mardi 5 août 2008

Siné signe et persiste

Albert Herszkowicz ______________________________
Résponsable de l'association Mémorial 98 - http://memorial98.over-blog.com


Un violent débat secoue Charlie-Hebdo et la presse en général à propos d’une chronique de Siné parue le 2 juillet dernier et dans laquelle il écrit :  « … Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il (JS) vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »



Chacun peut se faire sa propre opinion en lisant ces lignes. Pour notre part il n’est nul besoin de faire appel à l’exégèse pour noter les poncifs antisémites les plus éculés mais aussi les plus toxiques contenus dans la juxtaposition des termes choisis par Siné. Selon lui, Jean Sarkozy "ira loin" car il s'acoquine avec les riches juifs. Siné se défend en déclarant : « Si Jean Sarkozy se convertissait à l'islam pour épouser la fille d'un émir ou à l'hindouisme pour épouser une fille de maharadja, je l'aurais écrit aussi… »

On aura connu des défenses plus crédibles.
Sans fouiller les biographies ni sonder les âmes,il faut néanmoins rappeler que  Siné est  un récidiviste de l’antisémitisme.
Le summum de son expression publique dans ce registre a été atteint lors de la campagne européenne de juin 2004. Il soutenait à l’époque la liste Euro-Palestine (dont il faut préciser qu’elle fût dénoncée par Leïla  Chaid, alors déléguée générale de Palestine en France). Lors du meeting central de cette liste au Palais des Sports de Paris, le 8 juin 2004, un duo composé de Siné et Alain Soral s’est livré à un exercice bien connu des rassemblements d’extrême-droite : ils ont, de la tribune,  fait siffler et huer par le public  des personnalités en jetant leur patronyme juif en pâture.
Le site officiel de la liste Euro-Palestine rend ainsi compte de cet épisode :
« … Siné et Alain Soral se sont livré avec la salle à un petit jeu de devinettes, consistant à trouver les auteurs d’un certains nombre de phrases incroyables mais vraies, sorties de la bouche de divers supporters de Sharon, mais aussi de politiciens français… »


Alain Soral était déjà à ce moment réputé pour son antisémitisme forcené et revendiqué; il l'a depuis officialisé en adhérant officiellement au Front National et en devenant un de ses  dirigeants. C’est même l’un des seuls à défendre la récente déclaration de Le Pen renouvelant son affirmation sur le « détail » de la deuxième guerre mondiale. Mais comment Siné pouvait-il se livrer à un tel exercice et en telle compagnie ?
Sa chronique de Charlie n’est malheureusement ni un glissement de plume ni une manifestation d’humour douteux, mais la continuité d’un antisémitisme ancien et endurci.
Ceux qui pensent pouvoir combattre Sarkozy en glissant sur le registre de la xénophobie ("Sarkozy le Hongrois") ou de l'antisémitisme à la Siné, démontrent
qu'ils se placent, volontairement ou involontairement, sur le même terrain que celui qu'ils prétendent dénoncer. Ainsi Le Pen, dépouillé de son électorat par Sarkozy et bien en peine de dénoncer le recours à l'Identité nationale et aux expulsions massives de sans-papiers a choisi de l'attaquer sur ses "trois grands-parents étrangers", formule codée faisant référence au statut d'exclusion des juifs instauré sous le régime de Vichy.


Pour notre part nous poursuivons le combat contre la xénophobie d'Etat, l'Europe-forteresse et les quotas d'expulsions, mais aussi contre toutes les postures douteuses qui ont  déjà entraîné des pans de la gauche française vers de terribles dérives.

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