Bat Ye'Or - "Pourquoi l'Europe est en danger"
Contre la dhimmitude, contre Eurabia, une interview de Bat Ye'Or, co-publiée sur Riposte laïque
Radu Stoenescu : Pour le public français qui ne vous connaîtrait pas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bat Ye'Or : Je suis une réfugiée juive d'un pays arabe, l'Egypte. Mon père était italien, ma mère française, sa famille a porté l'étoile jaune en France durant l'Occupation. Après les lois fascistes italiennes, mes parents ont demandé la nationalité égyptienne qui fut créée en 1924 avec l'abolition de l'empire ottoman. Je fais partie de ce million de juifs qui ont dû quitter les pays arabes après une série de pogroms et de tueries, dépouillés de leur nationalité et de tous leurs biens. Je suis partie avec ma famille emportant deux valises par personne. Seuls des vêtements étaient autorisés - ils furent publiquement déchirés avant notre départ par des employés à l'aéroport - tout argent et bijou étaient interdits. Déchus de notre nationalité égyptienne, nous avons dû signer un document certifiant que nous renoncions à tous nos biens en Egypte et que nous n'y retournerions jamais. Nous devînmes apatrides et partîmes avec un laissez-passer Nansen délivré par le consulat suisse au Caire. Personne n'a voulu raconter ces événements, excepté les personnes qui en ont souffert, mais les média et les hommes politiques n'ont jamais évoqué les épreuves, bien plus tragiques que celles des Palestiniens, des réfugiés juifs des pays arabes. Les Juifs, en effet, ont subi un régime de terreur dès la seconde guerre mondiale, causé par l'alliance des populations arabes, notamment en Palestine, avec les régimes fascistes et nazis.
L'exode juif fut suivi d'un exode chrétien, qui fut provoqué par un régime de discriminations et de meurtres, comme on le voit encore dans certains pays musulmans, Soudan, Irak, Egypte. Désormais, après le nettoyage ethnique des juifs, il reste les chrétiens. Je suis le résultat de tout cela, mais je suis également un écrivain, un chercheur, qui a écrit sur la condition des juifs et des chrétiens selon la loi du Jihad et de la Charia dans la civilisation islamique : comment ces lois ont évolué, ce qu'elles ont représenté pour l'ensemble des populations juives et chrétiennes soumises à ce statut particulier que j'ai appelé la dhimmitude.
RS : Depuis combien d'années travaillez-vous sur ces sujets ?
BY : J'ai commencé des études d'archéologie à Londres, que j'ai dû interrompre. Mon mari, historien de formation, m'a beaucoup aidé. Je travaille sur ces sujets depuis une trentaine d'années. Mais il est difficile de faire des recherches, parce que la dhimmitude est un nouveau concept, et parce qu'il s'oppose à la politique suivie par les gouvernements européens depuis 1973.
RS : Vous êtes connue justement pour avoir popularisé ce terme de la dhimmitude. Pouvez-vous en donner une définition succincte ?
BY : J'ai étudié la situation des juifs et des chrétiens parce qu'elle est identique et mentionnée dans d'innombrables documents des pays méditerranéens islamisés. Mais la dhimmitude embrasse en fait l'ensemble des populations d'Asie : zoroastriens, bouddhistes, hindous. La dhimmitude résulte du Jihad et partout où il y a Jihad il y a dhimmitude. La dhimmitude représente la civilisation des populations non musulmanes conquises par le Jihad, guerre impérialiste d'islamisation de leur territoire. Le Jihad donnait aux vaincus le choix entre la conversion, la soumission ou l'esclavage, ou la mort. Les populations qui se soumirent subirent un statut discriminatoire qui tolérait les non musulmans, mais les rejetait dans une condition d'infériorité et d'avilissement dans tous les domaines. Quant aux païens, ils devaient généralement choisir entre l'islam et la mort.
RS : Comme en Inde ?
BY : C'est cela, mais il y eut quand même des arrangements avec les hindous, puisque tous ne furent pas massacrés. La dhimmitude est prescrite par la Charia - les lois de la dhimmitude sont liées au Jihad, c'est-à-dire à la conquête islamique des territoires non musulmans. C'est cette conquête qui détermine le statut de ces populations. Les juifs et les chrétiens partagent exactement le même statut, mais les autres populations comme les zoroastriens ou les hindous ont un statut différent et inférieur à celui des chrétiens.
RS : On a entendu dire, par Tariq Ramadan par exemple, que la Charia serait une « voie spirituelle ». Est-ce que vous pourriez nous en dire plus sur la nature de la Charia ?
BY : La Charia représente une voie spirituelle pour les musulmans, ça fait partie de leur façon d'être, de penser, de se comporter et de gouverner. C'est le pilier de leur civilisation parce qu'elle instaure un ordre à la fois juridique et religieux. La Charia indique aussi aux musulmans comment vivre conformément à l'enseignement du Coran et du Prophète, ainsi que le comportement qu'un bon musulman doit adopter envers le non musulman. Naturellement, on ne peut généraliser, et en Occident nombre de musulmans refusent de s'y conformer. Beaucoup d'ailleurs ne la connaissent pas, c'est un sujet spécialisé réservé aux juristes et aux théologiens.
RS : Quel est le statut de la Charia par rapport au droit positif, par rapport à une loi politique ?
BY : La Charia est définie par la religion. Elle édicte les règlements donnés par le Coran et la Sunna, la tradition vivante des paroles et des actes attribués à Mahomet. En islam, il n'y a pas de distinction entre politique, loi civile et religion. La juridiction est liée à la religion. Par exemple en Egypte et dans les autres pays musulmans les lois doivent être conformes à la Charia, c'est-à-dire aux prescriptions du Coran et de la Sunna. Il en est de même des droits de l'homme, d'où la nécessité de promulguer la Charte musulmane des droits de l'homme car la Déclaration universelle des droits de l'homme n'est pas conforme à la Charia fondée sur ces deux sources islamiques, Coran et Sunna. Nous avons ainsi deux types distincts de règlements concernant les droits de l'homme.
RS : Est-ce que l'on peut dire avec Thomas Hobbes que la Charia est un « droit positif révélé » ?
BY : On peut dire que la Charia est une droit révélé, dans la mesure où le Coran est une révélation dont chaque mot est attribué à Allah, à la divinité, ce qui n'est pas du tout conforme à l'interprétation de la Bible par les juifs et les chrétiens, qui ne considèrent pas que chaque mot de la Bible est la parole littérale et incréée de Dieu. La Bible est conçue comme un compendium écrit par différents auteurs, à différentes époques, composé de différents livres : historiques, juridiques, prophétiques, liturgiques, poétiques avec des psaumes et des proverbes, et dont l'enseignement, résultant de l'exégèse des textes, peut s'adapter à différentes époques. La conception de la prophétie est d'ailleurs totalement différente dans la Bible et dans le Coran.
RS : Est-ce que l'on peut identifier ce corpus, la Charia, comme on peut par exemple identifier le Code civil napoléonien ?
BY : Oui, on peut identifier le corpus de la jurisprudence islamique (fiqh ou droit musulman) Les différentes interprétations de la Charia comprennent les quatre écoles sunnites de droit et la cinquième école qui est chiite. Il n'y a pas de grandes différences entre ces écoles qui se réfèrent aux mêmes sources : Coran et Sunna. Je me permets de vous signaler l'excellent livre de Anne-Marie Delcambre, Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l'Islam ? (Editeur Desclée de Brouwer, 2007) qui explique parfaitement les fondements de la Charia et ses interprétations modernes.
RS : Est-ce que l'on pourrait dire que le droit musulman, le fiqh, correspond au droit canon dans l'Eglise catholique ?
BY : Non, c'est très différent. Le droit canon est fondé sur les écrits des Pères de l'Eglise et les décisions des conciles, or les Pères de l'Eglise ne sont pas considérés comme des personnes ayant reçu une Parole divine infaillible, comme Mahomet. On peut critiquer les Pères de l'Eglise, on peut critiquer Saint Ambroise, on peut critiquer Saint Jérôme, on peut rejeter les décisions des conciles sur la base d'arguments rationnels. Il en est de même du Talmud, corpus des exégèses de rabbins dont l'autorité normative ne provient pas d'une origine divine infaillible, mais comporte l'élément de doutes et d'erreurs, inséparable de la nature humaine. Ce relativisme permet d'assouplir, d'adapter et de renouveler le dogme. Le droit canon a influencé le droit byzantin hérité de Rome, mais il ne l'a pas créé comme la Charia a créé la jurisprudence islamique. Il y a toujours eu un conflit avec l'Eglise qui cherchait bien sûr à influencer le pouvoir politique, mais le pouvoir politique maintenait son autonomie par rapport à l'Eglise. Par contre la Charia institue un droit fondé sur des paroles révélées et incréées qui ne prêtent pas à discussion, et chargées d'une valeur normative exécutoire et obligatoire. Ce sont ces différences dans les conceptions mêmes des révélations biblique et coranique qui ont déterminé les évolutions si différentes, voire opposées, de leur civilisation. Sans parler des contenus fort différents des textes sacrés.
RS : Que pensez-vous du foulard islamique, du voile des femmes ?
BY : Moi, si j'étais une jeune fille et si je vivais dans un pays musulman, je me couvrirais du voile de la tête aux pieds ne serait-ce que pour me protéger de l'agression masculine. Parce que toute jeune fille, un peu jolie, un peu attirante, est soumise à un tel harcèlement sexuel à chaque moment de son existence dès qu'elle franchit le seuil de sa maison, qu'une vie normale est absolument impossible. On devient obsédée par le harcèlement sexuel que l'on supporte, par les attouchements continuels d'inconnus qui vous bousculent, qui vous touchent, dans les lieux publics, dans les cinémas, dans la rue, surtout dans les transports publics où les gens sont serrés comme des sardines en boîte. Je me place sur le plan pratique de la femme qui veut se protéger de l'agression des mâles.
RS : Quelles sont les raisons de ce harcèlement sexuel dans les pays arabo-musulmans ?
BY : J'ignore pourquoi les hommes dans les pays musulmans sont aussi agressifs envers les femmes. Serait-ce le climat, serait-ce la nourriture ? Ce sont des comportements que l'on retrouve à divers degrés dans les pays du Sud. En Europe, le voile ne se justifie pas, sauf si l'on veut suivre absolument les préceptes de la Charia, car en Europe, ce harcèlement sexuel n'existe pas. Je trouve que le voile ne devrait pas être autorisé dans les lieux publics et surtout pas sur les pièces d'identité. On doit pouvoir montrer son visage, car on ne sait pas qui se cache derrière le voile, ce pourrait être un criminel ou un terroriste.
RS : Que pensez-vous de la loi française interdisant le voile à l'école ?
BY : La France est une République laïque, donc l'interdiction du voile à l'école est justifiée. Le voile est une forme de propagande qui devrait être interdite auprès d'enfants à l'école. Je pense aussi que les immigrés musulmans ont choisi d'immigrer en Europe, et que par conséquent il est de leur devoir de respecter les lois des pays d'accueil et non pas d'imposer leurs propres lois.
RS : Est-ce que vous pensez que la laïcité est en danger en Europe ?
BY : Oui, c'est certain. Avec le multiculturalisme, c'est-à-dire avec l'acceptation des lois islamiques et des codes de comportement islamiques dans l'espace européen, on accepte un principe qui est totalement opposé à la laïcité, puisque la laïcité n'existe pas dans l'islam, pour l'instant, même si la Turquie a essayé de le faire. C'est même totalement interdit par la Charia : en islam, la politique doit être au service de la religion, afin d'étendre la domination de l'islam. Et cela, c'est Ibn Khaldun qui l'a énoncé, un grand juriste et érudit musulman du 14ème siècle.
RS : Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par Eurabia, un autre concept dont vous êtes l'inventrice, et qui fait pendant à celui de dhimmitude ?
BY : Eurabia, c'est la nouvelle culture européenne forgée par l'alliance des dirigeants européens avec les pays de la Ligue Arabe, visant à créer une société multiculturelle méditerranéenne dans laquelle l'islam et le christianisme vivraient en osmose. Cette union de tant de pays constituerait un pôle stratégique qui contesterait la puissance américaine et, bien sûr, supprimerait Israël, car les Arabes exigeaient comme condition essentielle à cette alliance euro-arabe, le soutien européen à Arafat et à l'OLP, et la destruction de l'Etat d'Israël. Eurabia a engendré cette culture de haine anti-israélienne qui, au plan théologique, s'efforce de supprimer les sources juives du christianisme pour en faire une religion sui generis comme à l'époque nazie, car le nazisme aussi voulait déjudaïser l'Eglise. Ce déni des origines conduit au reniement de soi et génère une confusion des valeurs, inexistantes aux Etats-Unis. Cette évolution étant centrée sur la Palestine, puisque l'alliance euro-arabe s'est scellée sur la solidarité européenne avec les Palestiniens et la légitimation de leur guerre contre Israël, on peut définir Eurabia comme la palestinisation de l'Europe. Du reste, la jeunesse européenne arbore fièrement les keffiehs des terroristes palestiniens, symbole du jihad qui la détruira.
RS : En quelque sorte, l'anti-sionisme est devenu l'appellation politiquement correcte de l'antisémitisme ?
BY : Exactement. Ceci a conduit l'Europe à renier ses racines juives, à élaborer une conception palestinienne de la non judéité de Jésus (opinion maintenant majoritaire dans les Eglises), donc à se séparer de ses fondements bibliques, ce qui rend le christianisme plus vulnérable à son enracinement dans le Coran. D'où le développement du gnosticisme, du marcionisme, théories contraires à la doctrine de l'Eglise mais professées et diffusées en Occident par les Eglises palestiniennes dhimmies. Dans cette fusion islamo-chrétienne sur le cadavre d'Israël, croissent les germes de destruction de l'Europe et du christianisme, et c'est ce à quoi nous assistons en ce moment.
RS : Que pensez-vous justement de l'Union européenne ?
BY : L'Union Européenne s'efforce tout d'abord d'affaiblir les états-nations, de supprimer les identités nationales afin de construire une union transnationale forte pourvue d'une seule politique commune extérieure qui pourrait parler à égalité avec les grands : l'Amérique, la Russie, la Chine. L'on assiste maintenant à la lutte de l'UE contre les nationalismes locaux, contre les identités culturelles considérées comme des obstacles politiques à l'unification et au multiculturalisme, c'est-à-dire à cette société méditerranéenne islamo-chrétienne. L'Union Européenne cherche également à renforcer les organismes internationaux considérés comme les futurs piliers d'une gouvernance mondiale destinée à diriger l'humanité dans la paix. Dans ce but, elle a développé des réseaux liés à ces organisations telles que l'ONU, l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), la Ligue Arabe, la Ligue Musulmane parmi d'autres. Or les organisations internationales comme les Nations Unies par exemple, sont fortement influencées par l'OCI qui regroupe 57 états musulmans. L'Europe est donc à son insu dominée par la politique de l'OCI qui influence ses réseaux, comme par exemple l'Alliance des Civilisations qui adhère à une vision islamique de l'histoire et des conflits, et préconise des solutions conformes au point de vue musulman. Certaines sont déjà appliquées à l'insu des européens comme les restrictions à la liberté d'expression, l'adoption d'un lexique respectueux des sensibilités musulmanes, l'acceptation de tribunaux charia, les accusations d'islamophobie et le laxisme en matière d'immigration. En fait, l'Europe a créé toutes les conditions nécessaires pour l'émergence d'un Califat mondial en travaillant à créer les instruments d'une gouvernance internationale d'où les conceptions occidentales seront éliminées.
RS : Est-ce qu'il existe pour vous une différence entre islam et islamisme ?
BY : Non, pas vraiment. Il y a certes des musulmans non violents, mais il est admis que tous les musulmans n'ont pas besoin d'aller à la guerre et qu'ils peuvent y contribuer avec de l'argent ou la propagande. Et c'est ce que l'on voit chez de nombreux musulmans d'Europe qui envoient beaucoup d'argent aux mouvements jihadistes. Mais il y a aussi des musulmans qui ont une conception moderniste et hétérodoxe de leur religion et qui adhèrent aux idées modernes et aux valeurs occidentales et qui sont parfaitement intégrés dans la société. On ne doit pas minimiser cette tranche importante de la population qui vit coincée entre les menaces des islamistes et la méfiance des Occidentaux.
RS : Que pensez vous que nous pourrions faire pour arrêter l'islamisation de l'Europe ?
BY : Il faut d'abord prendre conscience de ce problème, puis il faut vouloir s'y opposer, ce que tout le monde ne souhaite pas, car bien des personnes désirent cette islamisation. Si ce n'était pas une politique voulue, elle ne se serait pas réalisée.
RS : Quelles sont les mesures politiques qu'il faudrait prendre ?
BY : Il faudrait tout d'abord arrêter l'immigration, et pas seulement pour préserver nos libertés, mais aussi pour des raisons économiques, car nous allons vers une récession et que nos sociétés ne peuvent fournir du travail à des masses de migrants. Ensuite, il faudrait demander aux européens s'ils considèrent que leur pays est un territoire ouvert à la colonisation. Si ce n'est pas le cas, il faut mettre un frein à l'immigration et exiger l'intégration. Ensuite, il faudrait leur demander s'ils veulent maintenir l'Etat de droit, la démocratie, le droit à la sécurité de la personne et aux libertés constitutionnelles aujourd'hui bafouées par le terrorisme et les fatwa, qui menacent aussi les musulmans. Puisqu'on est encore en démocratie, les réponses détermineront les politiques dans le respect du droit humanitaire.
RS : Si je vous comprends bien, ce qu'il faudrait faire, c'est arrêter l'immigration et prendre des mesures fortes pour valoriser l'identité européenne ?
BY : La valorisation de l'identité européenne est un autre élément. La perception de cette identité est confuse, nos leaders affirment que l'islam fait partie de notre identité et que notre culture provient de l'islam. On ne peut lutter contre l'islamisation si nous sommes déjà nous-mêmes spirituellement musulmans. On ne peut se valoriser si l'on ignore qui l'on est. Dans la dhimmitude on ne valorise que l'islam, pas le dhimmi qui est toujours inférieur. Si comme l'affirment nos leaders, notre culture, nos arts, notre science et notre civilisation viennent de l'islam, il n'y a plus rien à valoriser.
La culpabilisation des Européens s'intègre dans les relations de dhimmitude, c'est-à-dire d'infériorité, que l'Europe a accepté d'établir avec les pays musulmans. L'UE a lancé une campagne culpabilisant les Européens, parce que les 57 pays de l'OCI ont réclamé que l'islamophobie soit combattue par des mesures légales, tant au niveau local qu'au niveau international, c'est-à-dire au niveau de l'ONU, et que la persistance de l'islamophobie pourrait avoir sur le plan de la sécurité de graves conséquences. C'est pourquoi les gouvernements de l'Union européenne ont décidé que nous étions islamophobes, que les mouvements nationalistes ou d'identité culturelle étaient racistes, xénophobes, etc. Ils ont adopté une politique visant à nous guérir de « notre racisme » et l'on voit des spots à la télévision dans ce sens.
RS : Quelles sont les menaces que les pays de l'OCI font planer sur l'Europe pour que celle-ci fasse cette campagne de culpabilisation à l'islamophobie ?
BY : Les pays de l'OCI n'enverront pas d'armées, mais les réactions de violence causées par les fameuses caricatures, et les attentats terroristes à Londres, à Madrid, en Hollande, témoignent des possibilités de représailles. En Angleterre, on vient d'arrêter des terroristes opposés à la publication d'un livre sur l'une des épouses de Mahomet. Je reconnais que certains écrits sont irrévérencieux, blessant pour un croyant, mais la satire et la critique constituent un élément essentiel de la culture européenne. On ne sait comment maîtriser le terrorisme, puisqu'on assiste à un terrorisme européen local, issu de la deuxième génération. Subissant la menace terroriste, on est bien obligé de s'en protéger par des mesures de sécurité anti-terroristes. Or les pays de l'OCI considèrent ces mesures de sécurité anti-terroristes comme une agression contre les droits de l'homme musulman. Ils demandent à nos gouvernements de suspendre ou d'alléger ces mesures, de ne plus surveiller les mosquées et le contenu de leur enseignement et des prêches, et de supprimer les restrictions concernant l'asile et l'immigration. Ils considèrent que les restrictions à l'immigration, les demandes d'intégration, le refus du multiculturalisme et les mouvements européens d'identité nationale et culturelle sont islamophobes.
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