forcer un enfant? Non. Si une maîtresse se rend compte que là, dans le coin, un petit garçon ne veut pas entendre cela, il ne faut pas le forcer. Nicolas Sarkozy n'a pas saisi le drame lié à cette position. Son idée m'a ému, mais aussi choqué.

N. O.- Au-delà d'un certain seuil, le devoir de mémoire ne risque-t-il pas d'être contre-productif? Votre narrateur dit bien de l'histoire qu'il va raconter que «la littérature en est déjà pleine»...

E. Wiesel. - Dans mon roman précédent, j'ai parlé de l'excès de mémoire : on peut devenir fou uniquement parce qu'on se souvient. Si je me souvenais de tout... Non, ce qui me fait peur, c'est l'emploi qu'on fait de cette mémoire: le kitsch, les docudramas. Il faut un peu de retenue. Il faut dire «moi».

N. O. - Vous pouvez le faire légitimement. Mais les autres? Doivent-ils passer par la fiction?

E. Wiesel. - Il est impossible d'écrire un roman sur Auschwitz. Soit ce ne sera pas un roman, soit ce ne sera pas Auschwitz. Que d'autres essaient, je ne suis pas un censeur; moi, je ne peux pas. Mais à propos de banalisation, voyez l'emploi du mot holocauste en Amérique. Je suis tombé à la télévision sur un programme sportif dont le présentateur s'exclamait, à propos de la défaite d'une équipe : «Quel holocauste !» Quand il y a un incendie, des morts, ce mot apparaît. Donc moi, je ne l'emploie plus. Je regrette de l'avoir fait, aucun mot ne convient. Faute de mieux, j'écris «Shoah» dans mon roman. Ou alors je dis «la destruction». Mais mieux vaut simplement dire «Auschwitz». Et si on le dit sans trembler, alors il ne faut pas le dire.

N. O. - Il est aussi question de Jérusalem dans votre roman. Restez-vous optimiste au sujet d'Israël?

E. Wiesel. - Je me force à l'être. Je suis convaincu qu'avant la fin de l'année il y aura une sorte d'accord de paix. On sent que les Israéliens veulent maintenant la paix. C'est juste une question de quelques mètres de territoire. Le problème n'est pas entre le Hamas et Israël. Il est entre le Hamas et le Fatah, qui n'arrivent pas à s'entendre, alors qu'Israël est prêt à payer le prix. Sharon m'a dit que le mur qu'il a fait construire serait détruit dans les 48 heures si la paix était rétablie. Oui, je reste optimiste. Je n'ai pas le choix.




Propos recueillis par Grégoire Leménager 


«Le Cas Sonderberg», par Elie Wiesel, Grasset, 256 p., 16,90 euros. «Entretiens avec Elie Wiesel. 1984-2000», par Michaël de Saint-Cheron, Parole et Silence, 156 p., 13 euros.

Source: «le Nouvel Observateur» du 23 octobre 2008.

Philippe Val : ''L'affaire Siné est un avertissement''

Philippe Val : ''L'affaire Siné est un avertissement''

Par Christophe Barbier, mis à jour le 23/10/2008 18:38:18 - publié le 22/10/2008 17:06

Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous, c'est trois livres en un. Le récit, d'abord, du procès des caricatures de Mahomet publiées par Philippe Val dans Charlie Hebdo, en février 2006. La narration, ensuite, de l'affaire Siné, licencié après des caricatures sur Jean Sarkozy, sa fiancée, le judaïsme et l'argent. Enfin, l'ouvrage tire d'édifiantes leçons sur la société française et, surtout, sur la gauche. Rencontre avec l'auteur.

L'issue de l'affaire des caricatures de Mahomet n'est-elle pas rassurante sur la résistance de l'Etat de droit à l'intolérance ?

Ce n'est pas si simple. Il a fallu faire campagne pour être jugé en droit, et non selon des stratégies politiques. On nous disait qu'il ne fallait pas exciter les forces sombres travaillant la communauté musulmane, ni porter tort au commerce extérieur de la France. Mais, malgré même les déclarations du président de la République d'alors, la justice a été rendue comme on le souhaitait.

Jacques Chirac a-t-il tout fait pour obtenir la condamnation de Charlie ?

Oui. Il a un tropisme proarabe. D'ailleurs, il habite toujours dans l'appartement parisien de Hariri, ce qui est un scandale. Il craignait aussi des attentats islamistes.

Argument recevable ? La démocratie doit-elle faire des concessions par prudence, condamner Charlie pour sauver des vies ?


Le terrorisme triomphe quand il crée chez nous de l'exception, quand nous suspendons les libertés fondamentales, quand la démocratie haïe se renie. Même pour ce qui semble anecdotique, comme la tenue des filles à l'école. Plus la démocratie recule, plus elle est victime du terrorisme. Elle doit donc préserver ses propres intérêts supérieurs, dont la liberté d'expression, au-delà des journaux. Ainsi, il y a la continuation de l'histoire de l'art, qui signe la vitalité d'une civilisation. La créativité est toujours au bord du scandale. Villon, Modigliani... La civilisation progresse par le commentaire scandaleux de ses propres canons classiques. Si cela s'arrête, elle se grippe, les libertés disparaissent. C'était l'enjeu des caricatures.

Notre démocratie n'est-elle pas fatiguée, trop vieille pour ces défis ?


« Si on publie des caricatures de Mahomet, il y aura des bombes dans le métro. Voulez-vous des attentats ? Non ? Alors refusez les caricatures. » Voilà qui est simple à comprendre, qui ne nécessite aucune médiation entre le locuteur et le citoyen. En revanche, il faut de la médiation pour expliquer que, en censurant les caricatures, la démocratie s'affaiblit. Or les médiateurs - politiques, intellectuels, élites, journalistes - ne sont plus entendus et le simplisme l'emporte. Ségolène Royal m'a envoyé un SMS - « Bonne chance pour votre procès » - et n'a pris aucune position publique, en pleine campagne présidentielle. Quelle déception ! Elle s'adresse aux gens avec des propos simples ; dès que c'est compliqué, elle préfère se taire. C'est de cela dont la démocratie est malade.

Nicolas Sarkozy vous a soutenu : par conviction ou par intérêt politique ?

Il tire peut-être un avantage politique de ce soutien, mais, sur un sujet difficile, alors qu'il y a plusieurs millions d'électeurs musulmans en jeu, il n'hésite pas. A mon sens, il n'a pas joué double jeu. 

Pourquoi dites-vous que c'est « au coeur de la gauche » que se joue l'affrontement décisif ?

Parce qu'il y a une gauche antieuropéenne, antidémocrate et surtout antiaméricaine qui prône les mauvais choix.

Cette gauche n'a-t-elle pas perdu le combat ?

En apparence, mais c'est peut-être parce qu'on a jeté un paillasson sur les querelles. Si elle ne les tranche pas vraiment, la gauche ne retrouvera pas le pouvoir, car elle s'épuisera toujours davantage à se combattre elle-même qu'à s'opposer à la droite. Un peu d'histoire. A partir de 1880 environ, une gauche apparaît, qui peut prétendre à un gouvernement démocratique, mais affronte une gauche proudhoniste, anarcho-syndicaliste, qui exprime en même temps sa doctrine sociale et son antisémitisme : l'anticapitalisme est aussi la dénonciation du juif, lié à l'argent. Cet affrontement perdure, par-delà l'affaire Dreyfus ou la Seconde Guerre mondiale. Dès la Libération, par son discours sur la France, de Gaulle ferme la porte à tout travail de mémoire ; la rupture de 1968 lance une période d'introspection : Paxton, Le Chagrin et la pitié, le procès Barbie, Shoah, etc. Les médiateurs font alors du bon travail, mais cette phase trop brève s'achève avec le procès Papon, utile mais insuffisant. La question antisémite n'est pas « lavée » à gauche. De plus, on passe d'une génération de journalistes dont le référent historique est Auschwitz et le modèle Albert Londres - on regarde, on raconte - à une génération dont la « scène primitive » est le conflit israélo-palestinien et les modèles, Denis Robert et Serge Halimi...

Peut-on, sur fond de ce conflit, être antisioniste sans être antisémite ?

C'est impossible. Israël est une démocratie et le sionisme est l'expression, partagée par la droite et la gauche, du patriotisme israélien. « Sioniste », c'est le mot pour dire patriote. Il n'y a qu'aux juifs qu'on refuse le droit au patriotisme. On peut légitimement se dire opposé à la politique du gouvernement israélien, mais se dire antisioniste, c'est se dire antijuifs.

République et nation, c'est la même chose, écrivez-vous. Est-ce si sûr ?

En France, oui : la République a accouché de la Nation.

Etes-vous républicain avant tout ?

Je suis avant tout démocrate.

Acceptez-vous qu'on soit républicain avant d'être démocrate ?

C'est un point de vue qui ne me gêne pas, sauf à gauche. Quand la nation se crée en France, elle se veut souveraine parce qu'elle est entourée de régimes hostiles. Lorsque cette souveraineté fondatrice est considérée comme un absolu - la « France éternelle » - alors, elle devient une idée maurrassienne, qui fonde la droite. Etre de gauche, au contraire, c'est approuver la mutation, accepter de se fondre dans un idéal collectif plus grand que la nation, de perdre une dose de souveraineté, d'accroître le partage démocratique. Je me demande donc ce que Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon font à gauche, alors qu'ils défendent ces thèses de droite. Tout à fait honorables, mais de droite.

Selon vous, une partie de l'anticolonialisme des années 1960 s'est muée en antisionisme. Effet de génération, qui s'éteindra ?

Besancenot ne serait pas si « tendance » si cela s'éteignait. L'anticolonialisme était une lutte tout à fait noble. Mais, dix ans après la Seconde Guerre mondiale, pour une partie de la gauche qui avait raté le rendez-vous avec la Résistance, l'enthousiasme anticolonial tombait à pic. L'Algérie, ce fut une session de rattrapage confortable : plus facile de lutter contre l'Etat français colon que contre les Allemands... Pour certains, il y a une revanche à prendre sur leur propre pays ou, comme chez Vergès ou Genet, une haine de la France. Après 1967 et la guerre des Six Jours, ils trouvent un colon de substitution : Israël. Avec une confusion entre les colonies d'Israël - qui ne serait pas contre ces obstacles à la paix ? - et Israël considéré comme colonie dans son intégralité. Cela permet à cette gauche d'exprimer son antisémitisme sans risquer l'opprobre.

Ceux qui tolèrent l'antisémitisme des pays arabes les « infantilisent » : que voulez-vous dire ?

On accepte chez eux des comportements, des propos qu'on ne supporte pas, qu'on pénalise chez les Occidentaux. C'est un mépris. Il faut dire aux Arabes : faites un travail de mémoire sur les liens de certains mouvements nationalistes et religieux arabes avec le nazisme, sinon vous n'édifierez pas de démocratie et ne profiterez donc jamais des richesses que vous pouvez produire.


Quelle taille a aujourd'hui la « nébuleuse rouge-brun » ?

Elle est disparate. Je ne pense pas qu'aujourd'hui elle puisse faire bloc autour d'un leader, mais elle empoisonne notre démocratie. C'est un toxique qu'on refuse d'attaquer, car on craint qu'elle ait, comme un iceberg, une importance cachée. Les politiques sont timides, prison- niers de l'idéologie de l'AOC, l'appellation d'origine contrôlée : comme s'il y avait aussi, derrière le « rouge-brun », une tradition à préserver ! Cela donne aujourd'hui, en France, une paranoïa antiaméricaine de type chaveziste, ou cette ahurissante mode de Cuba. Cuba est une horrible dictature, mais elle est AOC ; le juif, lui, est nomade, pas AOC. Quand la droite dit qu'il y a des choses éternelles et que la gauche affirme qu'il faut des mutations, la démocratie fonctionne. Que la gauche célèbre à son tour l'immuable, c'est anormal.

Virer Siné pour avoir insinué que Jean Sarkozy se convertirait au judaïsme par ambition sociale, n'est-ce pas oublier la leçon des caricatures ?

Ne pas voir la différence entre les deux affaires montre comme la médiation est difficile aujourd'hui. D'abord, Siné n'a pas dessiné une caricature, mais écrit un texte : c'est une différence importante. Ensuite, les caricatures de Mahomet tentaient de dénoncer l'instrumentalisation de la religion à des fins de crime de masse. Elles ne tombaient pas dans la vulgate raciste, comme, par exemple, établir un lien entre « Arabe » et « voleur ». Siné, lui, relie « juif » et « argent ».

Ne fallait-il pas attendre qu'un tribunal le condamne pour antisémitisme ?

Je ne l'ai pas viré pour antisémitisme et ne l'ai pas qualifié d'antisémite : je lui ai demandé de partir parce qu'il a refusé de lever l'ambiguïté de ses propos et de présenter des excuses.

Philippe Val
14 septembre 1952 : Naissance à Paris

1970 : Débuts du duo scénique avec Patrick Font ; ils rompent tout contact après la condamnation du second pour attouchements sexuels sur mineurs de moins de 15 ans, en 1998.

1992 : Lance La Grosse Bertha, puis relance, avec Cabu, Charlie Hebdo, dont il devient le directeur de la rédaction et de la publication.

Février 2006 : Charliepublie les caricatures de Mahomet.

Juillet 2008 : Philippe Val stoppe la collaboration de Siné à Charlie Hebdo


Que répondez-vous à ceux qui disent que son propos a été sanctionné parce qu'il visait Jean Sarkozy ?

Pour n'importe qui, j'aurais agi de la même façon. En outre, quel directeur d'un journal indépendant virerait un de ses collaborateurs à la demande de Sarkozy ? Aucun, je pense. Etant donné les fâcheux précédents, il est probable que Sarkozy ne demanderait jamais ça. Par ailleurs, il y a le reste de la chronique de Siné : quand il dessine une juive rasée, c'est non pas la représentation d'une Loubavitch, mais d'une déportée qui vient immédiatement à l'esprit. Comment Siné pourrait-il l'ignorer, lui qui a passé cinquante ans à dessiner des juifs et des Arabes ?

L'antisarkozysme est-il un antisémitisme ?

Dans un édito, il y a quelques mois, sur la énième loi sur l'immigration, j'ai écrit qu'elle encourageait la xénophobie, et j'ai pronostiqué que cela se retournerait contre Sarkozy : ceux qui applaudissaient ces lois, déçus plus tard par le président, le traiteraient de petit juif hongrois, et nous serions bien peu nombreux, ce jour-là, pour le défendre contre une opinion raciste. L'affaire Siné et les réactions qu'elle a suscitées sont un avertissement. C'est tombé sur son fils.

Le dessin de Plantu, dans L'Express, a choqué : est-ce à cause du brassard, dont il affuble tous les sbires, mais qui a été vu comme un insigne nazi sur votre bras, tandis que vous chassiez Siné à coups de bottes ?

Plantu utilise trop la symbolique et pas assez l'imagination. C'est le recours à la symbolique par manque d'idées qui l'a fait déraper. De ce point de vue, mais c'est moins grave, même ses colombes de la paix sont insupportables. De plus, son dessin me concernant a un côté « il y a le feu et j'apporte mon bidon d'essence ».

L'affaire Siné a-t-elle dépassé Saint-Germain-des-Prés ?

Le plus gênant, c'est qu'elle soit possible, avec Marianne, Libé, Le Monde, L'Obs, L'Express et Télérama, qui, à un moment ou à un autre, publient des pages contre moi. Cela lève des tabous et les gens se lâchent. Jamais, pendant l'affaire des caricatures, je n'ai été aussi insulté que lors de l'affaire Siné. La première a révélé quelque chose de la société, la seconde a dit quelque chose de nous, les « médiateurs ».

Si c'était à refaire ?

Je referais la même chose.


Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous, par Philippe Val (Grasset). 
295 p., 18,50 euros.

Philippe Val
14 septembre 1952 : Naissance à Paris

1970 : Débuts du duo scénique avec Patrick Font ; ils rompent tout contact après la condamnation du second pour attouchements sexuels sur mineurs de moins de 15 ans, en 1998.

1992 : Lance La Grosse Bertha, puis relance, avec Cabu, Charlie Hebdo, dont il devient le directeur de la rédaction et de la publication.

Février 2006 : Charliepublie les caricatures de Mahomet.

Juillet 2008 : Philippe Val stoppe la collaboration de Siné à Charlie Hebdo


jeudi 23 octobre 2008

Les Juifs existent-ils ?

Les Juifs existent-ils ?


Shlomo Sand voulait lancer la polémique. Il ouvre un grand débat

Mauvaise nouvelle pour les juifs : ils n’existent pas. Mais il n’empêche : en tant que juifs, ils doivent quitter le Moyen-Orient ou bien accepter de se fondre dans un Etat palestinien à majorité musulmane. Telle est la thèse et telle est la conclusion de l’essai de l’israélien Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé.


Commençons par la démonstration. La revendication ethnique des juifs sur la terre des Hébreux ne tient pas, soutient Sand, pour la bonne et simple raison que les Israéliens n’ont de liens généalogiques que fort ténus avec leurs ancêtres bibliques. L’universitaire n’apporte, à dire vrai, que peu d’éléments nouveaux : que la majorité des Ashkénazes soit issue du monde slave et du royaume kazhar, et que pour l’essentiel les Sépharades soient des Berbères, des Latins, et des Grecs convertis, voilà qui est dorénavant admis. Il consacre néanmoins de longs développements à nous narrer l’histoire de ces conversions sur trois continents, depuis l’époque où deux souches du judaïsme, la rabbinique et la paulinienne, rivalisaient en Méditerranée. L’une, défaite, privée de son Temple-Etat, renoncera au prosélytisme ; l’autre, ayant fait la conquête de l’empire romain et opéré une mue théologique radicale, refondera sa cité sainte – et entrera, majestueuse, dans l’Histoire sous le nom de catholicisme.

Dans l’”invention du peuple juif”, la période déterminante, poursuit Sand, sera celle des nationalismes européens du XIXe siècle. Redoutant – et combien à raison ! – que leurs coreligionnaires soient éradiqués d’une Europe rêvant d’Etats racialement et religieusement uniformes, une partie de l’intelligentsia juive imaginera un projet similaire. Il fallait pour cela une terre, et sur cette terre, une légitimité. Ce sera Israël, bien sûr, renommée Palestine par les Romains. Restait la question de la légitimité… Les Hébreux ayant été expulsés après la destruction du royaume d’Israël en 70 de notre ère, leur Exil devait prendre fin avec le retour en Terre promise. CQFD.

Le problème, selon Shlomo Sand, est que l’Exil est un mythe : si de très nombreux juifs émigrèrent de leur contrée dévastée, si davantage encore furent livrés à l’esclavage (leur descendants priant aujourd’hui dans des églises siciliennes ou criant “Allah Akbar !” dans les rues du Caire), la majorité resta sur place, privée de souveraineté. Les millions de juifs revenus en Israël depuis le début du XXe siècle, et plus encore après la fondation de l’Etat en 1948, seraient donc, à en croire l’auteur, les enfants non de l’Exil mais de sa conséquence : la conversion de nouvelles populations. Et sur place, ils trouvèrent face à eux des musulmans en grande partie d’origine juive1.

Si la conclusion de Sand ne nous intéresse guère2, son récit de la genèse du sionisme comme fiction ethnique (”un peuple-race en errance”) est stimulant. Quiconque s’est promené dans les rues de Tel-Aviv ne peut croire une seconde à l’unicité raciale des juifs : il y a un type danois, un type mongol, mais pas de type juif. Têtes blondes et têtes crépues, yeux bleus et noirs, peaux de lait et de pruneaux : tout cohabite en Israël3. Et c’est sans doute là que commence le débat le plus important : si être juif, ainsi que le dit à chaque page la Bible, ainsi que l’a montré pendant des siècles l’histoire, si être juif n’est pas une histoire de gènes, alors deux conclusions s’imposent à lecture de cet essai.

La première conclusion, c’est que les juifs doivent s’affranchir d’un rabbinat dont la conception du judaïsme les conduira à l’extinction démographique plus sûrement qu’Adolf Hitler4. Que les juifs reconstruisent leur Temple et se donnent un grand prêtre, puisqu’ils eurent jadis eux aussi un pape ; qu’ils laissent les libéraux, les réformateurs, et toutes les variantes du judaïsme universel, accueillir ceux qui veulent embrasser la foi d’Abraham ; qu’ils renoncent enfin à la seule (et relativement récente) matrilinéarité (”Est juif qui est né de mère juive”), et qu’ils le fassent soit à la lumière de l’Histoire (qui enseigne que les conversions féminines donnèrent le ton depuis l’empire romain) ou de la Bible (où des tribus entières sont subitement rattachées au peuple de Dieu). Dans cette perspective, la victoire des idées de Sand ne serait pas un désastre pour les juifs, bien plutôt une renaissance sans équivalent depuis les temps prophétiques.

Mais il y a, dans le droit fil de cette première conclusion, une seconde, toute aussi invincible et toute aussi réjouissante : il est impératif que l’Etat d’Israël retire au rabbinat orthodoxe ses pouvoirs délirants – que ces curés de campagne orientaux ne disent plus qui a le droit d’être juif, qui a le droit de se marier, de divorcer, etc., sinon au sein de leur seule obédience. Israël en sortira plus forte, démocratie enfin accomplie, accordant une place plus logique à ses minorités non juives (musulmans, chrétiens, asiatiques). N’est-ce pas, somme toute, ce à quoi aspire déjà une majorité d’Israéliens, qui s’exprime par le cinéma, la littérature et les manifestations monstres ? Shlomo Sand croyait que son essai, d’abord publié en Israël, provoquerait la colère. C’est un best seller. On l’invite partout, on l’interroge, on le discute. C’est ainsi : les juifs n’existent peut-être pas, mais ils prennent leur avenir au sérieux.

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Hypothèse qui rendrait la question des territoires de Judée et de Samarie encore plus insoluble, s’ils s’avéraient peuplés de juifs qui s’ignorent ? Le Moyen-Orient n’est plus à cela près. ↑

Ce que Sand reproche aux sionistes, tout bien pesé, c’est d’être arrivés “un peu tard” en regard des colonialismes turc (Anatolie), arabe (Maghreb) ou anglais (Amérique), lesquels ont été entérinés par l’Histoire. De même fait-il abstraction complète de ce qu’a été et demeure le “régime sioniste”, comparaison faite avec ses voisins arabes ou ses prédécesseurs européens et musulmans. Causeur reviendra sur ce point crucial. ↑

Illustration grandiose de cette schizophrénie : Les Dix Commandements, film que m’impose régulièrement mon premier-né. Les protagonistes hébreux y sont tous des Anglo-saxons bon teint (à commencer par Moïse, qu’incarne Charlton Heston) à l’exception de Ramsès (Pharaon campé par Yul Brynner, circoncis en son huitième jour) et du peuple d’Israël sortant d’Egypte (tous les figurants, ou presque, sont des musulmans). ↑

Lequel Hitler, me faisait remarquer mon ami new-yorkais Ernest Drucker, avait une conception nettement plus “libérale” du judaïsme : un seul grand-parent rendait éligible pour le grand voyage vers les chambres à gaz. On estime ainsi que des centaines de milliers d’êtres humains ont été exterminés dans les camps en tant que juifs, alors qu’ils n’auraient pas été reconnus comme juifs par l’administration cléricale actuelle. ↑

http://www.causeur.fr/les-juifs-existent-ils,1087

mercredi 15 octobre 2008

36 Hours in Paris

36 Hours in Paris


A vintage car parked in front of the restaurant Chez Julien.


By SETH SHERWOOD
Published: October 19, 2008



FROM the mime in white makeup to the Chanel-clad grande dame walking her poodle, Paris practically sags under the tonnage of its stereotypes. The Marais is the welcome exception. Far from central casting, Paris’s most swinging district brims with a vivid mix of characters. Stroll its medieval lanes and you’ll rub shoulders with muscle-shirted gays and feather-boa transvestites; long-bearded rabbis and scruffy rock musicians; West African restaurateurs and Eastern European bakers. And if you turn down the tiny rue de Montmorency, you’ll even be treading in the footsteps of the famous alchemist Nicolas Flamel. His former residence at No. 51 is said to be the oldest house in the Marais — and all of Paris.
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A Weekend in Paris 
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Marais District, Paris 

Friday

5 p.m.
1) HIP-HOP GALLERIES

You can hardly swing a baguette in the Marais these days without smashing a hot-shot art dealer or upstart gallery owner. To discover the neighborhood’s sizzling creative culture, first seek out the eponymous gallery of 40-year-old Emmanuel Perrotin (76, rue de Turenne; 33-1-42-16-79-79; www.galerieperrotin.com). This 17th-century mansion turned expo space is showing, until Jan. 10, the first-ever exhibition by the hip-hop impresario and furniture designer Pharrell Williams. Nearby rue St.-Claude is rapidly filling with contemporary art spaces, notably Galerie Frank Elbaz (7, rue St.-Claude; 33-1-48-87-50-04; www.galeriefrankelbaz.com) and Galerie LHK (6, rue St.-Claude; 33-1-42-74-13-55; www.galerielh.com).

8 p.m.
2) CLASSICAL FRENCH

Founded in 1780, Chez Julien (1, rue Pont-Louis-Philippe; 33-01-42-78-31-64) couldn’t feel more French if the servers sang “Frère Jacques” while serving crème brûlée. But this is no dainty tourist trap. Bought and renovated last year by one of the Costes family, best known for the luxurious Hôtel Costes, the restaurant has exquisite retro-chic décor like plush banquettes and tall mirrors. A stylish crowd of all ages dines on French classics — foie gras, frogs’ legs, rack of lamb and a massive Chateaubriand steak with good crispy fries — but the view is the marquee attraction. From the tree-fringed outdoor seats you can see the Seine, Notre Dame and, just footsteps away, the old St.-Gervais-St.-Protais Church. A three-course meal for two people, without wine, runs about 100 euros ($139 at $1.39 to the euro).

10 p.m.
3) A LOT TO DIGEST

For a digestif, join the assorted intellectuals crowding the classic zinc bar at La Belle Hortense (31, rue Vieille-du-Temple; 33-1-48-04-71-60; www.cafeine.com), a cozy Old World-style wine bar. Straight and gay, leather-bound and tweed-wrapped, the crowd swirls wines by the glass and chats animatedly about highfalutin topics. Even if you don’t know your Derrida from your derrière, no worries: The place is also a bookstore, stacked high with centuries of French and international literature. The back lounge, which has rotating art exhibitions, is the perfect spot to sip some hearty red Guigal Côte du Rhone (4.50 euros) and bone up on everything from Anouilh to Zola.

Saturday

10:30 a.m.
4) ROYAL TUTELAGE

How do you teach your adolescent son about the birds and the bees? If you’re Anne of Austria, mother of Louis XIV, you hire a one-eyed 40-ish noblewoman named Catherine de Beauvais to initiate him into, ahem, adulthood. Her tale is just one of the colorful anecdotes you’ll hear during the Marais tour offered by Paris Walks (33-1-48-09-21-40; www.paris-walks.com). The two-hour excursion (10 euros) includes architecturally splendid old town houses, the memorial to the Shoah and the 17th-century St.-Paul-St.-Louis Church.

1 p.m.
5) A LUNCHTIME ODYSSEY

The oldest covered market in Paris, the Marché des Enfants Rouges (enter on rue Charlot) was established in the early 1600s and remains a center of Marais life. A new structure has replaced the original, but it still houses cheesemongers, vintners and grocers. Better, there’s a bounty of small restaurants that resembles a Benetton ad: Italian, Japanese, French, Afro-Caribbean, Middle Eastern. Traiteur Marocain (33-01-42-77-55-05) ladles out Moroccan fare like fresh grilled sardines (7.50 euros) and lamb-prune-sesame tajine (8.85 euros).

2:30 p.m.
6) POST-STARCK DESIGNS

The nearby streets are home to Paris’s most inventive young creators. Inside the futuristic funhouse called Lieu Commun (5, rue des Filles du Calvaire; 33-1-44-54-08-30; www.lieucommun.fr), you’ll find housewares from Matali Crasset, a protégée of Philippe Starck, as well as electronic music CDs and street wear. At the homey shop OneNineSixOne (135, rue Vieille-du-Temple; 33-1-42-72-50-84; www.oneninesixone.com), Gaëtane Raguet transposes vintage photos of Paris and America onto canvas wall hangings and lampshades. When Christophe Lemaire is not embroidering alligators as artistic director of Lacoste, he sells 1950s-style V-neck sweaters and 1970s-inspired suede jackets at Lemaire (28, rue de Poitou; 33-1-44-78-00-09; www.christophelemaire.com), his personal Marais boutique.

4:30 p.m.
7) F-STOP PIT STOP

Has any city lit up under more flashbulbs than Paris? November brings Le Mois de la Photo à Paris — Paris Photo Month — with scores of exhibitions citywide led by the Maison Européenne de la Photographie (5-7, rue de Fourcy; 33-1-44-78-75-00; www.mep-fr.org). Notable shows include “An Experience of Amusing Chemistry” by the contemporary photographers David McDermott and Peter McGough, which recalls the American Gilded Age using 19th-century techniques. Also being held is a retrospective of the fearless Turkish photojournalist Goksin Sipahioglu, founder of the international photo agency SIPA, who captured landmark events and personalities of the 20th century from the Suez-Sinai War to the 1968 Paris riots. Shows run Nov. 5 to Jan. 25; 6 euros.

9 p.m.
8) SUSHI OR TARTARE?

The wild wall mural at Usagi (58, rue de Saintonge; 33-1-48-87-28-85; www.usagi.fr), with its mix of Japanese manga-inspired figures and French Baroque motifs, is an apt metaphor for the cooking. The brainchild of the artist and fashion designer Shinsuke Kawahara, this new minimalist-cool restaurant has generated a cult following for its clever French-Japanese hybrid cuisine. A tender filet of Salers beef is paired with a sweet miso broth and crispy lotus-root chips. Oven-roasted cubes of chicken are served with a chutney-like mix of sake, ginger and scallions. Desserts are equally inventive. Dinner for two without drinks, about 90 euros.

11 p.m.
9) FAIRE LA FêTE

That’s the French term for partying, and you have ample opportunity to use it in the Marais. The newest hot spot for gay par-ee is NYX (30, rue du Roi-de-Sicile; www.nyxclub.fr). Hidden behind a bakery façade, the small but lively club draws gays and lesbians alike for draft beer (3.80 euros) and D.J.-spun electro, rock and disco. The hot spot for straight revelers is Andy Wahloo (69, rue des Gravilliers; 33-1-42-71-20-38), a vaulted orange-lit room decorated with kitschy Arabic film posters, soda bottles and detergent boxes. It draws a well-dressed crowd who order the house cocktail (rum, banana liqueur, lime, ginger, cinnamon; 9 euros) and dance on North African-style banquettes.

Sunday

11 a.m.
10) TURN THE MEAT AROUND

As you enter the narrow, cobblestone rue des Rosiers, the smell of fresh-baked challah drifts from bakeries, and school kids in yarmulkes pop out of doorways adorned with the Star of David. This is the heart of Jewish Paris. Many Parisians say that the nation’s best shwarma and falafel are served at L’As du Fallafel. Alas, every tourist from every continent seems to be in on the news, resulting in lines more common to Madonna concerts. Instead, cross the street to Mi-Va-Mi (23, rue des Rosiers; 33-1-42-71-53-72), where the lines are shorter, the service is friendlier, and the falafel (5 euros) and spit-grilled shwarma (7 euros) are almost equally good. Ask for some zesty red salade Turque on top and finish with excellent fig strudel (3.20 euros) at nearby Florence Finkelstein (24, rue des Ecouffes; 33-1-48-87-92-85).

1 p.m.
11) VILLAGE PEOPLE

Need some Art Deco lamps, Baroque picture frames, vintage dresses or other French collectibles to bring back to your pied-à-terre? The Village St.-Paul (south of rue de Rivoli on rue St.-Paul; www.village-saint-paul.com) holds scores of boutiques that burst with retro finds. For those hard-to-find antique dolls of apes sporting fezes, try Lima Select (15-17, rue St.-Paul, 33-1-42-77-98-02), an emporium of unusual dolls and figurines. If dressing like a 1910 chorus girl is your thing, snap up some old lace, garters and frilly dresses at Francine (2, rue Ave Maria; 33-1-42-72-44-50). Amid all the colorful personalities of the Marais, you should fit right in. 

THE BASICS

Numerous airlines, includingAir France, Continental and Delta, fly direct between New York and Paris. According to a recent online search, flights for travel next month start at about $700. 

Celluloid titans live eternally at the Hôtel du 7eme Art (20, rue St.-Paul; 33-1-44-54-85-00; www.paris-hotel-7art.com), which is packed with movie memorabilia, some for sale. It’s a tad worn, but the location and price are prime. Doubles from 90 euros. 

You half expect to see mad monks at the Hôtel Saint Merry (78, rue de la Verrerie; 33-1-42-78-14-15; www.hotel-saintmerry.com). Housed in a 17th-century building by a church, it has 12 rooms done in medieval décor: dark wood, exposed beams, raw stone, even the occasional flying buttress. From 160 euros. 

For chic, in-the-know elegance, try the three-apartment complex at 5, rue de Moussy, known by its street address (33-1-44-78-92-00; ask for Patrice). Created by the fashion mogul Azzedine Alaïa, the large, airy apartments contain furniture from iconic designers like Mark Newsom and Jean Prouvé. The rate for two is 450 euros per night.

lundi 13 octobre 2008

Bat Ye'Or - "Pourquoi l'Europe est en danger"

Bat Ye'Or - "Pourquoi l'Europe est en danger"

Contre la dhimmitude, contre Eurabia, une interview de Bat Ye'Or, co-publiée sur Riposte laïque

Radu Stoenescu : Pour le public français qui ne vous connaîtrait pas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 


Bat Ye'Or : Je suis une réfugiée juive d'un pays arabe, l'Egypte. Mon père était italien, ma mère française, sa famille a porté l'étoile jaune en France durant l'Occupation. Après les lois fascistes italiennes, mes parents ont demandé la nationalité égyptienne qui fut créée en 1924 avec l'abolition de l'empire ottoman. Je fais partie de ce million de juifs qui ont dû quitter les pays arabes après une série de pogroms et de tueries, dépouillés de leur nationalité et de tous leurs biens. Je suis partie avec ma famille emportant deux valises par personne. Seuls des vêtements étaient autorisés - ils furent publiquement déchirés avant notre départ par des employés à l'aéroport - tout argent et bijou étaient interdits. Déchus de notre nationalité égyptienne, nous avons dû signer un document certifiant que nous renoncions à tous nos biens en Egypte et que nous n'y retournerions jamais. Nous devînmes apatrides et partîmes avec un laissez-passer Nansen délivré par le consulat suisse au Caire. Personne n'a voulu raconter ces événements, excepté les personnes qui en ont souffert, mais les média et les hommes politiques n'ont jamais évoqué les épreuves, bien plus tragiques que celles des Palestiniens, des réfugiés juifs des pays arabes. Les Juifs, en effet, ont subi un régime de terreur dès la seconde guerre mondiale, causé par l'alliance des populations arabes, notamment en Palestine, avec les régimes fascistes et nazis. 

L'exode juif fut suivi d'un exode chrétien, qui fut provoqué par un régime de discriminations et de meurtres, comme on le voit encore dans certains pays musulmans, Soudan, Irak, Egypte. Désormais, après le nettoyage ethnique des juifs, il reste les chrétiens. Je suis le résultat de tout cela, mais je suis également un écrivain, un chercheur, qui a écrit sur la condition des juifs et des chrétiens selon la loi du Jihad et de la Charia dans la civilisation islamique : comment ces lois ont évolué, ce qu'elles ont représenté pour l'ensemble des populations juives et chrétiennes soumises à ce statut particulier que j'ai appelé la dhimmitude. 

RS : Depuis combien d'années travaillez-vous sur ces sujets ? 

BY : J'ai commencé des études d'archéologie à Londres, que j'ai dû interrompre. Mon mari, historien de formation, m'a beaucoup aidé. Je travaille sur ces sujets depuis une trentaine d'années. Mais il est difficile de faire des recherches, parce que la dhimmitude est un nouveau concept, et parce qu'il s'oppose à la politique suivie par les gouvernements européens depuis 1973.

RS : Vous êtes connue justement pour avoir popularisé ce terme de la dhimmitude. Pouvez-vous en donner une définition succincte ? 

BY : J'ai étudié la situation des juifs et des chrétiens parce qu'elle est identique et mentionnée dans d'innombrables documents des pays méditerranéens islamisés. Mais la dhimmitude embrasse en fait l'ensemble des populations d'Asie : zoroastriens, bouddhistes, hindous. La dhimmitude résulte du Jihad et partout où il y a Jihad il y a dhimmitude. La dhimmitude représente la civilisation des populations non musulmanes conquises par le Jihad, guerre impérialiste d'islamisation de leur territoire. Le Jihad donnait aux vaincus le choix entre la conversion, la soumission ou l'esclavage, ou la mort. Les populations qui se soumirent subirent un statut discriminatoire qui tolérait les non musulmans, mais les rejetait dans une condition d'infériorité et d'avilissement dans tous les domaines. Quant aux païens, ils devaient généralement choisir entre l'islam et la mort.

RS : Comme en Inde ? 

BY : C'est cela, mais il y eut quand même des arrangements avec les hindous, puisque tous ne furent pas massacrés. La dhimmitude est prescrite par la Charia - les lois de la dhimmitude sont liées au Jihad, c'est-à-dire à la conquête islamique des territoires non musulmans. C'est cette conquête qui détermine le statut de ces populations. Les juifs et les chrétiens partagent exactement le même statut, mais les autres populations comme les zoroastriens ou les hindous ont un statut différent et inférieur à celui des chrétiens.

RS : On a entendu dire, par Tariq Ramadan par exemple, que la Charia serait une « voie spirituelle ». Est-ce que vous pourriez nous en dire plus sur la nature de la Charia ?

BY : La Charia représente une voie spirituelle pour les musulmans, ça fait partie de leur façon d'être, de penser, de se comporter et de gouverner. C'est le pilier de leur civilisation parce qu'elle instaure un ordre à la fois juridique et religieux. La Charia indique aussi aux musulmans comment vivre conformément à l'enseignement du Coran et du Prophète, ainsi que le comportement qu'un bon musulman doit adopter envers le non musulman. Naturellement, on ne peut généraliser, et en Occident nombre de musulmans refusent de s'y conformer. Beaucoup d'ailleurs ne la connaissent pas, c'est un sujet spécialisé réservé aux juristes et aux théologiens.

RS : Quel est le statut de la Charia par rapport au droit positif, par rapport à une loi politique ? 

BY : La Charia est définie par la religion. Elle édicte les règlements donnés par le Coran et la Sunna, la tradition vivante des paroles et des actes attribués à Mahomet. En islam, il n'y a pas de distinction entre politique, loi civile et religion. La juridiction est liée à la religion. Par exemple en Egypte et dans les autres pays musulmans les lois doivent être conformes à la Charia, c'est-à-dire aux prescriptions du Coran et de la Sunna. Il en est de même des droits de l'homme, d'où la nécessité de promulguer la Charte musulmane des droits de l'homme car la Déclaration universelle des droits de l'homme n'est pas conforme à la Charia fondée sur ces deux sources islamiques, Coran et Sunna. Nous avons ainsi deux types distincts de règlements concernant les droits de l'homme. 

RS : Est-ce que l'on peut dire avec Thomas Hobbes que la Charia est un « droit positif révélé » ? 


BY : On peut dire que la Charia est une droit révélé, dans la mesure où le Coran est une révélation dont chaque mot est attribué à Allah, à la divinité, ce qui n'est pas du tout conforme à l'interprétation de la Bible par les juifs et les chrétiens, qui ne considèrent pas que chaque mot de la Bible est la parole littérale et incréée de Dieu. La Bible est conçue comme un compendium écrit par différents auteurs, à différentes époques, composé de différents livres : historiques, juridiques, prophétiques, liturgiques, poétiques avec des psaumes et des proverbes, et dont l'enseignement, résultant de l'exégèse des textes, peut s'adapter à différentes époques. La conception de la prophétie est d'ailleurs totalement différente dans la Bible et dans le Coran. 

RS : Est-ce que l'on peut identifier ce corpus, la Charia, comme on peut par exemple identifier le Code civil napoléonien ? 

BY : Oui, on peut identifier le corpus de la jurisprudence islamique (fiqh ou droit musulman) Les différentes interprétations de la Charia comprennent les quatre écoles sunnites de droit et la cinquième école qui est chiite. Il n'y a pas de grandes différences entre ces écoles qui se réfèrent aux mêmes sources : Coran et Sunna. Je me permets de vous signaler l'excellent livre de Anne-Marie Delcambre, Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l'Islam ? (Editeur Desclée de Brouwer, 2007) qui explique parfaitement les fondements de la Charia et ses interprétations modernes.

RS : Est-ce que l'on pourrait dire que le droit musulman, le fiqh, correspond au droit canon dans l'Eglise catholique ? 

BY : Non, c'est très différent. Le droit canon est fondé sur les écrits des Pères de l'Eglise et les décisions des conciles, or les Pères de l'Eglise ne sont pas considérés comme des personnes ayant reçu une Parole divine infaillible, comme Mahomet. On peut critiquer les Pères de l'Eglise, on peut critiquer Saint Ambroise, on peut critiquer Saint Jérôme, on peut rejeter les décisions des conciles sur la base d'arguments rationnels. Il en est de même du Talmud, corpus des exégèses de rabbins dont l'autorité normative ne provient pas d'une origine divine infaillible, mais comporte l'élément de doutes et d'erreurs, inséparable de la nature humaine. Ce relativisme permet d'assouplir, d'adapter et de renouveler le dogme. Le droit canon a influencé le droit byzantin hérité de Rome, mais il ne l'a pas créé comme la Charia a créé la jurisprudence islamique. Il y a toujours eu un conflit avec l'Eglise qui cherchait bien sûr à influencer le pouvoir politique, mais le pouvoir politique maintenait son autonomie par rapport à l'Eglise. Par contre la Charia institue un droit fondé sur des paroles révélées et incréées qui ne prêtent pas à discussion, et chargées d'une valeur normative exécutoire et obligatoire. Ce sont ces différences dans les conceptions mêmes des révélations biblique et coranique qui ont déterminé les évolutions si différentes, voire opposées, de leur civilisation. Sans parler des contenus fort différents des textes sacrés.

RS : Que pensez-vous du foulard islamique, du voile des femmes ? 

BY : Moi, si j'étais une jeune fille et si je vivais dans un pays musulman, je me couvrirais du voile de la tête aux pieds ne serait-ce que pour me protéger de l'agression masculine. Parce que toute jeune fille, un peu jolie, un peu attirante, est soumise à un tel harcèlement sexuel à chaque moment de son existence dès qu'elle franchit le seuil de sa maison, qu'une vie normale est absolument impossible. On devient obsédée par le harcèlement sexuel que l'on supporte, par les attouchements continuels d'inconnus qui vous bousculent, qui vous touchent, dans les lieux publics, dans les cinémas, dans la rue, surtout dans les transports publics où les gens sont serrés comme des sardines en boîte. Je me place sur le plan pratique de la femme qui veut se protéger de l'agression des mâles.

RS : Quelles sont les raisons de ce harcèlement sexuel dans les pays arabo-musulmans ?

BY : J'ignore pourquoi les hommes dans les pays musulmans sont aussi agressifs envers les femmes. Serait-ce le climat, serait-ce la nourriture ? Ce sont des comportements que l'on retrouve à divers degrés dans les pays du Sud. En Europe, le voile ne se justifie pas, sauf si l'on veut suivre absolument les préceptes de la Charia, car en Europe, ce harcèlement sexuel n'existe pas. Je trouve que le voile ne devrait pas être autorisé dans les lieux publics et surtout pas sur les pièces d'identité. On doit pouvoir montrer son visage, car on ne sait pas qui se cache derrière le voile, ce pourrait être un criminel ou un terroriste. 

RS : Que pensez-vous de la loi française interdisant le voile à l'école ?  

BY : La France est une République laïque, donc l'interdiction du voile à l'école est justifiée. Le voile est une forme de propagande qui devrait être interdite auprès d'enfants à l'école. Je pense aussi que les immigrés musulmans ont choisi d'immigrer en Europe, et que par conséquent il est de leur devoir de respecter les lois des pays d'accueil et non pas d'imposer leurs propres lois.

RS : Est-ce que vous pensez que la laïcité est en danger en Europe ? 

BY : Oui, c'est certain. Avec le multiculturalisme, c'est-à-dire avec l'acceptation des lois islamiques et des codes de comportement islamiques dans l'espace européen, on accepte un principe qui est totalement opposé à la laïcité, puisque la laïcité n'existe pas dans l'islam, pour l'instant, même si la Turquie a essayé de le faire. C'est même totalement interdit par la Charia : en islam, la politique doit être au service de la religion, afin d'étendre la domination de l'islam. Et cela, c'est Ibn Khaldun qui l'a énoncé, un grand juriste et érudit musulman du 14ème siècle.

RS : Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par Eurabia, un autre concept dont vous êtes l'inventrice, et qui fait pendant à celui de dhimmitude ?

BY : Eurabia, c'est la nouvelle culture européenne forgée par l'alliance des dirigeants européens avec les pays de la Ligue Arabe, visant à créer une société multiculturelle méditerranéenne dans laquelle l'islam et le christianisme vivraient en osmose. Cette union de tant de pays constituerait un pôle stratégique qui contesterait la puissance américaine et, bien sûr, supprimerait Israël, car les Arabes exigeaient comme condition essentielle à cette alliance euro-arabe, le soutien européen à Arafat et à l'OLP, et la destruction de l'Etat d'Israël. Eurabia a engendré cette culture de haine anti-israélienne qui, au plan théologique, s'efforce de supprimer les sources juives du christianisme pour en faire une religion sui generis comme à l'époque nazie, car le nazisme aussi voulait déjudaïser l'Eglise. Ce déni des origines conduit au reniement de soi et génère une confusion des valeurs, inexistantes aux Etats-Unis. Cette évolution étant centrée sur la Palestine, puisque l'alliance euro-arabe s'est scellée sur la solidarité européenne avec les Palestiniens et la légitimation de leur guerre contre Israël, on peut définir Eurabia comme la palestinisation de l'Europe. Du reste, la jeunesse européenne arbore fièrement les keffiehs des terroristes palestiniens, symbole du jihad qui la détruira.

RS : En quelque sorte, l'anti-sionisme est devenu l'appellation politiquement correcte de l'antisémitisme ? 

BY : Exactement. Ceci a conduit l'Europe à renier ses racines juives, à élaborer une conception palestinienne de la non judéité de Jésus (opinion maintenant majoritaire dans les Eglises), donc à se séparer de ses fondements bibliques, ce qui rend le christianisme plus vulnérable à son enracinement dans le Coran. D'où le développement du gnosticisme, du marcionisme, théories contraires à la doctrine de l'Eglise mais professées et diffusées en Occident par les Eglises palestiniennes dhimmies. Dans cette fusion islamo-chrétienne sur le cadavre d'Israël, croissent les germes de destruction de l'Europe et du christianisme, et c'est ce à quoi nous assistons en ce moment. 

RS : Que pensez-vous justement de l'Union européenne ?

BY : L'Union Européenne s'efforce tout d'abord d'affaiblir les états-nations, de supprimer les identités nationales afin de construire une union transnationale forte pourvue d'une seule politique commune extérieure qui pourrait parler à égalité avec les grands : l'Amérique, la Russie, la Chine. L'on assiste maintenant à la lutte de l'UE contre les nationalismes locaux, contre les identités culturelles considérées comme des obstacles politiques à l'unification et au multiculturalisme, c'est-à-dire à cette société méditerranéenne islamo-chrétienne. L'Union Européenne cherche également à renforcer les organismes internationaux considérés comme les futurs piliers d'une gouvernance mondiale destinée à diriger l'humanité dans la paix. Dans ce but, elle a développé des réseaux liés à ces organisations telles que l'ONU, l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), la Ligue Arabe, la Ligue Musulmane parmi d'autres. Or les organisations internationales comme les Nations Unies par exemple, sont fortement influencées par l'OCI qui regroupe 57 états musulmans. L'Europe est donc à son insu dominée par la politique de l'OCI qui influence ses réseaux, comme par exemple l'Alliance des Civilisations qui adhère à une vision islamique de l'histoire et des conflits, et préconise des solutions conformes au point de vue musulman. Certaines sont déjà appliquées à l'insu des européens comme les restrictions à la liberté d'expression, l'adoption d'un lexique respectueux des sensibilités musulmanes, l'acceptation de tribunaux charia, les accusations d'islamophobie et le laxisme en matière d'immigration. En fait, l'Europe a créé toutes les conditions nécessaires pour l'émergence d'un Califat mondial en travaillant à créer les instruments d'une gouvernance internationale d'où les conceptions occidentales seront éliminées.

RS : Est-ce qu'il existe pour vous une différence entre islam et islamisme ? 

BY : Non, pas vraiment. Il y a certes des musulmans non violents, mais il est admis que tous les musulmans n'ont pas besoin d'aller à la guerre et qu'ils peuvent y contribuer avec de l'argent ou la propagande. Et c'est ce que l'on voit chez de nombreux musulmans d'Europe qui envoient beaucoup d'argent aux mouvements jihadistes. Mais il y a aussi des musulmans qui ont une conception moderniste et hétérodoxe de leur religion et qui adhèrent aux idées modernes et aux valeurs occidentales et qui sont parfaitement intégrés dans la société. On ne doit pas minimiser cette tranche importante de la population qui vit coincée entre les menaces des islamistes et la méfiance des Occidentaux.

RS : Que pensez vous que nous pourrions faire pour arrêter l'islamisation de l'Europe ? 

BY : Il faut d'abord prendre conscience de ce problème, puis il faut vouloir s'y opposer, ce que tout le monde ne souhaite pas, car bien des personnes désirent cette islamisation. Si ce n'était pas une politique voulue, elle ne se serait pas réalisée. 

RS : Quelles sont les mesures politiques qu'il faudrait prendre ? 

BY : Il faudrait tout d'abord arrêter l'immigration, et pas seulement pour préserver nos libertés, mais aussi pour des raisons économiques, car nous allons vers une récession et que nos sociétés ne peuvent fournir du travail à des masses de migrants. Ensuite, il faudrait demander aux européens s'ils considèrent que leur pays est un territoire ouvert à la colonisation. Si ce n'est pas le cas, il faut mettre un frein à l'immigration et exiger l'intégration. Ensuite, il faudrait leur demander s'ils veulent maintenir l'Etat de droit, la démocratie, le droit à la sécurité de la personne et aux libertés constitutionnelles aujourd'hui bafouées par le terrorisme et les fatwa, qui menacent aussi les musulmans. Puisqu'on est encore en démocratie, les réponses détermineront les politiques dans le respect du droit humanitaire. 

RS : Si je vous comprends bien, ce qu'il faudrait faire, c'est arrêter l'immigration et prendre des mesures fortes pour valoriser l'identité européenne ? 

BY : La valorisation de l'identité européenne est un autre élément. La perception de cette identité est confuse, nos leaders affirment que l'islam fait partie de notre identité et que notre culture provient de l'islam. On ne peut lutter contre l'islamisation si nous sommes déjà nous-mêmes spirituellement musulmans. On ne peut se valoriser si l'on ignore qui l'on est. Dans la dhimmitude on ne valorise que l'islam, pas le dhimmi qui est toujours inférieur. Si comme l'affirment nos leaders, notre culture, nos arts, notre science et notre civilisation viennent de l'islam, il n'y a plus rien à valoriser.  

La culpabilisation des Européens s'intègre dans les relations de dhimmitude, c'est-à-dire d'infériorité, que l'Europe a accepté d'établir avec les pays musulmans. L'UE a lancé une campagne culpabilisant les Européens, parce que les 57 pays de l'OCI ont réclamé que l'islamophobie soit combattue par des mesures légales, tant au niveau local qu'au niveau international, c'est-à-dire au niveau de l'ONU, et que la persistance de l'islamophobie pourrait avoir sur le plan de la sécurité de graves conséquences. C'est pourquoi les gouvernements de l'Union européenne ont décidé que nous étions islamophobes, que les mouvements nationalistes ou d'identité culturelle étaient racistes, xénophobes, etc. Ils ont adopté une politique visant à nous guérir de « notre racisme » et l'on voit des spots à la télévision dans ce sens. 

RS : Quelles sont les menaces que les pays de l'OCI font planer sur l'Europe pour que celle-ci fasse cette campagne de culpabilisation à l'islamophobie ? 

BY : Les pays de l'OCI n'enverront pas d'armées, mais les réactions de violence causées par les fameuses caricatures, et les attentats terroristes à Londres, à Madrid, en Hollande, témoignent des possibilités de représailles. En Angleterre, on vient d'arrêter des terroristes opposés à la publication d'un livre sur l'une des épouses de Mahomet. Je reconnais que certains écrits sont irrévérencieux, blessant pour un croyant, mais la satire et la critique constituent un élément essentiel de la culture européenne. On ne sait comment maîtriser le terrorisme, puisqu'on assiste à un terrorisme européen local, issu de la deuxième génération. Subissant la menace terroriste, on est bien obligé de s'en protéger par des mesures de sécurité anti-terroristes. Or les pays de l'OCI considèrent ces mesures de sécurité anti-terroristes comme une agression contre les droits de l'homme musulman. Ils demandent à nos gouvernements de suspendre ou d'alléger ces mesures, de ne plus surveiller les mosquées et le contenu de leur enseignement et des prêches, et de supprimer les restrictions concernant l'asile et l'immigration. Ils considèrent que les restrictions à l'immigration, les demandes d'intégration, le refus du multiculturalisme et les mouvements européens d'identité nationale et culturelle sont islamophobes.

http://www.surlering.com/article.php/id/5247

mardi 7 octobre 2008

Keeping the Faith

Questions for Edgar M. Bronfman Sr.

Keeping the Faith


As the former head of Seagram and a billionaire philanthropist who has spent much of his fortune battling anti-Semitism worldwide, you have just written a book, “Hope, Not Fear,” that argues for a kind of neo-Judaism that loosens up the rules of observance, welcomes converts and has nothing to do with synagogue. I don’t know that I would call it neo-Judaism. The Jewish part will remain, but it’s our attitude that has to change. Instead of shunning people who marry out, we need to welcome them. I think that if we want to grow Judaism, we have to accept interfaith marriage for what it is.

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Christian Oth for The New York Times

Edgar M. Bronfman Sr.


Do you think you favor inclusiveness because you yourself have seven children — and their spouses of various faiths — from how many marriages? Two.

I thought it was more. Well, I’ve had three wives. I’ve had five weddings.

In your book, you seek to define Judaism as something besides religious belief. I don’t believe in the God of the Old Testament, but I am happy with my Judaism, without that.

If you take the spiritual element out of Judaism, what is left? Some would say the rest is just archaeology, bones in the desert. That’s their problem; that’s not my problem. What we have left is our ethics, our morals. It was our people who developed the Ten Commandments, and civilizations all over the world are based on the Ten Commandments. Whoever wrote that — and we assume it was Moses — had a great deal of wisdom.

But every religion has an ethical system. Well, they do now. But we were the first.

Why is it important to you that Judaism continues? There are things we have to do. For instance, Darfur, Cambodia, Rwanda. There have been holocausts since our Holocaust. We should be the first people to stand up and say this is unacceptable, but we don’t. We say, “Never again,” just for us. We have to say, No, it’s for everyone, this “Never again.”

Are you a Democrat? That depends on who the Republican candidate is. I’m a Democrat now. I’d vote for Mickey Mouse before I voted for John McCain and Sarah Palin.

Why do you give your money to Jewish causes instead of broader social causes? There are not that many of us in the Jewish world who understand that we are in crisis. We are not in crisis because of anti-Semitism; we are in crisis because we are disappearing through assimilation.

How do you know that anti-Semitism is no longer a threat? I think the greatest evidence of that is when Al Gore lost but didn’t lose the election in 2000, nobody blamed it on Joe Lieberman because Joe was a Jew. Nobody. I never heard that.

As a kid growing up in Montreal in the ’30s and ’40s, were you observant? No. When I was supposed to go to synagogue on Saturdays, my father went to the office. What made him think I was going to go to synagogue if he went to the office? The hell with that.

I see that Forbes magazine just listed you as the 105th-wealthiest person in this country, with an estimated worth of $3.5 billion. Is that right? I don’t look, and I don’t comment.

But is that figure correct? I haven’t added it up.

Did you lose a lot of money in the Wall Street meltdown last month? I don’t know. I don’t watch it on a day-to-day basis.

Do you get upset when you lose large sums of money overnight? I get over it very quickly.

You don’t get ulcers? My father put it right when he said: I don’t get ulcers. I give ulcers.

At 79, do you drink whiskey or other Seagram products? Once a week. Friday, before dinner. I like Chivas Regal.

What are you praying for in 5769, the year that just began on the Jewish calendar? To be able to keep doing what I’m doing! At my advanced age, I think that’s enough.

INTERVIEW CONDUCTED, CONDENSED AND EDITED BY DEBORAH SOLOMON

French Theory in America, Part Two

April 20, 2008,  8:08 pm

French Theory in America, Part Two



Well, there’s life in that old dog yet. My editor thought that a column on French theory would elicit a small number of responses from readers interested in continental philosophy. More than 600 comments later, it is clear that terms like deconstruction and postmodernism still have the capacity to produce excitement and outrage.

Some of the comments canceled each other out. A number of posters found my exposition unintelligible, jargon-ridden and poorly written. An equal number found the column straightforward, accessible and helpful as an account of a body of thought that had previously seemed abstruse and impenetrable. A third group (much smaller) complained that the very lucidity of the exposition constituted a betrayal of the theory’s insights because it suggested that deconstruction was itself an object that could be fully mapped out and mastered by an analyst surveying it from a distance. My essay fails, says Jeffrey Z, because “only a recursive writing on the level of Derrida’s …would be able to escape the act of imposing a structuralist framework.”

I take it that by “recursive writing” he means a writing that keeps doubling back on itself and refuses to proceed in a linear fashion toward a portable conclusion. This is certainly the case with many Derridean texts, which notoriously begin with a questioning of the notion of beginning and announce every few pages that the beginning is actually beginning only to go on and disappoint those readers who were seduced (momentarily) into thinking that in a few more sentences they would be in control of a consecutive argument. Derrida’s so-called obscurity is not willful or evidence of a disordered mind; it is the (anti)expository equivalent of the (non)lesson deconstruction teaches, and according to Jeffrey Z, I sin against the spirit of that (non)lesson by trying earnestly to rehearse it.

Of course, “we all,” he says, do the same thing. D certainly does it when he tells us that Derrida’s “language is performative”; that is, its own unfolding or, rather, refusal to unfold, is its message: “it is not so much in the ‘saying’ but in the ‘saying’ as ‘doing.’” D’s use of quotation marks tells us that we are not to understand the words they surround as we usually do in everyday writing and reading, but does not tell us what the alternative, better meanings are; for if it did that it would produce a new simple sense that would have to be put within quotations marks in turn.

Derrida sometimes called this “writing under erasure”: you receive the words but are blocked from finding either comfort or knowledge in their conventional or standard meanings. Derrida’s style, then, enacts the deconstructive point that meaning is always elsewhere, a point also insisted upon over and over again by those religious thinkers (like St. Augustine) who warn us against the almost inevitable sin of idolatry, the sin of mistaking a historical, limited, partial meaning for the true meaning which always escapes and exceeds its momentary instantiations.

Like the rigorous theological refusal to deify (or reify) what is secondary and created, deconstruction refuses to allow us to rest in what Rob terms the “images of presence”; instead it alerts us to the “trace of the unthinkable within the thinkable” and to the impossibility of ever getting to the unthinkable itself. Rob concedes that I may recognize the impossibility at some level but, he says, I fail to affirm it in my account, presumably because I am too busy (as I am now) trying to get it right.

Many posters thought that I got it wrong, especially when I declared that deconstruction has no political implications and does not mandate or authorize or subvert any course of action. Some made this assertion into a complaint: “it doesn’t do anything.” Or “one thing leads to another, and another, but no end is ever reached. Ken Nielson observes that while literary criticism “at its best seems to me to contribute to a …better understanding of a work,” theory “does not…do this.” No, it doesn’t. Theory, at least of the French kind, doesn’t do anything; or so I claim. Yes, it does, retorted many respondents, half of whom said it does something bad, while the other half said it does something good.

The first group insists that those subjected to deconstructive arguments risk having their most cherished beliefs taken away from them. B.J. Pryor observes that for many people the “Truth of certain propositions is the bedrock of their value systems and spring of their actions,” and if professors “teach … that there is no truth that can be apprehended, and that all human expressions are ‘socially constructed,’ how can their parents “not believe that those professors have undermined” their children’s faith in those truths? But deconstructive arguments undermine no truths or propositions except those propositions that make up a general account of truth, an account purporting to explain the emergence of the truths you will still hold to when the explanation has been given and has proven persuasive.

An account of truth is a very special accomplishment. Most people who are not philosophers don’t have one. That is, they don’t affirm truths because a theory of truth directs them to; they just believe that some things are true (and others false); and if you were to ask, “why do you believe that?”, they would respond by citing some survey, or some authority, or some statistic, or something they heard on talk radio. They would not respond by announcing a theory of truth, and if they did, you would be justified in saying, “I wasn’t asking for a theoretical account of truth in general; I was asking for a defense of the claim that this particular assertion — the Iraq war is going well; global warming is a man-made phenomenon; the housing crisis is over; regulation of guns reduces violence — is true.”

General accounts of truth fall under the category of epistemology — inquiries into how we come to know the facts and truths we routinely affirm. But paradoxical as it may seem, an account of how we know will have no effect on what we know. I may change epistemologies — that is, I may trade in my old realist or correspondence account of truth for an account in which truths and facts are the effects of systems of signifiers rather than of a direct encounter with an unmediated reality — but that change will not change my conviction that this or that particular thing is true.

The fact that I now have (in the sense of being willing to rehearse) a new epistemology will not alter my belief (if it is mine) that global warming is man made; for the reasons I hold that position would not include an abstract philosophical thesis about the ultimate source of my beliefs; rather, the reasons would include the usual mundane considerations of scientific measurements, the record of climate cycles, the pronouncements of prominent researchers, etc. No conviction of a particular truth — no conviction produced by the ordinary process of compiling, assessing and evaluating evidence in a limited field of inquiry — can be either validated or invalidated by a theory of truth in general. As RBK says, “Pragmatism gets us through life, not knowledge of truth.” No concrete proposition, wrote John Dewey, “follows from any general statements or from any connection between them.”

The mistake is to think that because a theory of truth is general in scope it has implications for questions of truth no matter where they arise. But theories of truth count only in the arena in which they are competing with other theories of truth, where the arguments made are not tested against the world, but against the arguments urged by rival theorists. The only thing that is different when one theory of truth supplants another (in the mind of an individual or in the corridors of the academy) is that different answers will be given to questions of epistemology; the answers given to any other questions will be what they were until some new piece of evidence in the field — and a theory of truth will not be one — proves persuasive.

When Alan Sokal challenged those who made deconstructive and postmodern arguments to jump from the window of his high-floor apartment, he assumed that their theoretical belief that facts are effects of discourse and not direct messages from the world would logically lead them to happily defy the fact of gravity. But the fact of gravity is known to them not by virtue of their commitment to any theory of truth — correspondence, coherence, perspectivist or whatever — but by virtue of the experiences they have had falling off a curb or of watching what happens when a flower-pot slips off a window ledge or when a tight-rope walker loses his balance.

These of course are the same experiences people who wouldn’t know a theory of truth if it hit them in the face will have had, and there is no difference at all between the reasons those happy innocents have for not jumping out of windows and the reasons postmodernist theorists have for not jumping out of windows. Reasons are reasons within particular arenas of inquiry and practice (and general theory is itself a particular arena of practice); they do not travel from one practice to another; they are not always and everywhere in force (except, perhaps, when they are reasons attached to a very strong theology).

So, the bottom line (a phrase I do not apologize for) is that deconstructive or postmodernist arguments don’t take anything away from anyone (except the ability to affirm arguments they have dislodged). But if deconstructive and postmodernist arguments don’t have the negative effects cited by their detractors, neither do they have the positive effects celebrated by their champions. They do not for example lead us to be less dogmatic because in hearkening to them “we acquire a ‘soft’ stance on what we believe to be ‘true.’ We stop believing that our truth is THE truth and so we are always open for dialogue.”

But (to make the point again) the degree to which our conviction of a truth is firm or soft will depend on how massive and conclusive the relevant evidence is, and an account of truth that flies far above any set of facts on the ground will not be relevant; you can’t get from it to any position on a disputed matter. As for “openness to dialogue,” we are more or less open to dialogue depending on the extent to which we think that a question is or is not settled. And if a settled question is to be reopened, it will not be because a general deconstructive doubt had been raised, but because a doubt has been produced by the invalidation of a specific piece of evidence (and remember general theories are not pieces of evidence) that had been considered conclusive.

If general theories of truth do not produce psychological states, neither do they produce the political tendencies that supposedly follow from those states. Nelson Alexander says that “In politics the ‘coherence theorist’ is obliged to be more tolerant and inclusive than the “correspondence theorist.”

No, tolerance will follow (or not) from an assessment of whether or not a particular piece of behavior is or is not harmful, and that assessment will not be mandated or even inflected by a theory of truth whatever its content; rather it will be the result of a consideration of empirical causes and effects. Depending on his or her history, education and political situation, someone who believed that truths emerged via a direct confrontation with a brute world could be the most tolerant of persons and, on the other side, someone who believed that the truths we affirm are relative to the vocabularies we employ at a given time could be the hardest of hardliners, and a hanging judge.

There is just no necessary or even likely relationship between one’s performance as a theorist and one’s performance in the polity. Paul de Man could have written those controversial essays, brandished triumphantly by several posters, had he turned out to be a card carrying analytical philosopher in the tradition of Frege and Russell; his early political/cultural views and his later theoretical views were independent variables. The answer to the question, What does it say about deconstruction that one of its celebrated proponents was arguably a Nazi sympathizer? is “Nothing.”

But even if deconstructive arguments do not mandate or generate particular political positions, do they not by alerting us to the socially constructed nature of any position encourage a progressive rather than a conservative politics? “The political power of deconstruction,” declares Robert Siegle, lies “in its ability to denaturalize what is typically assumed to be natural, or given.” The idea is that the insight that our convictions rest not on bedrock but on historically produced and revisable assumptions can be used to challenge claims that this or that practice (slavery, misogyny, anti-Semitism) is a reflection of the way things are and must be; it can be an engine against authority. “Once we acknowledge that we are dealing with constructions… then we can question what we are told.”

But the lesson that we are always dealing with and living within constructions is once again too general to be powerfully helpful. What is required if criticism of a settled authority is to be effective is a demonstration that the construction on which it rests is pernicious; demonstrating that it is a construction will not do the job, because as I said in my first column, you can’t criticize something for being socially constructed if everything is. As a general thesis about knowledge, deconstruction doesn’t do any work. It may be an invitation to work, but the work, if done, could well reveal that the challengeable assumptions underlying a conservative political position are ones you are inclined to embrace. I stand by my assertion that deconstruction does not and could not have a politics.

Those who argue otherwise must make constructedness into a matter of blame, as A does when he or she says that “An epistemology that so rigorously highlights the untenable foundations of ideas tends not to conserve those ideas.” But the vocabulary of tenable and untenable requires a vantage point from which that distinction could be made. It could no more be concluded on the basis of deconstruction that a foundation was untenable than it could be concluded that it was tenable. Deconstruction is just not in that line of judgmental and political work. It is not the answer to any empirical question. Tom nails it: deconstruction is “relentlessly ‘out of work.’”

What this means is that since deconstruction cannot provide us with a way of distinguishing between the socially constructed contexts it finds everywhere, it drives us back to those contexts and to the standards, protocols and evidentiary procedures that reside, however provisionally, within them. Not only does deconstruction not threaten anything or deliver anything, it doesn’t change anything. This is not to say that it is useless, just that its uses are properly confined to the ongoing conversation about epistemology in which it is a participant.

So what was all the fuss about? Partly it was about the contingent effects of a sexy new way of thinking that pretty much swept the field in a number of academic disciplines, something that had happened even more dramatically and quickly in the late ’50s and early ’60s when Noam Chomsky’s “Transformational Grammar” made walking ghosts out of previously celebrated academics in a matter of months.

It’s an old story — new kid on the block takes all the marbles — and it had its casualties, Ph.D’s trained in fields that were no longer hiring; scholars who could no longer get their work published, programs that died on the vine because students stopped flocking to them, students who were force-fed a bunch of stuff they couldn’t digest. And it also had its glories, new avenues of investigation opening up everyday, new heroes to put on a pedestal, new vocabularies to apply to old texts, new venues for publication, an exciting round of conferences, many of them taking place in exotic locations.

Those who were able to catch the wave could say with Wordsworth, “Bliss was it in that dawn to be alive.” But these effects, good and bad, happy and unhappy, did not flow from deconstruction as a matter of right and property; they were effects of which deconstruction just happened to be the occasion.

It could have been something else, and no doubt in the not-too-distant future it will be.




Stanley Fish is the Davidson-Kahn Distinguished University Professor and a professor of law at Florida International University, in Miami, and dean emeritus of the College of Liberal Arts and Sciences at the University of Illinois at Chicago. He has also taught at the University of California at Berkeley, Johns Hopkins and Duke University. He is the author of 10 books. His new book on higher education, "Save the World On Your Own Time," has just been published.

French Theory in America

April 6, 2008,  7:19 pm

French Theory in America



It was in sometime in the ’80s when I heard someone on the radio talking about Clint Eastwood’s 1980 movie “Bronco Billy.” It is, he said, a “nice little film in which Eastwood deconstructs his ‘Dirty Harry’ image.”

That was probably not the first time the verb “deconstruct” was used casually to describe a piece of pop culture, but it was the first time I had encountered it, and I remember thinking that the age of theory was surely over now that one of its key terms had been appropriated, domesticated and commodified. It had also been used with some precision. What the radio critic meant was that the flinty masculine realism of the “Dirty Harry” movies — it’s a hard world and it takes a hard man to deal with its evils — is affectionately parodied in the story of a former New Jersey shoe salesman who dresses and talks like a tough cowboy, but is the good-hearted proprietor of a traveling Wild West show aimed at little children. It’s all an act, a confected fable, but so is Dirty Harry; so is everything. If deconstruction was something that an American male icon performed, there was no reason to fear it; truth, reason and the American way were safe.

It turned out, of course, that my conclusion was hasty and premature, for it was in the early ’90s that the culture wars went into high gear and the chief target of the neo-conservative side was this theory that I thought had run its course. It became clear that it had a second life, or a second run, as the villain of a cultural melodrama produced and starred in by Allan Bloom, Dinesh D’Souza, Roger Kimball and other denizens of the right, even as its influence was declining in the academic precincts this crew relentlessly attacked.

It’s a great story, full of twists and turns, and now it has been told in extraordinary detail in a book to be published next month: “French Theory: How Foucault, Derrida, Deleuze, & Co. Transformed the Intellectual Life of the United States” (University of Minnesota Press).

The book’s author is Francois Cusset, who sets himself the tasks of explaining, first, what all the fuss was about, second, why the specter of French theory made strong men tremble, and third, why there was never really anything to worry about.

Certainly mainstream or centrist intellectuals thought there was a lot to worry about. They agreed with Alan Sokal and Jean Bricmont, who complained that the ideas coming out of France amounted to a “rejection of the rationalist tradition of the Enlightenment” even to the point of regarding “science as nothing more than a ‘narration’ or a ‘myth’ or a social construction among many others.”

This is not quite right; what was involved was less the rejection of the rationalist tradition than an interrogation of its key components: an independent, free-standing, knowing subject, the “I” facing an independent, free-standing world. The problem was how to get the “I” and the world together, how to bridge the gap that separated them ever since the older picture of a universe everywhere filled with the meanings God originates and guarantees had ceased to be compelling to many.

The solution to the problem in the rationalist tradition was to extend man’s reasoning powers in order to produce finer and finer descriptions of the natural world, descriptions whose precision could be enhanced by technological innovations (telescopes, microscopes, atom smashers, computers) that were themselves extensions of man’s rational capacities. The vision was one of a steady progress with the final result to be a complete and accurate — down to the last detail — account of natural processes. Francis Bacon, often thought of as the originator of the project , believed in the early 17th century that it could be done in six generations.

It was Bacon who saw early on that the danger to the project was located in its middle term — the descriptions and experiments that were to be a window on the reality they were trying to capture. The trouble, Bacon explained, is that everything, even the framing of experiments, begins with language, with words; and words have a fatal tendency to substitute themselves for the facts they are supposed merely to report or reflect. While men “believe that their reason governs words,” in fact “words react on the understanding”; that is, they shape rather than serve rationality. Even precise definitions, Bacon lamented, don’t help because “the definitions themselves consist of words, and those words beget others” and as the sequence of hypotheses and calculations extends itself, the investigator is carried not closer to but ever further way from the independent object he had set out to apprehend.

In Bacon’s mind the danger of words going off on their own unconstrained-by-the-world way was but one example of the deficiencies we have inherited from the sin of Adam and Eve. In men’s love of their own words (and therefore of themselves), he saw the effects “of that venom which the serpent infused…and which makes the mind of man to swell.” As an antidote he proposed his famous method of induction which mandates very slow, small, experimental steps; no proposition is to be accepted until it has survived the test of negative examples brought in to invalidate it.

In this way, Bacon hopes, the “entire work of the understanding” will be “commenced afresh” and with better prospects of success because the mind will be “not left to take its own course, but guided at every step, and the business done as if by machinery.” The mind will be protected from its own inclination to err and “swell,” and the tools the mind inevitably employs, the tools of representation — words, propositions, predications, measures, symbols (including the symbols of mathematics) — will be reined in and made serviceable to and subservient to a prior realm of unmediated fact.

To this hope, French theory (and much thought that precedes it) says “forget about it”; not because no methodological cautions could be sufficient to the task, but because the distinctions that define the task — the “I,” the world, and the forms of description or signification that will be used to join them — are not independent of one another in a way that would make the task conceivable, never mind doable.

Instead (and this is the killer), both the “I” or the knower, and the world that is to be known, are themselves not themselves, but the unstable products of mediation, of the very discursive, linguistic forms that in the rationalist tradition are regarded as merely secondary and instrumental. The “I” or subject, rather than being the free-standing originator and master of its own thoughts and perceptions, is a space traversed and constituted — given a transitory, ever-shifting shape — by ideas, vocabularies, schemes, models, distinctions that precede it, fill it and give it (textual) being.

The Cartesian trick of starting from the beginning and thinking things down to the ground can’t be managed because the engine of thought, consciousness itself, is inscribed (written) by discursive forms which “it” (in quotation marks because consciousness absent inscription is empty and therefore non-existent) did not originate and cannot step to the side of no matter how minimalist it goes. In short (and this is the kind of formulation that drives the enemies of French theory crazy), what we think with thinks us.

It also thinks the world. This is not say that the world apart from the devices of human conception and perception doesn’t exist “out there”; just that what we know of that world follows from what we can say about it rather than from any unmediated encounter with it in and of itself. This is what Thomas Kuhn meant in The Structure of Scientific Revolutions when he said that after a paradigm shift — after one scientific vocabulary, with its attendant experimental and evidentiary apparatus, has replaced another — scientists are living in a different world; which again is not to say (what it would be silly to say) that the world has been altered by our descriptions of it; just that only through our descriptive machineries do we have access to something called the world.

This may sound impossibly counterintuitive and annoyingly new-fangled, but it is nothing more or less than what Thomas Hobbes said 300 years before deconstruction was a thought in the mind of Derrida or Heidegger: “True and false are attributes of speech, not of things.” That is, judgments of truth or falsehood are made relative to the forms of predication that have been established in public/institutional discourse. When we pronounce a judgment — this is true or that is false — the authorization for that judgment comes from those forms (Hobbes calls them “settled significations”) and not from the world speaking for itself. We know, Hobbes continues, not “absolutely” but “conditionally”; our knowledge issues not from the “consequence of one thing to another” but from the consequence of one name to another.

Three centuries later, Richard Rorty made exactly the same point when he declared, “where there are no sentences, there is no truth … the world is out there, but descriptions of the world are not.” Descriptions of the world are made by us, and we, in turn, are made by the categories of description that are the content of our perception. These are not categories we choose — were they not already installed there would be nothing that could do the choosing; it would make more sense (but not perfect sense ) to say that they have chosen or colonized us. Both the “I” and the world it would know are functions of language. Or in Derrida’s famous and often vilified words: There is nothing outside the text. (More accurately, there is no outside-the-text.)

Obviously the rationalist Enlightenment agenda does not survive this deconstructive analysis intact, which doesn’t mean that it must be discarded (the claim to be able to discard it from a position superior to it merely replicates it) or that it doesn’t yield results (I am writing on one of them); only that the progressive program it is thought to underwrite and implement — the program of drawing closer and closer to a truth independent of our discursive practices, a truth that, if we are slow and patient in the Baconian manner, will reveal itself and come out from behind the representational curtain — is not, according to this way of thinking, realizable.

That’s a loss, but it’s not a loss of anything in particular. It doesn’t take anything away from us. We can still do all the things we have always done; we can still say that some things are true and others false, and believe it; we can still use words like better and worse and offer justifications for doing so. All we lose (if we have been persuaded by the deconstructive critique, that is) is a certain rationalist faith that there will someday be a final word, a last description that takes the accurate measure of everything. All that will have happened is that one account of what we know and how we know it — one epistemology — has been replaced by another, which means only that in the unlikely event you are asked “What’s your epistemology?” you’ll give a different answer than you would have given before. The world, and you, will go on pretty much in the same old way.

This is not the conclusion that would be reached either by French theory’s detractors or by those American academics who embraced it. For both what was important about French theory in America was its political implications, and one of Cusset’s main contentions — and here I completely agree with him — is that it doesn’t have any. When a deconstructive analysis interrogates an apparent unity — a poem, a manifesto, a sermon, a procedure, an agenda — and discovers, as it always will, that its surface coherence is achieved by the suppression of questions it must not ask if it is to maintain the fiction of its self-identity, the result is not the discovery of an anomaly, of a deviance from a norm that can be banished or corrected; for no structure built by man (which means no structure) could be otherwise.

If “presences” — perspicuous and freestanding entities — are made by discursive forms that are inevitably angled and partial, the announcement that any one of them rests on exclusions it (necessarily) occludes cannot be the announcement of lack or error. No normative conclusion — this is bad, this must be overthrown — can legitimately be drawn from the fact that something is discovered to be socially constructed; for by the logic of deconstructive thought everything is; which doesn’t mean that a social construction cannot be criticized, only that it cannot be criticized for being one.

Criticizing something because it is socially constructed (and thus making the political turn) is what Judith Butler and Joan Scott are in danger of doing when they explain that deconstruction “is not strictly speaking a position, but rather a critical interrogation of the exclusionary operations by which ‘positions’ are established.” But those “exclusionary operations” could be held culpable only if they were out of the ordinary, if waiting around the next corner of analysis was a position that was genuinely inclusive. Deconstruction tells us (we don’t have to believe it) that there is no such position. Deconstruction’s technique of always going deeper has no natural stopping place, leads to no truth or falsehood that could then become the basis of a program of reform. Only by arresting the questioning and freeze-framing what Derrida called the endless play of signifiers can one make deconstruction into a political engine, at which point it is no longer deconstruction, but just another position awaiting deconstruction.

Cusset drives the lesson home: “Deconstruction thus contains within itself…an endless metatheoretical regression that can no longer be brought to a stop by any practical decision or effective political engagement. In order to use it as a basis for subversion…the American solution was..to divert it…to split it off from itself.” American academics “forced deconstruction against itself to produce a political ’supplement’ and in so doing substituted for “Derrida’s patient philological deconstruction” a “bellicose drama.”

That drama features deconstruction either as a positive weapon or as an object of attack, but the springs of the drama are elsewhere (in the ordinary, not theoretical, world of economic/social interest) because deconstruction neither mandates nor authorizes any course of action. Participants in the drama invoke deconstruction as a justification for reform or as the cause of evil; but the relationship between what is either celebrated or deplored will be rhetorical, not logical. That is, deconstruction cannot possibly be made either the generator of a politics you like or the cause of a politics you abhor. It just can’t be done without betraying it.

But, Cusset observes, “Americans do not take kindly to things being impossible,” and even though the “very logic of French theoretical texts prohibits certain uses of them,” they have not refrained from “taking a criticism of all methods of putting texts to work and trying to put them to work.” The result is the story Cusset tells about the past 40 years. A bunch of people threatening all kinds of subversion by means that couldn’t possibly produce it, and a bunch on the other side taking them at their word and waging cultural war. Not comedy, not tragedy, more like farce, but farce with consequences. Careers made and ruined, departments torn apart, writing programs turned into sensitivity seminars, political witch hunts, public opprobrium, ignorant media attacks, the whole ball of wax. Read it and laugh or read it and weep. I can hardly wait for the movie.